Courtoisie : Mange-Tout

Mange ton école : apprendre en jardinant

Par Simon Cordeau

Aménager des jardins nourriciers dans les écoles primaires des Laurentides : voilà l’objectif de Mange ton école, un programme mis sur pied par Stéphanie Vezeau, fondatrice de l’entreprise Mange-Tout à Saint-Hippolyte, et de son partenaire dans le projet, Adam Beaucage, qui réside à Morin-Heights.

Après une campagne de sociofinancement sur La Ruche, qui a permis de récolter près de 80 000 $, l’école Mer-et-Monde à Mirabel accueillera le premier de ces jardins, explique Adam. « On a l’appui du maire, de la direction de l’école, des enseignants… Il y a beaucoup de monde impliqué. […] Si on est capable de faire une école par année, voire plus si on a les fonds, tant mieux. C’est notre vision à long terme. »

Un bout de nature en ville

Stéphanie Vezeau est la fondatrice de Mange-Tout, à Saint-Hippolyte. Courtoisie

Les aménagements paysagers comestibles, composés d’arbres fruitiers, de vivaces indigènes et de bacs potagers, formeront ainsi un espace éducatif extérieur. Stéphanie, qui fait de la suppléance dans les écoles comme deuxième emploi l’hiver, a constaté que les cours d’école sont souvent asphaltées et qu’il n’y a pas d’espace pour mettre les mains dans la terre ou jouer dans le bois. « Si on est capable d’intégrer un petit bout de nature en ville, on aura réussi », illustre Adam.

Du printemps à l’automne, les élèves apprendront donc à semer, à prendre soin du vivant et à récolter. L’hiver, le programme sera complété avec des capsules éducatives. « Comme suppléante, je devais adapter la matière à chaque niveau. Donc je fais aussi des liens avec le programme du ministère [de l’Éducation] », indique Stéphanie.

Les impacts positifs du jardinage sur notre santé environnementale et physique sont multiples. Il permet de s’adapter aux changements climatiques, de savoir d’où vient notre nourriture, et de consommer local, explique Adam. Et les bienfaits sur la santé mentale ne sont pas à négliger non plus. « Nous, on est des jardiniers. On fait ce métier-là parce qu’on aime mettre les mains dans la terre et que ça nous fait du bien », partage Adam.

Celui qui est père d’une fille de 5 ans et demi et d’un bébé d’un mois témoigne de l’impact que le jardinage peut avoir sur les enfants. « On fait notre jardin chaque année. On a aussi un poulailler, un toit vert et une serre. Je vois comment ça fait du bien à ma fille, de mettre les mains dans la terre. Ça la calme. »

Une communauté jardinière

Adam Beaucage, résident de Morin-Heights, voit beaucoup d’avantages à jardiner avec les enfants. Courtoisie

Pour fonctionner, cependant, Mange ton école doit être un vrai programme « clé en main », souligne Stéphanie. « J’ai pensé à la réalité du milieu scolaire. Il n’y a pas beaucoup de budget, et pas beaucoup de temps non plus. Je voulais donc créer quelque chose qui dure dans le temps », souligne Stéphanie.

Surtout, il faut du travail bénévole durant l’été pour entretenir le jardin. Ainsi, en plus des enseignants et des élèves, il faut impliquer les parents, les camps de jour et même le quartier. « On veut éduquer les jeunes, mais aussi la communauté », illustre Adam. « Souvent, les enfants ne sont pas loin. On peut les garder impliqués, avec un groupe Facebook par exemple. On peut leur dire : « cette journée-là, on va planter tels légumes et faire l’entretien des arbres fruitiers. Ce sera aussi le temps de cueillir les bleuets. Venez participer ! » », illustre-t-il. « On veut mobiliser le reste du quartier », ajoute Stéphanie.

Les capsules éducatives permettront donc aux enfants et à la communauté de devenir autonomes à long terme. « Comme on utilise des plantes indigènes et les principes de la permaculture, l’entretien est minimal. On ne retravaille pas le sol à chaque année. Mais il faut quand même désherber et s’occuper du système d’irrigation. Nous, on va l’assurer durant les deux premières années », explique Adam.

À long terme, cependant, il ne serait pas réaliste que l’équipe de Mange-Tout s’occupe des jardins dans toutes les écoles. C’est pourquoi il est essentiel que les communautés s’approprient leur jardin, souhaitent les deux jardiniers.

Contribuer

Stéphanie et Adam se laissent jusqu’au temps des Fêtes pour bien démarrer et peaufiner leur programme à l’école Mer-et-Monde. Après, ils souhaitent répéter l’expérience dans d’autres écoles de la région, dès le printemps prochain. « On a écrit à toutes les écoles des Laurentides, de Sainte-Thérèse à Mont-Tremblant. Puis, on en a rencontré une cinquantaine cet hiver. Il y en a beaucoup d’intéressées, mais le problème, c’est qu’elles n’ont pas de budget », raconte Adam.

C’est pourquoi ils ont lancé une campagne de sociofinancement qui leur a permis de récolter près de 80 000 $, mais aussi d’aller chercher des fonds gouvernementaux. Cela démontre également aux écoles intéressées que le projet est possible, et qu’il y a de l’engouement. « Je me suis demandé : est-ce que les gens veulent vraiment un projet comme ça ? Parce que c’est pour eux, au final. Et il y a eu beaucoup de contributions et beaucoup de partages sur les médias sociaux. Donc la réponse est : oui, les gens veulent ça », illustre Stéphanie.

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