« "Ici par les arts", c'est notre maison »

Par Lpbw

SAINT-JÉRÔME. Mélissa Beauregard, Alexandre Lefebvre, deux jeunes pour lesquels la perte de l’organisme "Ici par les arts" serait insoutenable, et Martine Rochefort, infirmière et étudiante en sciences infirmières à l’Université du Québec en Outaouais lancent d’une seule voix un cri du cœur : perdre "Ici par les arts" serait une catastrophe pour la communauté.

Afin de trouver des pistes de solutions, des usagers de l’organisme, accompagnés de Martine Rochefort, ont, dans un premier élan, rédigé un questionnaire sur la pertinence, ou non, de l’organisme. En tout 22 participants ont répondu sur 25 copies déposées.

Une catastrophe

Victime de coupures du gouvernement, l’organisme a déjà fait de multiples tentatives pour s’autofinancer. Or il se retrouve devant l’évidence que, sans l’aide de la communauté, de la municipalité ou du comté, il devra fermer ses portes. Lors de la dernière séance du conseil, Mélissa avait lu un texte touchant qui se terminait par « aidez-nous à trouver une solution afin de sauver notre maison ».

La municipalité de Saint-Jérôme propose vouloir reprendre le flambeau et offrir le même type d’organisation. Mais la question que se posent les usagers est : sous quelle forme ? Par exemple, est-ce qu’ils pourront faire des graffitis sur un mur de la bâtisse? En effet, "Ici par les arts" repose sur l’entraide, l’amitié, la créativité, l’écoute et non sur les interdits. Bien sûr il faut rester sobre et respecter un code de vie responsable.

Ce qui est certain, pour Melissa et Alexandre, c’est « quand quelqu’un qui se sent marginal, à l’écart de la société, vient ici, il se sent normal, il se sent bien et chez lui. »

"Ici par les arts" est un port d’attache. "Ici par les arts", c’est leur maison.

Pour en revenir au questionnaire, Mélissa souligne, par exemple, combien les comportements des usagers ont changé en venant à "Ici par les arts". « C’est un lieu unique. Si on se croisait dans la rue, ça ne serait pas pareil. Ici on se parle, on apprend à se découvrir. Par exemple, je sais que si je ne vais pas bien, j’appelle Alex. Et il est là, dans les deux secondes.»

« Je suis sortie de l’armée il y a deux ans, j’avais une mentalité basée sur l’amitié forte. J’avais aucun ami à mon retour et depuis que je suis ici, mon cercle d’amis est énorme. On est là les uns pour les autres », dit de son côté Alexandre.

Mélissa a ressenti son premier mouvement de panique lorsqu’elle a vu la pancarte à vendre. «Ça m’a déboussolée. Je me suis dit: il faut faire quelque chose!»

Les usagers tiennent à ce qu’"Ici par les arts" demeure. Ils pensent d’ailleurs faire plusieurs de collectes de fonds et recherchent des philanthropes.

Pour eux, il n’y a définitivement pas d’autres endroits où trouver un réseau social. Ils ressentent de la panique. « On a besoin de notre maison. On va se retrouver comme des itinérants, émotionnellement et psychiquement. "Ici par les arts", c’est essentiel  » dit encore Mélissa.

Pour les jeunes qui viennent ici, il n’est pas pensable de changer de lieu. « Nous y sommes attachés. C’est unique à Saint-Jérôme!»

Et même s’ils lancent un cri de détresse, ils sont déterminés. « On va aller chercher l’aide de la population. Il faut que les gens sachent qu’"Ici par les arts", c’est nous, les usagers !

La demande que je peux faire au Père Noël, cette année, c’est de m’aider à sauver ma maison », lance Mélissa avec émotion. Elle précise par ailleurs que ce ne sont pas uniquement les jeunes qui viennent ici. Tous les groupes d’âge y sont présents.

À la dernière question du questionnaire : Si "Ici par les arts" devait fermer les portes définitivement, quelles seraient les conséquences sur ta vie?

On peut lire cette réponse, implacable : « Retour dans la rue, hôpital, prison. »

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