C’est plus fort que moi
Par Mimi Legault
mimilego@cgocable.ca
Je m’étais pourtant bien juré de ne plus écrire sur la pandémie pour un bout de temps du moins. Je me disais que les gens devaient être écoeurés (c’est le terme, je n’en trouve pas d’autres) d’entendre parler de la COVID-19. Mais bon, c’est arrivé le lendemain que le gouvernement demandait aux gens de rester chez eux.
Un lundi matin, je suis allée visiter un ami proprio d’un bon resto. Il était attablé, le téléphone devant lui. Il avait l’air du chat qui venait de perdre sa proie. Écoute ça, me dit-il en me tendant l’enregistreuse de son cellulaire. C’était une conversation avec une dame de Montréal qui désirait faire une réservation pour le samedi suivant. Une p’tite gang, seulement 25 personnes. Jean (prénom fictif) lui avait répondu qu’on était en pandémie au cas où elle l’aurait oublié. Montréal, 25 personnes… Il a refusé net. La dame Pitt-bull n’a pas lâché le morceau. Savez monsieur, c’est la fête de mon mari, mes enfants et nos amis seront tellement déçus…
On en est là. Ça chiale contre le gouvernement Legault qui décide de fermer les gyms, les bars, les restos. Quelqu’un dans la salle se souvient-il du temps du carême? Oui? Non? On demandait aux catholiques de choisir un sacrifice et de…Bon ça y est, on ne sait plus ce que le mot sacrifice signifie maintenant… Misère de misère. Quand ça va mal… Le carême est une période de 40 jours avant Pâques, temps de sacrifices et de pénitence. Et le sacrifice représente une sorte de privation volontaire. Il est là le problème.
En temps de pandémie, on nous demande de faire des sacrifices pour enrayer la COVID-19 au plus sacrant pour ne pas dire autre chose. Capiche? Mais l’Homme et l’Ado (certains en tous cas) ne sont pas prêts. Pas d’Halloween cette année? Mais qu’est-ce que je vais dire à petit nenfant chéri? Il va être tellement déçu… Plus de sport scolaire à l’école? Mais c’est é-pou-van-ta-ble!!! Mon ado sera tellement déçu!!! Je rappelle à cette catégorie de gens qu’une pandémie c’est temporaire. Il y aura une fin à tout cela!
La semaine dernière dans un texte de dernière heure, trois nouvelles : Des régions pourraient passer au rouge – La banquise de l’Arctique rétrécit encore, préviennent les chercheurs et la dernière nouvelle : cinq pistolets de James Bond volés! (avec point d’exclamation…) C’était écrit noir sur blanc. Voyez où se trouvent désormais nos valeurs.
On est présentement dans le caca jusqu’au cou; ce n’est pas en mettant du push push autour de nous que la merde disparaîtra. Faut juste se serrer les coudes et travailler tout le monde ensemble. Plus vite on le fera, plus rapidement, on retrouvera notre vie d’antan. Moi aussi, je m’ennuie de ma marmaille que je ne vois pas. Moi aussi, j’aimerais aller à mon resto favori. Moi aussi, j’aimerais bien passer un week-end dans Charlevoix avec mon amour. Et moi aussi, je me serre la ceinture.
Un médecin qui habitait la Suisse l’an dernier a paru tout surpris lorsqu’un lifeguard a sifflé autour de la piscine pour faire sortir les gens, un orage montait rapidement. C’est curieux, a-t-il fait remarquer, en Suisse, un coup de sifflet et trois minutes plus tard, tous seraient sortis. Mais non ici au Québec, l’un a dit : j’ai payé mon billet, je reste dans l’eau. L’autre a crié : c’est contre ma liberté. MA LIBARTÉ! J’ai des droits. On est comme ça. On se noie dans un verre d’eau. Bien boire, bien manger, se divertir et se reproduire. Le reste, qui mange d’la m…
Suis-je trop dure? Ceux qui ont ma cote d’amour présentement sont les enfants qui savent s’adapter aux changements. Mais, j’entends parfois des parents critiquer tellement que je me dis : c’est comme rien, ils vont projeter leur propre anxiété sur leur progéniture… Ce n’est pas facile, mais en même temps, nous ne sommes pas en temps de guerre. Des décisions difficiles sont prises. Mais gouverner, c’est mécontenter. Comme le sage Confucius a dit : on a deux vies. La deuxième commence quand on réalise qu’on n’en a qu’une.