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Lucie Mayer : l’artiste, la politicienne et la militante

Par Ève Ménard

« J’aime la vie, j’aime tout ce qui compose la vie et je déteste profondément tout ce qui nuit à la vie. Ça résume en une phrase qui je suis. »

C’est avec candeur et un sourire dans la voix que Lucie Mayer enchaîne les étapes qui façonnent son parcours professionnel et les épreuves qu’elle a eues à surmonter. Son émerveillement sans limite devant la vie et son souci de l’autre transcendent son vécu et les mots qu’elle utilise pour le décrire. De l’opéra, en passant par l’enseignement en Europe, jusqu’à l’implication politique et un retour sur les bancs d’école, celle qui habite Prévost depuis plus de vingt ans se confie sur ce qui l’anime.

Chanteuse d’opéra 

Lucie naît dans une famille de musiciens. Bébé, sa mère l’installe dans la chaise haute juste à côté du piano, pendant qu’elle joue du Bach une trentaine de minutes tous les après-midis. Bien qu’elle adore la musique, c’est aussi un peu malgré elle que Lucie choisit d’y faire carrière. Son père étant décédé lorsqu’elle avait 13 ans, elle grandit avec une mère monoparentale, dans un environnement modeste. « On ne vivait pas très riches », précise Lucie. Faute de moyens financiers, cette dernière élimine la médecine et le droit pour la suite de son éducation.

« J’aime la vie, j’aime tout ce qui compose la vie et je déteste profondément tout ce qui nuit à la vie. » -Lucie Mayer

Rapidement, elle reprend aussi la relève de sa mère qui enseigne la musique. Puis, elle complète un baccalauréat en Beaux-Arts à l’Université Concordia. Elle se spécialise en musique ancienne jusqu’à ce qu’en plein concert, elle se découvre un talent pour l’opéra. 

Sa carrière fleurit alors au Québec, d’abord comme choriste, ensuite comme choriste soliste et enfin, comme soliste. En parallèle, la chanteuse enseigne à 45 élèves. Les années se succèdent et son mode de vie effréné lui laisse peu de temps pour se ressourcer et prendre un pas de recul. Un rêve qu’elle caresse depuis longtemps, celui d’aller vivre en Europe, ne s’est jamais concrétisé. Elle y remédie, le 15 août 2003, à l’âge de 40 ans : après avoir sous-loué sa maison au lac René à Prévost et placé ses élèves avec d’autres enseignants – une situation qu’elle qualifie de déchirante – Lucie Mayer part d’abord pour la Suisse pendant quelques mois. Ensuite, elle s’installe en Allemagne où elle chante, enseigne le français à l’université et rencontre des « gens extraordinaires ».

C’est presque 7 ans plus tard, en 2010, qu’elle revient au Québec. À ce moment-là, elle n’a aucune idée de ce qui l’attend. Elle reprend progressivement l’enseignement, mais avec un rythme plus raisonnable.

L’arrivée en politique

À son retour dans les Laurentides, Lucie devient aussi membre de Québec Solidaire. Pendant un peu plus de 7 ans, elle participe activement à la commission qui se penche sur l’agroalimentaire. Elle se donne « cœur et âme » pour le parti qu’elle représentera à deux reprises dans la circonscription de Prévost, en 2014 et en 2018, la première fois « sur [s]es jambes et la deuxième, en fauteuil. » En 2016, un accident et une suite d’erreurs médicales forcent Lucie à devoir se déplacer en fauteuil roulant. Depuis, elle milite pour de meilleurs services offerts aux personnes aux prises avec un handicap et surtout, plus d’humanité. 

« Quand le gouvernement m’a prise en charge après mon accident, je suis devenue une inutile au crochet de l’État. Parce que j’ai eu besoin d’avoir accès à un programme d’adaptation à domicile », raconte Lucie. Ç’a pris 10 mois et demi avant qu’une rampe d’accès soit installée et qu’elle puisse enfin sortir de chez elle. Entre-temps avait lieu le congrès de Québec solidaire. 

« J’ai pu aller au congrès en descendant les escaliers sur les fesses. Ça m’a pris 45 minutes pour me rendre de la porte à la voiture, qui est un trajet d’environ 25 pieds. » En mai 2017, le programme d’agroalimentaire, ce sur quoi Lucie travaillait depuis plusieurs années, est déposé sur le plancher du congrès. « Ç’a été un moment extraordinaire pour moi, mon bébé qui venait au monde! »

Vie de service(s)  

Lucie Mayer a choisi de ne pas se représenter aux élections de l’automne prochain. « Je vais agir plus localement, où je suis requise », a-t-elle laissé savoir via une publication Facebook au début du mois d’avril. La résidente de Prévost s’implique depuis peu à la Maison de Sophia, qui vient en aide aux femmes en difficulté. Elle est aussi nouvellement présidente de l’Association en musique liturgique du Canada. Son conjoint, Louis, en est le vice-président. 

En septembre 2021, Lucie a même effectué un retour sur les bancs d’école, en traduction. Elle espère compléter sa maîtrise avant sa retraite. Comme le décrit Lucie, sa vie, c’en est une de services. Elle fut d’abord au service de la musique, puis au service de l’éducation et au service des citoyens et des citoyennes du Québec.

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