(Photo : Simon Cordeau)
Le café de rue S.O.S se veut un lieu familial et accueillant pour les jeunes en situation d'itinérance ou vulnérables.
|

Café de rue S.O.S : Être là pour eux

Par Simon Cordeau

À Saint-Jérôme, le Café de rue S.O.S accueille les jeunes de 18 à 30 ans en situation d’itinérance ou vulnérables à le devenir. Ceux qui fréquentent le café sortent des centres jeunesse ou viennent de familles d’accueil. Certains vivent dans des maisons de chambres inadéquates, qu’ils paient très cher et où la consommation de drogues est très présente. « Certains jeunes consomment, d’autres non. Parfois ce sont des troubles sévères de santé mentale ou de personnalité », explique la coordonnatrice clinique Cynthia Vickers.

L’organisme les aide donc à se placer en logement et les soutient, fait des ententes avec des propriétaires, etc. Bientôt, le café pourrait même héberger directement quelques jeunes. « Il va y avoir une construction de 20 unités, et on déménage le café de rue là-bas. Ça sera vraiment un milieu de vie et ça devrait être construit d’ici un an », se réjouit la directrice du café, Claire Léveillé.

Mais pour sortir ces jeunes de la rue, c’est d’abord dans l’accueil que se fait le plus gros du travail.

L’accueil

« On ne saute pas sur l’intervention, ici. On les laisse arriver et on les accueille. La première chose qu’on leur demande, c’est : « As-tu faim ? » », illustre Cynthia. L’objectif est de faire du café un milieu très familial, où on prend le temps de développer un lien et un sentiment d’appartenance.

« Il faut savoir que la plupart de ces jeunes-là voient des intervenants depuis qu’ils ont 2 ou 5 ans. Si on agissait comme des intervenants ordinaires, on n’aurait personne ici », ajoute la coordonnatrice. « Nous, c’est sans jugement. On ne leur met pas de pression », souligne Claire.

Ainsi, on privilégie plutôt la « confrontation positive », en faisant prendre conscience des impacts de ses décisions. « Tu peux faire le choix que tu veux. Mais après, tu as le choix d’assumer ou de subir les conséquences. C’est plus facile de subir. Mais c’est beaucoup plus confortable d’assumer », illustre Cynthia. Le café devient donc un milieu de vie, où les jeunes sont accompagnés dans leur quotidien, peu importent leurs choix. « Et si c’est un mauvais choix, on va être là encore plus que si c’est un bon choix. »

L’évolution

« Il n’y a rien qu’on ne gère pas. Ça va jusqu’à la violence conjugale, les viols, les batailles, la prostitution, etc. », explique Claire. Elle souligne que les jeunes sont en danger dans la rue. Mais au café, ils peuvent trouver un lieu sécuritaire.

Cependant, le lien d’attachement est difficile pour la plupart. « Quand tu as eu 12 ou 15 familles d’accueil, avec le roulement des éducateurs et des intervenants, tu ne vas plus t’attacher à quelqu’un qui va te laisser bientôt. Donc dans les relations intimes, ça se reflète », illustre Claire. Les jeunes ont aussi besoin d’expérimenter, comme tous les jeunes, rappelle-t-elle.

Au café, on travaille donc sur le comportement et la relation avec les autres, « de façon très douce et volontaire ». « Personne n’est barré ici. Si le comportement est vraiment inadéquat, on va l’accompagner dehors. On lui dit : « On t’aime. À demain » », raconte Cynthia. L’important, au final, c’est « d’être là » pour les jeunes.

Et cela demande une évolution constante. « Tous les mois, on s’adapte à des nouveaux jeunes, à des nouvelles drogues, à des nouvelles violences aussi. »

Les réussites

Dû à un parcours difficile, la plupart des jeunes ont aussi des problèmes d’estime de soi. « Ils se sont fait dire qu’ils n’iraient pas loin dans la vie. Donc, ils sont conditionnés à le dire. Combien de fois j’ai entendu les jeunes dire : « Nous, les trous de cul » ou « Ma mère ne me voulait pas » ou « J’ai eu de l’alcool au biberon » », raconte la directrice. « Mais nous, le regard qu’on porte sur eux, c’est : « Moi, je crois en toi. Tu as du potentiel. » »

C’est pourquoi les « belles réussites » sont encore plus importantes et stimulantes. « Combien de jeunes débarquent ici et nous disent : « Tu vas être fier de moi ! Ça fait trois mois que je n’ai pas consommé ». Des jeunes viennent nous présenter leur bébé, leur nouveau chum, leur CD, leur première voiture », continue Claire.

Surtout les réussites de certains, qu’ils aient une famille fonctionnelle ou qu’ils décrochent un emploi, encouragent les autres à poursuivre leurs efforts. « Il était comme moi, dans la rue. Maintenant, c’est un employé du café ! », illustre Cynthia.

NOUVELLES SUGGÉRÉES

0 Comments

Submit a Comment

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *