Bières sans alcool : Pour boire sans limite
Par Simon Cordeau
De plus en plus d’amateurs de bière optent pour des produits sans alcool. Sur les tablettes des épiceries ou les menus des restaurants, l’offre a explosé en quantité et en variétés. Selon le Journal de Montréal, les bières sans alcool représentent maintenant 15 % de tout le marché de la bière au Québec, et leurs ventes ont triplé depuis 2019.
Shawbridge, à Prévost, est l’une des nombreuses microbrasseries qui s’est lancée dans la production de bières sans alcool. Sa gamme Sans limite offre pas moins de cinq styles différents pour ceux qui veulent boire de la bière, mais sans l’alcool.
« L’avenir est moins aux buveurs »
Pourtant Shawbridge a déjà une variété de bières alcoolisées de qualité, recherchées par les amateurs et primées. Sa 117 vient de décrocher le titre de troisième meilleure IPA nord-américaine au pays. En 2021, sa Rivière du Nord avait remporté le prix de meilleure English Style Pale Ale au Canada.
Alors, pourquoi se lancer aussi dans la bière sans alcool ? « De plus en plus de gens, à même l’univers de la microbrasserie, alternent leur consommation. Que ce soit parce qu’ils conduisent ou pour faire attention à leur santé, ils consomment des bières sans alcool », explique Hugues Néron, fondateur de Shawbridge.
M. Néron remarque aussi que « les 18-30 ans boivent beaucoup moins d’alcool que nous dans le temps ». Cela représente donc un segment du marché intéressant pour l’entrepreneur. « L’avenir est moins aux buveurs. » Il produit également une limonade sans alcool, la Citron à l’horizon, et le Panaché, une radler à seulement 2,8 % d’alcool, souligne-t-il fièrement.
Offrir de la variété
Les bières Sans limite comptent donc une sure, une ale dorée, une hazy IPA, une blanche et une rousse. « Les buveurs de sans alcool sont aussi des buveurs d’avec alcool ou d’anciens buveurs. Donc c’est important d’offrir de la variété », indique M. Néron.
La compétition est aussi féroce sur les tablettes. En plus des microbrasseries, les grands de l’industrie offrent maintenant des produits sans alcool. Les Brasseurs du Nord à Blainville, qui brassent la fameuse Boréale, ont la gamme Hors sentiers, qui offre six styles sans alcool, donne en exemple M. Néron. « Donc c’est plus beau et plus vendeur sur les tablettes d’avoir cinq variétés plutôt qu’une seule qui se perdrait », illustre-t-il.
« Nos bières se bonifient à travers les années »
Difficile cependant de répliquer la même expérience d’une bière mais sans l’alcool. Il existe différentes techniques, mais pour brasser les Sans limite, Shawbridge fait un « coït interrompu », explique M. Néron. « On coupe la fermentation à 0,3 % d’alcool. C’est sûr que ça fait des bières plus minces, qui ont moins de corps. »
Plusieurs arômes de la bière se développent durant la fermentation. Il faut donc « beaucoup d’imagination » pour pallier ce manque. « C’est un savoir-faire. On agence des aromates et des épices. » L’amertume du houblon sera aussi plus prononcée dans une bière sans alcool, ce qui demande d’équilibrer différemment les ingrédients. Mais peaufiner les recettes fait partie du « bonheur de la brasserie artisanale », ajoute M. Néron. « Nos bières se bonifient à travers les années. »
