(Photo : Nathalie Dansereau)

Plages publiques : retard dans les analyses bactériologiques

Par Nathaliedansereau

Le Québec fracasse des records de chaleur depuis des semaines et les citoyens se sont rués vers les plages publiques pour se rafraîchir. D’autant plus que les entrées aux piscines publiques sont restreintes en raison de la Covid-19. Malheureusement, le pro-gramme Environnement-Plage (PEP) qui a pour objectif d’informer la population sur la qualité bactériologique des eaux de baignade des plages participantes connaît des retards importants.

Depuis le début de l’été, le personnel étudiant qualifié responsable de prélever les échantillons des eaux de baignade pour le compte du ministère de l’Environnement n’a réalisé que 16 prélèvements sur 84 plages admissibles, dans la région des Laurentides. En Estrie, la situation est encore pire avec 3 plages sur 33. Au ministère, on invoque la pandémie :

« Dans le contexte actuel de déconfinement, la campagne d’échantillonnage a pu débuter avec l’ouverture des plages le 22 juin dernier. Il est donc normal que l’ensemble des plages participantes n’ait pas encore tout été échantillonné », explique Frédéric Fournier, porte-parole régional du MELCC.

On avance à pas de tortue, mais déjà on peut déjà constater trois endroits à surveiller. La plage du lac Raynaud du domaine Saint-Bernard et la plage du club plage et tennis à Mont-Tremblant sont toutes deux cotées C (passable). Aucun échantillonnage n’a encore été fait à la plage Camp Wa-Thik-Ane du Lac-Bouchette à Morin-Heights ayant fait l’objet d’une fermeture préventive au mois d’août l’an dernier.

Combien d’échantillons par plage durant l’été?

Les plages courant les plus grands risques doivent être échantillonnées plus fréquemment conformément aux recommandations de plusieurs agences (notamment l’Organisation mondiale de la santé, l’USEPA et Santé Canada).

Pour les plages participantes ayant obtenu une cote A (excellente) l’année précédente, le ministère nous assure qu’au moins deux analyses sont prévues cet été. Les plages avec une cote B (bonne) l’année précédente seront échantillonnées au moins trois fois. Celles ayant obtenu une cote C (passable) ou D (polluée) l’année précédente et les nouvelles plages seront échantillonnées au moins cinq fois.

Pour participer au programme de surveil-lance bactériologique du ministère, la plage doit : être accessible au public, surveillée par un sauveteur et délimitée dans l’eau par des bouées conformes au Règlement sur la sécurité dans les bains publics.

40 à 50 % de participation volontaire

Rappelons que les exploitants de plage n’ont pas l’obligation de participer au programme Environnement-Plage du ministère. En 2020, seulement 40 plages sur les 84 admissibles dans les Laurentides ont choisi de participer (à peine 47%), selon le site du ministère. En Estrie, le taux de participation volontaire se situe à 40 %.

Parmi les motifs de non-participation, les municipalités rejointes expliquent au Journal que le lac n’est plus fréquenté par un camp de jour ou qu’il fait l’objet d’échantillonnage municipal ou privé.

« Nous testons l’eau des trois plages [du Lac des Sables] de façon hebdomadaire. Un premier échantillonnage a été pris cette semaine. Nous attendons les résultats d’analyse. Pour le programme Environnement-plage, nous ferons les démarches pour en connaître les détails. Nous sommes ouverts à y adhérer, mais avant de statuer, nous devons prendre connaissance des implications. Pour l’instant, les résultats d’analyse seront publiés sur le site Internet de la Ville », explique Sonia Goulet, coordonnatrice en communication et en développement économique à Sainte-Agathe.

La beauté du programme Environnement-Plage consiste justement à centraliser les données par région en un seul site Internet facile à consulter et à comprendre pour les citoyens.

De plus, le ministère envoie un avis aux municipalités participantes qui interdit l’accès aux baigneurs, dès que les résultats d’analyse des échantillons d’eaux de baignade conduisent à l’attribution d’une cote D (polluée). L’interdiction est maintenue tant que les résultats d’échantillonnage ne démontrent pas que l’eau satisfait au critère minimal de la cote C.

Pourquoi ne pas obliger les municipalités à participer au programme?

Selon Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal « Toutes les plages publiques municipales devraient être dans l’obligation de faire analyser leur eau de baignade régulièrement pour détecter la présence d’E. Coli pouvant causer des problèmes de santé comme des diarrhées sévères ou des infections urinaires. Il est important de divulguer ces résultats au grand public. C’est une question de santé publique et les citoyens ont le droit de savoir ».

« Si un citoyen constate une activité pour laquelle il y a lieu de croire à un non-respect de la législation environnementale sur le site d’une plage non participante, il est possible de déposer une plainte en s’adressant à leur direction régionale du Centre de contrôle environnemental du Québec (CCEQ) », souligne Frédéric Fournier aux communications du ministère.

Connaissez-vous la qualité de l’eau de votre plage?

Il est recommandé de se baigner dans des endroits où la qualité de l’eau est régulièrement analysée. Informez-vous sur la qualité bactériologique des eaux de baignade dans la région des Laurentides en vous rendant sur la page Web du programme Environnement-Plage.

Le ministère centralise et publie les cotes de classification allant de A à D pour les plages qui choisissent de participer au programme. L’information est mise à jour quotidiennement à 11 h. Consultez ce site, lorsque les données de 2020 seront sorties! www.environnement.gouv.qc.ca/programmes/env-plage.

Pour les plages privées et les plages non participantes au programme, renseignez-vous auprès de l’association des riverains du lac en question ou de la municipalité pour savoir si des résultats d’analyse sont disponibles.

Photo: Nathalie Dansereau

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