Patrick Vallières.
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Les pompiers changent leur pratique

Par France Poirier

SAINT-JÉRÔME. De plus en plus, les pompiers sont conscientisés aux risques de contracter un cancer à cause de leur travail. Le Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Jérôme a mis de l’avant des pratiques pour protéger ses pompiers.

Depuis avril 2016, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) reconnaît sept types de cancer comme des maladies professionnelles chez les pompiers: les cancers du rein, de la vessie, du larynx, du poumon, le mésothéliome, le myélome multiple et le lymphome non hodgkinien. «C’est un premier pas, mais nous sommes tout de même en retard comparativement à d’autres provinces, où sont reconnus comme maladies professionnelles de 12 à 14 types de cancer», souligne Patrick Vallières, chef à la formation et santé et sécurité au travail (SST) au Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Jérôme.

À Saint-Jérôme, on a mis en place des meilleures pratiques pour diminuer la contamination. «La mentalité des pompiers auparavant était de penser que plus le casque était souillé, plus ça démontrait que l’on avait combattu», ajoute M. Vallières. En 2016, les résultats d’études sont tombés comme une bombe dans le milieu concernant les hydrocarbures aromatisés polycliniques (HAP) et les risques de contracter un cancer à cause de ceux-ci.

Les hydrocarbures aromatiques polycliniques

On sait depuis longtemps que la fumée est toxique, mais les effets des HAP étaient moins connus. «Un grand nombre de produits chimiques toxiques qui se retrouvent dans l’air pendant et après un incendie sont exactement les mêmes que ceux que des travailleurs utilisent ou fabriquent en laboratoire», peut-on lire dans le guide sur les contaminants de l’incendie.

«Auparavant, on accordait peu d’attention aux dangers d’intoxication durant le déblai. Lorsque le feu était éteint et que les pompiers procédaient au déblaiement, ils enlevaient leur masque parce que les dangers n’étaient pas apparents, mais aujourd`hui on sait que les opérations de déblai soulèvent des débris, des cendres, des suies, des poussières d’amiante, de métaux lourds et autres particules toxiques qui se retrouvent dans l’air ambiant à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, de même que sur les habits et EPI des pompiers. «Les HAP se collent dans la suie, la suie se colle dans la peau qui ouvre les pores, ça devient une autre forme d’absorption», ajoute M. Vallières.

Décontamination

Les pompiers à Saint-Jérôme ont tous suivi une formation de quatre heures sur les contaminants dans un incendie pour les conscientiser. De plus, chaque pompier possède  deux habits de combat. «Saint-Jérôme est l’une des seules villes qui fournissent deux habits de combat par pompier, ce qui favorise la décontamination», ajoute M. Vallières. Pour éviter la contamination par les voies cutanées : «lors de chaque pause durant un incendie, les pompiers changent de cagoule et on utilise des lingettes sans alcool pour se laver sur place. De plus, en arrosant les pompiers, on détruit 95 % des contaminants. Après chaque incendie, les habits de combat sont lavés dans une laveuse à cet effet. Une fois par année, on les envoie se faire nettoyer dans une firme spécialisée», explique M. Vallières.

Dans un avenir rapproché, le Service incendie compte utiliser un de leur véhicule moins récent pour le réaménager en aire de repos et de décontamination.

Des données en bref

-Saint-Jérôme compte une cinquantaine de pompiers, dont la moyenne d’âge est de 37 ans ;

-En arrosant les pompiers on enlève 95 % des contaminants ;

-Les habits de combat des pompiers perdent leur efficacité lorsqu’ils sont contaminés par la fumée ;

­ -Peu de gens savent que la suie transporte avec elle les produits de combustion de l’incendie (double toxicité) ;

-L’utilisation croissante de matériaux synthétiques a augmenté de façon considérable la toxicité de la fumée d’aujourd’hui, de même que la vitesse et la chaleur dégagée des incendies modernes.

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