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Cette pénurie qui tue

Par Rédaction

Chronique affaires et économie Jean-Claude Tremblay, MBA Collaboration spéciale
jctremblay@cogitas.ca
En collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie Saint-Jérôme Métropolitain
 
Elle est sur toutes les lèvres, on peut la lire, la voir et l’entendre sur l’ensemble des tribunes : la pénurie de main-d’œuvre, cette ravageuse d’économie, celle qui fait des victimes partout où elle passe. Portrait d’un problème actuel qui pourtant, ne date pas d’hier.
La semaine dernière, j’étais interpellé par deux entreprises jérômiennes qui inquiètent, devaient réduire leurs heures d’opérations, faute de ressources, et demandaient conseil sur la meilleure façon de recruter.
« Si ce n’était qu’une simple question de recrutement… », je leur ai rapidement rétorqué. Cette question touchant l’atout le plus important de l’organisation, l’humain, les chefs d’entreprises me la posait déjà en 2006, à l’Université Laval, lorsque déjà, j’enseignais la gestion des talents et des connaissances.
Autres temps autres mœurs ? Absolument pas – rien n’a changé, je l’entends encore, le problème s’est simplement accentué et fortement complexifié, menaçant plus que jamais la pérennité des entreprises, l’économie de quartier, et au final celui de toute une société.

Un problème qui ne fait pas de discrimination

Si des restaurateurs font sonner mon téléphone, lorsqu’ils se sentent forcés de couper des services ou songent à mettre la clé dans la porte, le reste des industries n’est malheureusement pas en reste.
« Écoute Jean-Claude, j’ai encore 60 postes que je ne peux pas combler entre St-Jérôme à Drummondville, on est un peu à bout de moyens », me confiait récemment ce PDG d’une grande entreprise québécoise. « Nous on a décidé de maintenir l’auberge ouverte à temps partiel et on a fermé le restaurant, faute d’employés », m’a confié cet aubergiste laurentien.
Ainsi donc, que vous opériez un sympathique café ou encore une usine ultra moderne, vous avez le même enjeu : le manque de ressource.

Évitez le jeu de la surenchère

Il faut se l’admettre, ça n’ira pas mieux à court terme et la créativité dans l’embauche, quoique nécessaire, ne réglera pas le fond de cette crise. Le problème en misant tout sur l’embauche, c’est que les entreprises, sans trop s’en rendre compte, participent à la création pure et simple d’un marché volatile : celui où la surenchère est reine, et l’employé, le prince déloyal.
Comme je l’explique souvent à mes entrepreneurs, pensez-y deux secondes : si vous croyez faire une bonne affaire en offrant toujours plus d’incitatifs financiers, et en basant votre stratégie d’attraction des talents sur la bonification et le taux horaire, vous vous mettez à la merci d’une guerre de prix – une spirale qui vous entraînera vers le bas.
L’enjeu est le même pour vos produits : si vous jouez la joute du prix, vous hériterez d’une clientèle instable de chasseur d’aubaines, qui à la moindre fluctuation, vous laissera tomber comme une vieille chaussette !
Que ce soit pour les clients où les talents, la première règle que l’on apprend tant en marketing qu’en gestion des affaires, c’est que c’est beaucoup moins coûteux de garder et de s’occuper de ses clients, que d’aller en acquérir de nouveaux. Il en va de même pour les employés – mettez donc l’essentiel de vos efforts sur la valorisation et la rétention.

L’avenir : la collaboration

Tout comme votre clientèle la plus fidèle qui vous adoptera pour votre proposition de valeur, et pour les valeurs intrinsèques que vous véhiculez à travers votre marque, le talent, lui, ne fera pas exception. Il faut d’une part comprendre les générations, leurs spécificités et ce qui les allume, et il faut surtout repenser la façon dont ont fait des affaires. Concrètement parlant, les entreprises vont devoir se tourner vers la co-création et accorder de l’importance à l’économie de partage, en approchant ses clients, ses employés et ses concurrents pour explorer les synergies possibles : les voir comme des partenaires plutôt que comme des adversaires ou de simples ressources.
L’organisation qui sera claire sur sa vision, sa mission et ses valeurs, et qui communiquera de façon efficace ce qui est convenu d’appeler sa culture d’entreprise, aura de meilleure chance de rester en vie et de prospérer – dans cette économie, dont le modèle n’a pas fini de muer.
JEAN-CLAUDE TREMBLAY EST CONSULTANT EN MANAGEMENT ET COACH EXÉCUTIF EN PRATIQUE PRIVÉE.

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