LBMQ : Vamos ! Pedro-Luis Hernandez prend sa retraite !
Par Luc Robert
« Amigo Pedro : très fier d’avoir partagé le milieu de l’avant-champ pendant nombre d’années avec toi. Mais avec la quantité de ballons que tu m’as volés à l’entre-champ, j’aurais dû devenir voltigeur de centre dès le début de notre association ! »
C’est en ces termes que le seul survivant encore actif du championnat des séries de 2010 du TPX de Saint-Jérôme, François Cholette, a rendu hommage à son companieros Pedro-Luis Hernandez, qui a décidé d’accrocher son gant au clou de la retraite, après une carrière senior de 22 ans.
Autodidacte de la balle, le plus québécois des Cubains évoluait à l’arrêt-court, pendant que Cholette occupait le 2e coussin des Laurentiens. Ensemble, ils ont tourné des multiples double-jeux.
« Pour comprendre Ped, il faudrait un lexique de 150 pages. Un peu comme (Guy) Lafleur au hockey, il jouait à la balle par instinct. Les positionnements selon le pointage, ce n’était pas sa spécialité. Mais quand une flèche impossible était cognée vers la gauche, il nous sortait une de ses pirouettes, gobait la balle et coupait le coureur au 1er but. C’était ça Pedro : 100 % de cœur », s’est remémoré Olivier Valiquette, qui a aussi perdu ses cheveux à regarder Hernandez saboter ensuite un jeu de routine réussi 1 000 fois auparavant.
La santé
Le natif de Bahia de Cienfuegos, une baie de la côte-sud de Cuba, a toujours su égayer l’atmosphère sur le terrain. Il semblait chasser la nervosité en multipliant les blagues à ses coéquipiers.
« J’ai beaucoup de monde à remercier pour ma carrière, mais ça serait trop long à écrire et mon cardiologue m’attend dans 45 minutes [rires]. J’ai toujours vécu à 100 milles à l’heure. Mais c’est sur un terrain de golf, tranquille cet été en compagnie de ma copine, que cela m’a rattrapé : j’ai fait un infarctus sur le terrain. Les médecins m’ont installé deux stents [tubes qui irriguent le cœur] dans une artère coronarienne bouchée à 97 %. J’ai eu le temps de repenser à mon avenir depuis », a confié le no. 17.
Hernandez est quand même revenu jouer en séries, courant à pleine vitesse vers le 1er coussin malgré une balle frappée au sol à l’arrêt-court.
« Je me suis donné à fond jusqu’au bout. Ce n’est pas mon genre de parler de moi, mais là, tourner la page d’une méga tranche de vie [22 ans] de balle a été difficile. Après avoir passé la moitié de ma vie à jouer dans le calibre de baseball amateur le plus fort au Québec, j’en tire une grande fierté. Je vais m’ennuyer quand les camps d’entraînement vont s’ouvrir sans moi en avril. Me vois-tu à la balle-molle ? Aie ! Ça va être quelque chose. J’ai essayé l’ancien circuit Ron Piché [ligue senior de Montréal] et encore là, ça comble difficilement mes attentes. Ça me prend du calibre, mais où le trouver ? »
Remerciements
Le meilleur 8e frappeur de l’histoire de la LBMQ (moyenne de ,316) quitte en pensant aux autres.
« Je remercie Jean-Luc Désormeaux et Jean-Pierre Maria… juste pour m’avoir enduré pendant plus de vingt ans quand je refusais de débarquer [rires] ! Aussi à François Rousseau et Christian-Marc Gendron, de m’avoir permis de prolonger ma carrière : votre passion est contagieuse. Aux fans de Saint-Colomban et Saint-Jérôme, un grand merci ! Vos cris de Pedro, Pedro, Pedro, quand je me présentais au bâton, me touchaient énormément, même si je ne les comprends toujours pas ! ».
Revenu à trois occasions à l’équipe des Laurentides lors de transactions, il espérait prolonger sa carrière au-delà du 2e tour des éliminatoires en 2024.
« On aurait pu gagner au 1er match contre Acton Vale. C’était 3-3 en fin de partie. Mais on s’est fait “varloper” lors des 3 parties suivantes. On a des bons jeunes. Je pense revenir les aider aux pratiques. C’est triste de voir que notre noyau a passé les 40 ans. Mais la roue tourne », a poursuivi le résident de Terrebonne.