Les gagnants sont dévoilés
Par Lpbw
Le Nord – Le Mouvement Québec français des Laurentides (MQFL) a dévoilé les gagnants du concours littéraire « Les Belles Lettres des Laurentides » ayant pour thème, cette année, le 40e anniversaire de la Charte de la langue française.
La qualité exceptionnelle des textes soumis a incités les organisateurs à remettre trois prix accompagnés d’une bourse.
Le 1er prix fut décerné à Danielle Durette de Mirabel, avec une bourse de 300 $. Le 2e prix fut remis à Manon St-Hilaire, et à ses élèves de la classe de 6e année, de l’école Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, de Saint-Jérôme, avec une bourse de 150 $. Le 3e prix fut offert à Marc-Alexandre Binette, de Saint-Jérôme, avec une bourse de 50 $.
Marc Bourcier, député de Saint-Jérôme, a félicité tous les participants et leur a parlé de l’importance de prendre soin de la langue française. Ils ont eu l’honneur de recevoir Guy Rocher, coauteur de la Charte de la langue française et Angèle Courville, auteure-compositrice-interprète des Laurentides, et ses musiciens.
Ce concours annuel reviendra en septembre 2018.
Lettre gagnante du 1erprix
Au ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française
21 septembre 2017
Monsieur Luc Fortin
Monsieur le Ministre,
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, j’irais faire une virée dans les magasins de la rue Sainte-Catherine pour vérifier le nombre de commerçants qui m’accueilleraient en français. Je scruterais à la loupe chacune des vitrines pour noter le nombre d’enseignes rédigées dans la langue de Miron. À ces entrepreneurs qui font fi de la loi 101, je ferais fermer leurs établissements jusqu’à ce qu’ils affichent en français et offrent un service dans la langue de chez nous.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, je trierais sur le volet les futurs enseignants de français. Je prendrais le temps de choisir des professeurs à l’écoute, respectueux, dynamiques, mais surtout amoureux de la langue française.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, je forcerais toutes les radios commerciales du Québec à diffuser un quota élevé de chansons de nos artisans, afin de faire connaître la musique québécoise aux auditeurs et d’enrichir nos musiciens pour leur permettre de vivre de leur passion.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, je forcerais les grands studios de cinéma américains à doubler tous leurs films par nos acteurs québécois et je refuserais la projection, dans nos salles, des films doublés en France.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, je ferais du premier dimanche du mois la journée pique-nique à la rencontre des allophones du Québec. J’inviterais les Québécois à se rendre dans les parcs, pour faire connaissance avec tous les citoyens qui vivent au Québec depuis peu et aspirent à parler le français, pour créer un tissu social tricoté serré.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, au lieu d’être en opposition avec le chef du Parti québécois, le chef de la Coalition avenir Québec et les leaders du Parti Québec solidaire, j’unirais nos énergies pour faire du Québec un Québec fort. Un Québec à l’image du petit village gaulois dans l’univers d’Astérix où la vigueur réside dans la solidarité des villageois et dans sa potion magique : notre langue et notre culture uniques en Amérique.
Ah! Si j’étais dans vos pantalons, il y aurait au cœur de tous mes discours cette volonté acharnée à faire du Québec un pays francophone en Amérique avant que l’Amérique nous mange tout rond!
Monsieur le Ministre, n’est-il pas temps de porter vos culottes?
Madame Danielle Durette
c. c. Commissaire à la qualité de l’Office québécois de la langue française
Lettre gagnante du 2e prix
Au ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française
Cher gouvernement québécois,
Il est un peu étrange d’écrire à un gouvernement. Heureusement, nous savons que, derrière un gouvernement, il y a des députés, des ministres. Des humains avec des yeux pour lire notre lettre et un cœur pour accueillir notre message. Présentons-nous d’abord. Nous t’écrivons aujourd’hui pour te parler de notre langue, le français, et de l’importance que nous lui accordons. Le texte que nous te présentons est le collage des arguments de l’ensemble des élèves et le reflet de notre avis sur la situation du français dans le Québec d’aujourd’hui. L’opinion d’une communauté d’apprenants engagée, informée et instruite.
Grâce à nos cours d’histoire, nous savons que depuis longtemps le français est la langue d’un pays conquis, mais aussi une langue qui résiste et qui continuera de se développer malgré l’adversité. L’année 1977 est très importante, puisque c’est à ce moment qu’est née la Charte de la langue française. Elle « permet au peuple québécois d’exprimer son identité » et « reconnaît la volonté des Québécois d’assurer la qualité et le rayonnement de la langue française ». Bien que nous soyons jeunes (Ouf ! Ce n’est pas facile, le subjonctif présent, quand on est en sixième année !), nous sommes heureux que cette loi ait vu le jour. Nous sommes fiers de nos racines et de la combativité de nos ancêtres. Nous souhaitons conserver les acquis que la Charte nous offre.
Grâce à cette loi, les nouveaux arrivants doivent aller à l’école en français. En classe, nous sommes les témoins privilégiés de la francisation de nos amis colombiens, bhoutanais, albanais… C’est fascinant de les voir essayer, se tromper, recommencer, être audacieux et finalement maîtriser notre beau, mais compliqué français. On ne peut pas le nier. Le français, c’est difficile à apprendre ! Il y a toujours un s ou un accent à ajouter, une exception dans le détour en plus de tous ces accords ! Malgré tout, nous voulons continuer d’apprendre le français et d’apprendre en français. C’est une langue qui nous offre tant de façons différentes de dire les choses.
Parmi les 7 502 935 409 humains sur la Terre, nous sommes 274 millions de francophones. C’est une belle et grande famille à laquelle nous voulons continuer d’appartenir. Nous sommes conscients que, pour y arriver, nous devons nous mobiliser, parce qu’aujourd’hui, seulement 78,9 % des Québécois parlent français. Notre langue est également menacée ailleurs dans la francophonie.
Notre classe a une devise : Apprendre pour connaître, connaître pour comprendre, comprendre pour agir. Nous souhaitons que nos connaissances se transforment en actions concrètes et positives pour notre communauté. C’est pourquoi nous nous engageons aujourd’hui à honorer notre langue et à être réfléchis lorsque nous l’écrivons et la parlons. Nous espérons que, de ton côté, tu resteras soucieux, cher gouvernement, de la défendre et de la garder vivante. Le français, c’est notre histoire, l’histoire d’un peuple qui lutte avec passion depuis des siècles. Ne l’oublions jamais.
Cordialement,
Les élèves de 6e année, classe de madame Manon St-Hilaire
École Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, Saint-Jérôme
Lettre gagnante du 3e prix
Au ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française
Cher gouvernement,
En ce quarantième anniversaire de la Charte de la langue française, il est légitime de s’interroger à savoir quelle est la situation actuelle de la magnifique langue de Molière, langue officielle du Québec. Faut-il s’inquiéter d’une possible crise de la quarantaine ou est-ce que ses plus belles années sont devant elle?? Que ce soit en lisant Germaine Guèvremont, Wajdi Mouawad, ou plutôt Michel Tremblay, les motifs qui poussent les Québécois à être fiers de leur langue officielle et ainsi chercher à la défendre de la plus noble et chevaleresque des manières sont innombrables. Voilà pourquoi l’ombre q
ui plane parfois au-dessus de sa tête en fait frémir plus d’un…
Il semblerait que la genèse de la défense du français remonte à bien plus de 40 ans. Déjà à l’époque des rébellions des Patriotes, ceux-ci exigeaient que le français soit une des deux langues officielles du Bas-Canada, en compagnie de son adversaire de toujours, l’anglais. Même si ce débat n’est plus de la prime jeunesse, c’est dans les vieux pots qu’on prépare la meilleure soupe; alors, afin de préserver notre héritage culturel et nos distinctions en tant que nation québécoise, il est primordial de se soucier de cette question de société.
En effet, la langue de la Belle Province a connu des jours plus radieux. Puisque le pourcentage de la population de langue maternelle française diminue d’année en année, la préservation de la langue de l’amour mérite qu’on se batte, tout comme le sentiment mentionné dans la périphrase que l’on associe au français, pour cet aspect crucial de notre nation. Au rythme où son territoire se confine de plus en plus, ce n’est pas un secret : il n’est plus nécessaire de marcher à Montréal pour entendre le son de diverses langues résonner dans les airs.
Dans les Laurentides, ce château fort du curé Antoine Labelle, la situation régresse. Tel qu’on pouvait s’y attendre, cette région où la croissance démographique est prononcée accueille chaque année des personnes qui ne partagent pas toutes la même langue maternelle que la majorité des Québécois. Loin de moi l’idée de contraindre tous les Laurentiens à réaliser un doctorat en lettres françaises, mais arrêter l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard est la mission qui se présente désormais au gouvernement.
Hors de tout doute, les résultats loin d’être satisfaisants en cours de français d’une importante proportion d’étudiants de tous les âges reflètent la gravité de la plaie. De plus, combien de fois avons-nous entendu parler dans les médias, par le passé, de compagnies ne respectant pas l’affichage obligatoire en français?? Face à cette réalité, le rôle du gouvernement s’avère difficile, mais en maintenant les balises établies par le passé dans les domaines tels que l’enseignement, les communications, le travail et le commerce, il est possible de continuer à prendre soin de cette langue que l’on aime à chérir, à écouter et à lire, sans pour cela brimer les droits des minorités anglophones, autochtones et allophones.
Malgré tout son lot de réactions négatives qu’elle peut engendrer, la loi 101 a toujours sa raison d’être. Dans cette optique, elle protège la langue française et l’abolir sous prétexte que le français peut être conservé si les Québécois tiennent à cette partie intégrante de leur identité reviendrait à supposer que les impôts ne devraient pas être obligatoires, car les citoyens les paieraient tout de même de leur propre chef. J’espère que le gouvernement saura valoriser la langue française et la vanter à sa juste valeur, créant ainsi un symbole fort auquel les Québécois pourront s’identifier.
Mes salutations les plus distinguées,
Marc-Alexandre Binette