« Je raconte des histoires symboliques »

Par Rédaction

La chute de l’empire américain

Françoise Le Guen
Un retour aux sources pour Denys Arcand dans son dernier film, La chute de l’empire américain. Un drame aux allures de polar, dont le rythme, l’humour, la profondeur et le regard cuisant sur la société québécoise ne laisseront aucun répit jusqu’au dénouement que beaucoup se surprendront sûrement à espérer.


 
Le ton est donné dès les premières images. Arcand ne perd pas de temps, il va droit au but. Tout est campé par la force de la première scène (Florence Longpré et Alexandre Landry) et la précision des réparties du maître du dialogue.
« Je raconte une histoire en espérant qu’elle ait une valeur symbolique, qu’elle fasse réfléchir, rire et pleurer. L’art n’est pas fait pour passer des messages, mais pour raconter des histoires symboliques, et c’est ce que j’essaye de faire», nous dit Denys Arcand.
À travers le film, on suivra le parcours de Pierre-Paul (Alexandre Landry), intellectuel, docteur en philosophie, torturé (les gens intelligents ne gagnent pas d’argent), mais riche de ses connaissances, dans son aventure, lorsqu’il décide de prendre deux sacs de sport remplis de billets de banque, après être tombé sur un braquage qui tourne mal. Ainsi, commencent le voyage et les rencontres improbables, mais porteuses de sens, qui auront comme prétexte la quête d’un idéal de compassion, de charité et d’humanité. Du suspense aussi: que fera-t-il de cet argent? Qui va l’emporter, des policiers, du gang de l’Est ou de ceux qui ont choisi la voie de la générosité?

Les artisans du film La chute de l’empire américain: Denys Arcand, Denise Robert, Rémy Girard, Alexandre Landry, Mariepier Morin, Guy Gagnon (propriétaire du Cinéma Carefour du Nord, Patrick Emmanuel Abellard et Katherine Nequado (réalisatrice du court métrage La pomme, présenté avant le film). Photos: André Bernier

« J’ai travaillé pendant deux ans et demi sur le scénario et je me suis documenté (police, avocats-fiscalistes, comptables, etc.) », explique Denys Arcand, ajoutant s’être nourri d’événements réels.
Un film avec une distribution incroyable. On y rencontrera aussi les deux enquêteurs (Louis Morissette et Maxim Roy) et le financier (Pierre Curzi).

Force du scénario

« Il y a un peu de Robin des Bois dans le personnage de Pierre-Paul, note Alexandre Landry. Et il fait trois choses impulsivement: ramasser deux gros sacs d’argent, faire affaire avec une escorte de luxe et engager un conseiller financier qui travaille pour la criminalité. Cette impulsivité fait que la trame devient intéressante, ensuite tout est dans le scénario. »
Rémy Girard fait aussi partie de la distribution. « Dans ce rôle, un comptable qui travaille pour les motards dans le blanchissement d’argent, j’avais dans l’idée de montrer sa désillusion», confie-t-il, saluant au passage la précision de l’écriture des textes de Denys Arcand et le travail de la productrice Denise Robert « qui fait qu’on a l’argent nécessaire permettant d’avoir le temps de bien faire les choses ».
C’est leur sixième film ensemble. « Tous ses dialogues sont dans ma tête, je dis souvent que je travaille en trois langues, en français en anglais et en Denys Arcand. Je sais tout de suite ce qu’il veut dire et, assez souvent, je pense comme lui. J’ai un sens de l’humour qui ressemble au sien, c’est pour ça qu’on travaille ensemble depuis si longtemps. Il me dit toujours «moi, j’écris, toi, tu le dis!» Je partage sa vision des choses de la vie et de la société. »

Découverte

Le film, c’est aussi la découverte de Maripier Morin (l’escorte de luxe), dont c’est la première expérience cinématographique. « Je viens de me réveiller d’un rêve et je ne veux pas qu’il finisse! Après avoir obtenu le rôle, j’ai eu un cours accéléré de l’œuvre de Denys Arcand pour comprendre ses films et le ton. Ensuite, sur le plateau, ç’a été un charme!

Mariepier Morin et Denys Arcand.

Cette dernière ajoute que ce film l’a sensibilisée à l’itinérance. «Depuis le tournage, c’est impossible que je passe à côté d’un itinérant sans lui donner quelque chose. Comment, en tant que société, on fait pour améliorer la situation et faire une différence? C’est ça la vraie morale de ce film, essayer de prendre soin les uns des autres et se conscientiser à la réalité de tous!»
Au final, du pur Denys Arcand, un film captivant, campé dans la société québécoise avec les thèmes qui lui sont chers: l’argent et le bonheur, la critique des fonctionnements du capitalisme, la transmission du savoir, entre autres.
Denys Arcand, Denise Robert, Alexandre Landry, Mariepier Morin, Rémy Girard et Patrick Emmanuel Abellard étaient au Cinéma Carrefour du Nord pour présenter La chute de l’empire américain, jeudi dernier, lors d’une première à Saint-Jérôme. Le film sort le 28 juin.

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