Génération Louis : Pour que d’autres restent

Par Alexane Taillon-Thiffeault

L’organisme Génération Louis, dans les Laurentides, a été créé pour rebondir d’une situation tragique, puis en faire un gage d’espoir. Fondé par Marie-Andrée Gagnon, Guy de la Durantaye et leurs nièces Kim de la Durantaye et Noemi Boyer à la suite du suicide de leur fils Louis à l’âge de 21 ans, ce jeune organisme à but non lucratif s’est donné pour mission de prévenir le suicide et de démystifier la maladie mentale chez les jeunes.

« On veut faire de la prévention suicide, puis aussi déstigmatiser la maladie mentale par des activités axées sur les arts, parce que Louis était un artiste dans l’âme, il s’exprimait davantage avec les arts qu’il parlait de ses émotions », explique Mme Gagnon. Pour elle, Génération Louis est autant un geste d’entraide qu’un chemin personnel de guérison : « Soit on s’écrase, soit on se relève. Moi, j’ai décidé que je me relevais. »

L’art comme pont vers la santé mentale

Louis, artiste dans l’âme, avait choisi les arts pour exprimer ses émotions : peinture, création de bijoux, chansons, t-shirts peints à la main… Son univers créatif devient aujourd’hui un levier pour sensibiliser les jeunes à la santé mentale à travers différents ateliers. Génération Louis organise donc des expositions de ses œuvres dans les écoles secondaires et les cégeps. Ces événements ne sont pas de simples expositions. Elles ont pour but d’ouvrir la porte à des discussions profondes, appuyées par des professionnels de la santé mentale. Les jeunes sont invités à exprimer leurs ressentis à travers des activités artistiques, comme la création de t-shirts à la manière de Louis.

L’organisme mise aussi sur une approche humaine et confidentielle pour aborder des sujets souvent évités, comme la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires, la toxicomanie, etc. Grâce à un partenariat avec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides, des intervenants sont présents lors des activités pour répondre aux questions des jeunes, démystifier les troubles mentaux comme la psychose, que Louis a vécue, et proposer des ressources d’aide. « Le CISSS va nous soutenir en enlevant tout tabou, et en faisant un lieu d’action ouvert d’esprit », explique Marie-Andrée.

Un espace discret est aussi prévu pour permettre aux élèves de poser leurs questions de manière confidentielle, favorisant ainsi des échanges honnêtes et profonds. L’objectif est de sensibiliser et d’outiller les jeunes, mais aussi de leur permettre d’apprendre à repérer les signes de détresse chez leurs proches et savoir comment intervenir.

Une vision innovante

L’un des projets phares de Génération Louis est d’intégrer la réalité virtuelle dans ses ateliers. L’organisme souhaite acquérir des casques de réalité virtuelle pour permettre aux élèves de vivre une simulation immersive de ce que peut ressentir une personne en proie à une psychose ou à un trouble anxieux.

« On essaie de ramasser des dons et des sous pour pouvoir permettre, pendant l’exposition et l’atelier pédagogique, d’avoir en possession quelques casques virtuels avec une mise en scène pour que les élèves puissent se mettre dans la peau de personnes qui peuvent vivre des troubles anxieux ou une psychose. Parce que la réalité virtuelle, c’est une bonne manière pour ressentir l’empathie. Souvent, on est sans mots, on ne comprend pas trop la personne qui fait une psychose ou qui est stressée, mais si on pouvait pour un moment pendant quelques minutes ressentir ce qu’on ressent, on aurait de meilleurs gestes ou de meilleures interventions auprès des gens qui nous entourent quand les gens nous interpellent ou quand on est inquiet par rapport à certaines situations », souligne la fondatrice.

Un organisme jeune, mais mobilisé

Génération Louis a tenu son lancement officiel le 13 mai dernier, lors d’un 5 à 7 à la microbrasserie Shawbridge à Prévost. Une soirée qui combinait musique, échanges avec la communauté, et exposition silencieuse des œuvres de Louis. Des t-shirts à l’effigie de ses créations y étaient aussi en vente, une façon pour l’organisme d’amasser des fonds pour poursuivre sa mission.

Marie-Andrée Gagnon maintient que la détresse des jeunes est bien réelle. « Il y a beaucoup de jeunes qui souffrent en silence présentement. On est dans une société stressante malgré tout. On en est de plus en plus conscient. » Pour elle, lancer Génération Louis, c’est transformer la douleur en action, et la perte en transmission.

L’organisme invite donc la population à soutenir sa mission. Les dons peuvent être faits directement sur leur site internet, et chaque achat d’un t-shirt contribue aussi à financer les interventions dans les écoles. Génération Louis prouve que, même au cœur du deuil, une voix peut s’élever pour changer les choses.

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