Habiter la nature
Dès le premier regard sur la Cadrée Perchée, un élément nous frappe tout de suite : la nature et la cohérence entre la maison et celle-ci. « On a fait une vue traversante pour optimiser la lumière du matin à l’est et de l’après-midi à l’ouest », explique le concepteur architectural et fondateur de la firme Empreinte, Pier-Olivier Lepage, à Morin-Heights qu’Accès a rencontré lors d’une journée pluvieuse d’automne.
« Cette maison a été conçue pour diminuer le plus possible son empreinte sur son environnement pour ne pas affecter le paysage. D’autant plus que c’était un terrain qui était difficile à construire avec la pente qu’on y retrouve », souligne-t-il d’entrée de jeu.
Suivre la luminosité
Les murs extérieurs de la Cadrée Perchée ont été construits selon le principe d’un radiateur. Ceux-ci réfléchissent le soleil vers l’intérieur de la maison. « Par exemple, lors d’une journée chaude, quand le soleil est à midi, il ne rentre pas dans la maison, mais est réfléchi sur les murs. Ainsi, on ressent toujours la lumière, mais elle ne rentre pas directement dans la maison », explique Pier-Olivier. C’est un système qu’il reproduit dans ses projets et dans lequel il tient compte de la courbe d’ensoleillement. « Le prolongement des murs extérieurs vient créer de l’ambiance. Le soir, tous les murs sont illuminés. Alors même s’il fait noir dans la forêt, il y a toute une [luminosité qui se crée]. »
C’est d’ailleurs cette gestion de la lumière, entre autres, qui a permis à Pier-Olivier de se distinguer au Grand prix du design en obtenant le Grand prix international d’architecture ainsi que le prix Platine pour une maison privée de moins de 2 000 pieds carrés.
Chaleur et simplicité
La maison n’a rien de compliqué. Construite sur un étage, on y retrouve deux chambres, une salle de bain, une cuisine, un salon et une pièce incluant un bureau. « Les pièces sont souvent multifonctionnelles. Par exemple, ma chambre est aussi mon poste de travail ainsi qu’un espace de détente. J’essaye de donner différentes fonctions aux pièces pour éviter de les multiplier. Cela permet de faire des espaces plus réfléchis et compacts. »
Quand on entre dans la maison, un mur d’étagère de bois rempli de livres nous accueille, donnant un côté chaleureux. Au niveau de la cuisine, seule la table à manger et le comptoir en bois de merisier pour cuisiner sont apparents. Tout le garde-manger et le frigidaire se situent à l’arrière, ce qui donne une impression très minimaliste. « Ça permet de faire quelque chose de très épuré et lumineux. Puis, ça donne un effet de grandeur. » Le concepteur architectural a souhaité inclure le moins de meubles possible afin de laisser toute la place au paysage.
Au salon, on retrouve un sofa encastré, inspiré des traditions japonaises. On y a placé des tables au centre qui peuvent se déplacer pour jouer à des jeux ou manger par exemple. « Encore ici, c’est multifonctions », dit-il. Il y a même du chauffage qui est dégagé en-dessous du divan pour permettre de se réchauffer lors des saisons froides.
Un espace dans la forêt
En sortant de la maison, on longe un sentier qui se rend un peu plus loin sur le terrain à un espace extérieur aménagé. On y retrouve une terrasse avec une pergola, une table, des chaises, un espace pour faire un feu, une cuisine extérieure et éventuellement une piscine. Alors que les cours sont souvent aménagées directement en sortant de la maison, Pier-Olivier a voulu créer une autre zone de vie.
« On a fait ce choix notamment en fonction de la morphologie du terrain. C’est complètement indépendant et autonome. Quand tu vas là, tu as l’impression de sortir de chez toi et d’aller au chalet », souligne le concepteur architectural.
Puis, si l’on descend un peu plus loin sur le terrain, on se rend à une petite cabane qui a été construite avant la maison. C’était là où Pier-Olivier habitait lors de la construction. Aujourd’hui, elle sert de chambre d’invités, mais aussi d’endroit pour connecter avec la nature, alors que deux des façades sont complètement vitrées.
Le pouvoir d’un milieu de vie
Pourquoi le Montréalais a choisi les Laurentides, il y a trois ans, pour construire sa maison ? « Je souffrais beaucoup de dépression saisonnière. Je suis un sportif : l’été et l’hiver, je ne m’ennuie pas. Mais quand j’arrivais à l’automne et au printemps, c’était pour moi des saisons interminables. Puis, nos maisons ont été développées pour sauver de l’énergie et donc sans fenêtres. » Ainsi, il s’est concentré à concevoir des maisons lumineuses, qui ont des bienfaits thérapeutiques.
Sauver de l’espace, respecter le paysage et chercher une quête de lumière : ces valeurs l’ont toujours guidé dans ses conceptions. « Un client qui peut accomplir un rêve comme cette maison, c’est toute sa qualité de vie qui change. Et cette paye est beaucoup plus grande que de faire un projet commercial où tu ne sens pas vraiment le pouls. Concevoir une maison, c’est vraiment personnel. Tu le sais que dans 20 à 30 ans, la personne va encore apprécier et vivre dans sa maison », rapporte Pier-Olivier.
Chaque maison est unique
Lorsqu’il accompagne des personnes dans le processus de construction d’une maison, Pier-Olivier se rend tout d’abord sur les lieux. « Je me rends sur le terrain et je note toutes les forces du site, comme des vues, de la végétation ou des rivières, et les faiblesses, comme des pentes ou du voisinage. » À partir de cela, il commence à trouver des solutions pour arriver à une forme qui s’implantera bien.
« Ensuite, je m’informe sur les besoins fonctionnels des clients. Quelles sont leurs habitudes de vie ? Est-ce qu’ils se lèvent tôt et aiment le soleil ou travaillent tard le soir ? Est-ce qu’ils ont des enfants ou reçoivent souvent des amis ? J’étudie tout cela pour que la maison réponde à leurs habitudes. J’essaye de créer une expérience », dit-il. Pour lui, chaque maison devrait être unique et refléter la personnalité de chaque personne.
Pour plus d’informations sur L’Empreinte ou la Cadrée Perchée, visitez son site web.