(Photo : Courtoisie)
Hugo Bissonnet, directeur du Centre Sida Amitié.

Quand une personne refuse le traitement

Par France Poirier

Dans la foulée du décès de Bernard Lachance, chanteur décédé du sida à l’âge de 46 ans et qui avait cessé ses traitements, nous avons voulu en savoir plus sur le traitement de cette maladie en parlant avec le directeur du Centre Sida Amitié, Hugo Bissonnet.

La soeur de Bernard Lachance, Lise, avait mis une publication Facebook le 11 mai dernier: « Je vous informe du décès, ce matin de mon frère Bernard, qui allait avoir 47 ans en juin prochain. Son déni du VIH l’aura mené à la mort. Ne voulant pas enrichir Big Pharma, il a investi des milliers de dollars dans des produits naturels plein la maison. Quelle tristesse. RIP mon frère. Je t’aime. »

Soutenir sans forcer

Hugo Bissonnet, directeur du Centre Sida Amitié à Saint- Jérôme, dont l’organisme couvre toute la région des Laurentides nous explique. « On compose régulièrement avec des situations comme ça. Depuis le début de la crise du sida, on a toujours eu des gens qui ont douté du virus et du médicament, pour différentes raisons. Que ce soit des complotistes en lien avec l’enrichissement des Big Pharma, des croyances religieuses, culturelles ou de communauté, des personnes nient avoir la maladie ou refusent d’être traitées. »

« On ne ferme pas la porte à ces gens-là, on garde le contact. Tu arrêtes de prendre ta médication, on ne ferme pas le dossier. La personne peut changer d’idée. Le virus te rattrape un moment donné. Nous continuons de les suivre pour leurs prises de sang en conservant le lien. C’est très important », ajoute-t-il.

La Trithérapie

Monsieur Bissonnet nous explique qu’en matière de sciences, le traitement de trithérapie est très efficace. « On réussit à amener la charge virale à un niveau indétectable assez rapidement. Il est aussi intransmissible sexuellement. On a tous les outils technologiques et scientifiques maintenant, tant pour le traitement que la prévention », ajoute le directeur du CSA.

Banalisation de la maladie

« Le fait que nous ayons un traitement qui fonctionne, ça banalise le VIH. Probablement que si on allait dans un cours de sexualité dans les écoles, on entendrait parler de gonorrhée, de chlamydia, mais le VIH pas tant que ça. Parce que ça ne vise pas les jeunes surtout. Au niveau de la Santé publique, on met des efforts sur les gros pourcentages », explique Hugo Bissonnet.

« Ce ne sont pas les gens atteints du VIH qui vont bien qui le transmettent, ce ceux qui vont mal et qui ne prennent pas leurs médicaments. On a des gens qui mènent des vies difficiles, itinérance, consommation, mais s’ils prennent leur médication, ils deviennent non transmissibles et leur charge virale est indétectable, ils ne sont pas à risque de transmettre à personne. Si on veut mettre fin au VIH, il faut que les gens connaissent leur statut, qu’ils viennent se faire dépister. Il faut continuer à faire de la prévention et quand on leur annonce, il faut être capable de leur offrir un mécanisme de soins qui correspond à leur mode de vie. »

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