Parc du Lac-Jérôme : échanger l’asphalte pour la forêt
Par France Poirier
La Ville de Saint-Jérôme a conclu une entente qui lui permet de protéger la forêt du lac Jérôme et, du même coup, de densifier et de dynamiser son centre-ville. Pour le conseil municipal, il s’agit d’une entente historique, à la fois écologique, économique et sociale.
La Ville échange 219 000 pieds carrés de ses terrains, dont 105 000 pieds carrés sur trois terrains asphaltés au centre-ville et 114 000 pieds carrés au 5e quartier (rues Bélanger/Gaston-Miron et des Monts), contre près de 6 millions de pieds carrés d’espaces naturels. Il s’agit d’une entente longuement négociée avec le promoteur qui souhaitait développer un écoquartier dans le secteur Saint-Antoine.
« Cette entente est une victoire collective qui conjugue protection de l’environnement, qualité de vie et vitalité économique. Elle démontre que nous avons la volonté et la capacité de poser des gestes concrets et visionnaires pour bâtir une ville durable, à l’écoute de ses citoyens et résolument tournée vers l’avenir », a affirmé Marc Bourcier, maire de Saint-Jérôme.
La superficie du parc du Lac-Jérôme doublée
Pour le conseiller Mario Fauteux, porte-parole de la commission des parcs et espaces verts qui a travaillé sur ce projet au cours de la dernière décennie, c’est l’héritage qu’il souhaitait laisser aux Jérômiens.
« Grâce à cette entente, la Ville pourra protéger et mettre en valeur un vaste secteur naturel, doublant ainsi la superficie actuelle du parc naturel du Lac-Jérôme et portant à près de 24 millions de pieds carrés la superficie totale des milieux naturels accessibles à la population. Alors qu’habituellement, on coupe des arbres pour construire, nous avons fait l’inverse : on a troqué 105 000 pieds carrés d’asphalte pour 6 millions de pieds carrés de nature. En clair, nous privilégions l’étalement urbain à la verticale au profit d’un étalement végétal à l’horizontale », a déclaré Mario Fauteux.
En contrepartie, le promoteur réalisera au cours de la prochaine décennie des projets immobiliers sur trois terrains asphaltés mis à sa disposition par la Ville. Cette densification contribuera à revitaliser le centre-ville, limiter l’étalement urbain, bonifier l’offre de logements, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et dynamiser l’économie locale.
« Fidèles à notre vision de développement, nous voulons concentrer nos efforts sur la densification du centre-ville comme moyen de limiter l’étalement urbain. C’est pourquoi nous avons choisi de procéder à cet échange, en nous assurant que les projets qui y verront le jour respecteront pleinement notre nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité durable », a déclaré Martin Pigeon, conseiller municipal et porte-parole de la commission du développement économique et de l’électrification des transports.
« Sur le plan économique et social, les gains sont tout aussi importants et vont exactement dans le sens des orientations que nous nous sommes données au début du mandat, soit nos six priorités de développement, avec pour objectif de densifier notre centre-ville et cesser l’étalement urbain, avec pour avantage de diminuer les émissions de GES. Orientations, d’ailleurs, qui sont exactement dans le sens de la stratégie gouvernementale du Québec », a ajouté M. Pigeon.
« Je suis heureux de conclure mon mandat avec une annonce d’importance, à la fois écologique, économique et sociale. Ayant présidé une commission extraordinaire qui avait pour objectif de stimuler la construction de nouveaux logements, je me réjouis donc de cette excellente nouvelle qui aura un impact fort positif pour notre communauté et ses gens d’affaires », a conclu le maire Bourcier.
Fin du projet d’écoquartier

En 2021, un projet d’éco-quartier avait été envisagé, conformément à la planification urbanistique en vigueur à l’époque. « On se souvient que le projet avait suscité de nombreuses réactions au sein de la population, et c’est pourquoi nous avions pris l’engagement, en campagne électorale, de remédier à la situation. Notre conseil municipal a donc décidé, dès notre entrée en poste en 2021, d’imposer un moratoire, une pause, sur le développement de ces terrains afin de mettre en place des actions pour la protection de ce milieu naturel très important », ajoute le maire Bourcier.
SOS Forêt du lac Jérôme
Dès l’annonce du conseil de l’époque du projet d’écoquartier en début d’année 2021, un citoyen, Alex Beauvais, avait créé une page Facebook, SOS Forêt du lac Jérôme, dans le but de mobiliser les citoyens. Une pétition de 9 000 noms a aussi été déposée au conseil : du jamais vu à ce qu’on lui avait dit. « Moi, j’ai créé la page Facebook et une autre personne avait démarrer la pétition que nous avons publiée sur notre page. Grâce à la mobilisation citoyenne, nous avons réussi à empêcher la construction de routes dans la forêt. Je suis très fier de ça et de voir que les citoyens peuvent changer des choses », se réjouit Alex Beauvais.
Lorsque Mario Fauteux a lancé le projet du parc du Lac-Jérôme, en 2014, jamais il n’aurait imaginé que le parc connaîtrait une expansion aussi rapide au fil des ans, confie le conseiller.« En 2021, la menace d’un écoquartier dans le secteur m’a poussé à reprendre la parole publique, annonçant du même coup mon retour en politique avec cette conviction : le parc du Lac-Jérôme est en danger, c’est mon bébé et je vais tout faire pour le protéger », se souvient Mario Fauteux.
Il ajoute que cette annonce est un engagement ferme et déterminant pour l’avenir collectif. En intégrant ces nouveaux espaces au réseau de parcs protégés, la Ville va presque doubler la superficie du parc naturel du Lac-Jérôme en offrant aux citoyens autour de 24 millions de pieds carrés de milieux naturels accessibles.
Le maire rappelle que, à son arrivée en poste, il avait demandé de créer et de présider une commission extraordinaire afin de doter la ville d’une stratégie en habitation, un enjeu « tellement important » pour Saint-Jérôme. « Je me réjouis donc de savoir que des milliers de personnes vont pouvoir venir s’installer dans des centaines de nouveaux logements et venir contribuer à dynamiser notre centre-ville », souligne M. Bourcier.
« En 2015, j’avais mentionné que l’acquisition du parc du Lac-Jérôme était la plus grande décision environnementale de notre histoire. Je crois que nous venons de prendre une décision qui va au-delà de celle-ci », conclut Mario Fauteux.