Éloïse Camiré fonde des espoirs de signer un contrat professionnel en cyclisme. Photo : Courtoisie Sly Sly Sport

Éloïse Camiré : à pleine vitesse vers les pros

Par Luc Robert

La Jérômienne Éloïse Camiré poursuit son ascension vers les rangs professionnels du vélo sur route, alors qu’elle s’aligne actuellement avec l’équipe belge Baloise Minimax WB Ladies. L’athlète de 19 ans évolue toujours chez les amateurs, mais elle rêve de signer un premier contrat professionnel dès 2026, ce qui lui permettrait de joindre les grandes de la discipline.

« Je me mesure aux meilleures de la relève chez les U23 et aux élites seniors. Il s’agit de ma première année en Europe, mais de ma deuxième à ce niveau, juste en dessous des professionnels. C’est une autre Québécoise cycliste, Florence Normand, qui m’avait suggéré d’approcher mon équipe actuelle. C’est un club de division nationale. Je suis logée, mais je paie ma nourriture. Mes dépenses sont limitées, grâce à eux et à mes commanditaires. Dès la mi-été, je pourrai transmettre mes résultats et mon CV à diverses équipes dans l’espoir d’obtenir un contrat. Je n’ai pas encore réalisé des grandes percées en Europe, mais mon adaptation va très bien », a-t-elle souligné.

Retour au national

Partie en Belgique en janvier dernier, Camiré vient de renouer avec les Laurentides pour une courte période de six semaines.

« Je suis revenue pour le Championnat canadien sur route, qui se tiendra à Saint-Georges de Beauce le 3 juillet. J’en profite pour faire mes bilans médicaux ici. J’ai obtenu du succès à ces finales, avec une 1re place en 2024 et une médaille d’argent (U23). J’ai aussi décroché une très satisfaisante 7e position dans la catégorie élite. Je me sens au sommet de ma forme et je vise un nouveau podium en 2025. Mais en même temps, je suis consciente que des Canadiennes et d’autres ont participé au Tour de France et que le peloton en Beauce sera encore plus relevé. Je compte jouer la carte de la cycliste non menaçante, pendant que les autres se protègeront en équipe de quatre. Je pourrais leur réserver des surprises le moment venu », a-t-elle songé tout haut.

À Saint-Georges, Camiré sait à quoi s’attendre, peu importe la concurrence. « La force brute est requise en Beauce, car il y a beaucoup de dénivelé. Sur un tracé de 120 km, il peut y avoir jusqu’à 1 800 m de différence. Je m’y suis habituée. En Europe, avec les cols de vallées, les dénivelés peuvent atteindre jusqu’à 3 000 m. Ceux-là ne sont pas ma tasse de thé… »

Exil

Éloïse n’a pas eu d’autre choix que de s’exiler pour parvenir à son rêve ultime d’une carrière professionnelle.

« Les meilleures cyclistes d’ici et des États-Unis vont très souvent parfaire leur formation vers les pros en allant se mesurer aux meilleures filles en Europe. J’ai signé l’automne dernier avec mon équipe actuelle. J’ai participé ensuite à leur camp en février 2025. En dehors des plans de l’équipe, l’entraîneur québécois Pascal Morin s’occupe encore de ma préparation. Ça me prend l’aide de tous ces gens pour me trouver à un niveau optimal face aux meilleures aspirantes. »

La jeune adulte se sent d’attaque, même si certaines concurrentes bénéficient d’avantages. « Je vais bien sur route. Je ne suis pas spécialisée au contre-la-montre, mais j’y travaille fort. Il faut dire que je suis encore au début de mon développement. Au chrono, l’équipement peut faire une différence : certaines filent à toute allure avec des vélos de 30 000 $, une technologie de pointe à laquelle j’ai moins accès. Mais aux échappées ou dans les sprints de fin d’épreuve, je ne donne pas ma place. »

Ajustement

Vivre en Belgique a demandé à l’athlète jérômienne de faire preuve de discipline.

« J’habite dans une colocation en Wallonie. Je m’occupe de ma chambre et de mes petites affaires. Ici, ils sont rigides pour les étrangers et les visas de travail. Ça m’a pris trois mois de démarches pour être en règle. Comme je suis athlète amatrice et non travailleuse, j’ai pu avoir le visa vacances-tourisme. Ça a été compliqué : j’ai eu droit à des visites au domicile des autorités pour confirmer ma situation. Ceux qui travaillent sont repérés. J’ai une amie en France qui a obtenu son visa en deux heures et qui n’a subi aucun suivi ensuite. C’est correct, je me suis adaptée. J’adore la Belgique. Ça se passe en français dans mon équipe et on me parle dans ma langue à l’oreillette pour les consignes. Mais j’apprécie aussi le moment actuel, le retour à ma chambre et mes affaires à la maison familiale de Saint-Jérôme. »

Boursière

Éloïse Camiré étudie au Cégep de Saint-Jérôme, où elle achèvera sous peu son diplôme en sciences de la nature.

« J’ai réparti mes études collégiales sur 3 ans et demi avec le soutien de mes parents. Ce n’est jamais évident d’être partie pendant plusieurs mois. Il me reste trois cours à faire et je vais les compléter à la prochaine session d’automne. Je suis notamment appuyé par la Fondation Aléo (4 000 $) et celle de l’Alliance Sport-Études (2 000$). J’ai toujours l’option de l’université en sciences, si ma carrière sportive ne fonctionne pas. En attendant, j’ai prolongé mon parcours collégial. Je me donne comme échéancier d’être pro au maximum en 2028, sinon je réévaluerai mon orientation. Actuellement, tout est positif en sport. »

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