Primeur : Le programme de hockey des Couguars en danger
Par Luc Robert
Sept joueurs scolaires sont devenus des « itinérants » au sein des Couguars de Cap-Jeunesse juvéniles D1, après s’être vus refuser l’admission pour y compléter leur 5e secondaire.
Les patineurs pratiquaient jusqu’à tout récemment avec les Sélects du Nord, de niveau Midget Espoir (M17AAA). Cette formation a droit à 5 joueurs de 16 ans avec l’équipe. Avec les retours d’éléments des Vikings U18AAA (ex-Midget AAA), les places se sont raréfiées chez les Sélects.
« Des joueurs avaient prévu le coup et se sont inscrits dès avril passé au sein des Couguars juvéniles pour compléter leur parcours du 5e secondaire. Certains d’entre eux ont déjà joué pour les Couguars en 1re et 2e secondaire, avant de passer par le bantam AAA. Ils ne sont donc pas étrangers à la structure et à la culture des Couguars. Ils veulent juste revenir au bercail. Les parents ont déboursé les quelque 600 $ d’équipements après la prise de mensurations au Sports Experts. La saison s’annonçait très bien, jusqu’à ce que la direction d’école informe jeudi dernier [21 août] par lettre qu’il n’y a pas de place pour les sept joueurs à la rentrée scolaire de ce vendredi 29 août et qu’ils sont refoulés à leur école de quartier. On parle d’écoles à Mirabel, à Lachute, ou à d’autres endroits où il n’y a pas nécessairement de programme de hockey. Les jeunes veulent parfaire leur technique pour jouer au hockey collégial ou junior ensuite. Mais les autorités les empêchent de finir leur parcours scolaire où il a commencé [pour plusieurs] et d’être recrutés », a souligné une mère qui déplore la volte-face de la direction de l’école de Cap-Jeunesse.
Des joueurs en « garde partagée » ?
Du côté des Sélects du Nord, ils semblent prêts à faire un compromis et à reprendre deux « agents libres ». Cap-Jeunesse, de son côté, évalue trois options : 1) abolir le juvénile D1 pour la saison; 2) jouer en 2025-2026 avec 7 joueurs affiliés par match; ou 3) demander une dérogation au Réseau du sport étudiant du Québec (RSÉQ) pour s’aligner avec les Couguars sur la glace, mais fréquenter une école de quartier ailleurs quotidiennement.
« C’est toute la structure du programme sport-études hockey qui risque de s’effondrer comme des dominos. Si tu montes 7 jeunes du D1 relève avec la grande formation juvénile D1, ils vont se faire battre à presque toutes les parties », a poursuivi la maman. Avec un alignement de 16 attaquants et défenseurs, plus 2 gardiens, ce serait près de la moitié de l’équipe qui serait absente avec 7 patineurs réguliers en moins. « Même chose pour le D1 relève, qui sera privé de 7 éléments rappelés. Les parents des 7 joueurs évaluent actuellement leurs plans B et C. Habitués d’évoluer au sein des structures élites des Sélects et des Couguars, ils sont peu enclins à aller vers le hockey civil. Le mot se passe et les parents des cohortes plus jeunes regardent ailleurs plutôt qu’une structure devenue instable chez les Couguars. Et le plan C de faire partie de deux écoles simultanément, les parents n’en veulent pas : trop de transports à faire chaque jour. »
Au CSSRDN, on confirme que la direction évalue le principe de la « garde partagée ». « Cette décision [refus d’inscriptions] est basée sur notre Politique d’admission/inscription et respecte en tout point la Loi sur l’instruction publique. […] Il appartient à l’école d’appliquer et de respecter les modalités prévues à celle-ci. […] Un point important : le profil hockey à Cap-Jeunesse n’est pas du sport-études, offert uniquement à l’École polyvalente Saint-Jérôme. Il s’agit de parascolaire faisant partie du RSÉQ. […] En ce moment, nous regardons avec le RSÉQ s’il est possible d’accommoder ces jeunes [et leurs parents], en leur permettant de jouer pour les Couguars, même s’ils ne fréquentent pas l’école secondaire Cap-Jeunesse. […] Rappelons la mission première des activités offertes en parascolaire dans nos écoles, peu importe leur nature : elles ont comme objectif de développer les passions et les talents chez les jeunes du bassin d’une école », a répondu Mme Nadyne Brochu, agente de développement aux communications du CSSRDN, aux questions écrites du journal Le Nord.
Pressions extrêmes
Au sein du hockey des Couguars, une dizaine d’enseignants de l’institution agissent aussi comme entraîneurs de hockey. Deux éléments de l’extérieur viennent aussi en aide derrière le banc.
« Ça semble clair qu’ils veulent étirer le processus jusqu’à la dernière seconde, pour placer les jeunes et les profs devant un fait accompli de refus. Certains ont envisagé une démission en bloc des coachs, mais ça n’aiderait en rien à la situation : ils ne peuvent pas prendre les jeunes en otage. Ils veulent juste pratiquer leur sport de prédilection et obtenir leur diplôme. Là, la motivation de tous se trouve dans les talons, à zéro. Ils ont fait le coup à l’école Saint-Stanislas, avec le transport scolaire, qui a ruiné les Patriotes au football. Ne laissons pas les autorités faire de même avec les Couguars au hockey. Cap-Jeunesse vient de tenir deux championnats provinciaux D1 juvéniles de hockey consécutifs. Les dirigeants aimaient bien les photographes pour les mises au jeu officielles. Mais il y a plus à faire pour sauvegarder le programme », a achevé un autre parent inquiet.
Ce même parent déplore que les frais de hockey sont passés de 3 000 $ à 4 200 $ pour les Couguars au RSÉQ, alors qu’au profil hockey, les frais sont passés de 200 à 600 $ sur une période de deux ans.