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Correspondance culturelle: Plonger dans les années 70

Par Simon Cordeau

Chère Ève,

Depuis que Marie-Catherine est retournée aux études, elle a bien peu de temps pour répondre à mes lettres. Tu seras donc ma nouvelle correspondante culturelle.

Tout d’abord, merci de m’avoir recommandé C’est comme ça que je t’aime. Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu si longtemps pour plonger dans cette perle de la télé québécoise. Pourtant, j’ai adoré les projets précédents de François Létourneau et Jean-François Rivard, Les Invincibles et Série noire, que tu dois absolument regarder. Leur humour, parfois noir, souvent absurde, a quelque chose d’unique.

Je déguste la série lentement, un épisode par semaine, pour faire durer le plaisir, et le suspense. Je retrouve cette joie oubliée d’attendre avant un prochain épisode, d’anticiper la suite, de laisser la série m’habiter pendant la semaine. J’ai l’impression d’avoir dévoré trop de séries trop vite, où on finit par s’écoeurer même des meilleures séries, juste pour « finir ».

J’aime surtout ce Québec des années 1970. D’ailleurs, la scène où Huguette découvre le VCR est délicieuse.

« Ça là, ça enregistre les émissions sur des cassettes, et après, ils peuvent les regarder quand ils veulent. Ils peuvent même les réécouter! » « Ben voyons donc! »

Je suis d’ailleurs en train de lire Robert Bourassa et nous, de Marie Grégoire et Pierre Gince. L’ouvrage présente 45 entrevues avec des personnes qui l’ont côtoyé. Je ne comprends pas que je savais si peu de choses sur celui qui a été premier ministre du Québec pendant 14 ans. Le projet hydroélectrique de la baie James, c’est lui. L’accès universel et gratuit à l’assurance maladie, c’est lui. La loi 22, qui précède la loi 101, c’est lui. Et j’en passe.

Lorsque Robert Bourassa est élu au pouvoir en janvier 1970, il n’a que 36 ans : le plus jeune premier ministre de notre histoire. À peine quelques mois plus tard, il doit gérer la crise d’Octobre, où son ministre du Travail, Pierre Laporte, est enlevé puis assassiné par le FLQ. Cet événement influencera le reste de sa carrière, où il privilégiera la prudence et la paix sociale dans ses décisions, jusqu’à la crise d’Oka en 1990.

Il est certes moins charismatique et fougueux que son contemporain René Lévesque. Mais en apprenant à le connaître, je crois qu’il incarne bien le tempérament du Québec, où nos révolutions sont tranquilles et nos printemps sont érables. Notre histoire est parfois tumultueuse, mais rarement violente et meurtrière.

Sur un autre sujet, j’ai recommencé à lire des Astérix, qui traînent dans ma bibliothèque depuis… toujours? Je suis estomaqué par l’humour et l’efficacité d’Uderzo et de Goscinny, surtout considérant que la série est créée en 1959! Après avoir lu beaucoup de bandes dessinées américaines de la même époque, Astérix paraît avant-gardiste, innovateur et indémodable. Je ne pourrais pas en dire autant des premiers numéros des Fantastic Four ou des X-Men, où le vénérable Stan Lee sent le besoin de remplir chaque case avec beaucoup trop de texte. Avec Astérix, un point d’exclamation suffit.

Bref, ce sera une lecture parfaite, légère et drôle, pour l’été.

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