Danielle Leblanc
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Quand on ose parler de violence conjugale

DOCUMENTAIRE. Nouveau départ, un documentaire portant sur le parcours d’un groupe de femmes victimes de violence conjugale, a été lancé le 30 septembre dernier, à la Maison de la culture de Saint-Jérôme. Produit par la Maison d’Ariane, et réalisé par Claudia Gama, ce film traite avec sensibilité d’un sujet tabou, autour duquel gravite encore trop de préjugés.

«Moi-même j’avais des préjugés,» raconte l’une des protagonistes du film. «J’ai eu une enfance heureuse, toujours vécu dans un environnement contrôlé, où ne régnaient aucun problème d’alcool ni de pauvreté. Ça a tout pris pour que j’admette que j’étais au prise avec un problème de violence conjugale.»

Briser des tabous, donner espoir et inciter les femmes victimes de violence à chercher de l’aide, voilà l’intention principale du groupe de femmes ayant initié le projet. «Moi c’est ma concierge qui m’a sauvé la vie,» raconte Nathalie, à qui le conjoint violent a causé des lésions cervicales. «Aujourd’hui par ce film, je voudrais la remercier. Elle m’a donné le courage de transmettre ce que j’ai reçu.» Car du courage, il en faut pour témoigner avoir été victime de violence.

«J’ose en parler maintenant parce que mes enfants sont grands,» raconte Céline. Avant, je m’empêchais de le faire, pour les protéger. » S’il est un enjeu au cœur du problème, c’est bien celui-là, selon Danielle Leblanc, intervenante à la Maison d’Ariane. «La sécurité des enfants est une préoccupation qui revient constamment. C’est la principale raison qui fait demeurer les femmes dans une situation d’abus, c’est aussi la raison qui va motiver leur décision de quitter. Souvent la violence continue après la séparation et les femmes vont tenter de le cacher pour préserver l’image du père.» Mentir en cours pour arracher la garde des enfants à leur mère, la harceler ou salir sa réputation, faire du chantage économique; la violence peut prendre plusieurs formes et se perpétuer longtemps. «Mon conjoint a continué à me harceler jusqu’à ce que mes enfants aient 25 ans,» dit Céline qui n’osait pas demander d’aide. «Je me suis épuisée dans ce combat, et j’ai fini par perdre mes enfants.» Une autre femme témoigne: «Perdre mes enfants, on dirait que c’était le prix à payer pour pouvoir dormir tranquille.»

Malgré de durs constats, Nouveau départ livre sa promesse et se termine sur une note plein d’espoir. Retrouver la sérénité, le sentiment d’avoir le droit au bonheur et un réseau social aidant, pouvoir panser ses blessures; les femmes de la Maison d’Ariane en témoignent: «C’est possible.» Mais le premier pas est d’aller chercher de l’aide.

On peut contacter la Maison d’Ariane pour obtenir de l’aide ou se procurer le film Nouveau départ en téléphonant au 450-432-9355, ou via info@maisondariane.ca.

La maison d’Ariane a pour mission d’héberger et d’accompagner les femmes et les enfants victimes de violence conjugale dans la reprise de pouvoir sur leur vie et de militer pour l’élimination de cette problématique sociale.

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