L’harmonie des époques : la résidence des Ramacieri à Piedmont
Par Simon Cordeau
L’air est doux, imprégné de la fragrance subtile de l’eucalyptus qui flotte dans l’atmosphère, tandis que la musique classique s’élève, douce et apaisante, créant une ambiance sereine. Le murmure lointain de la rivière du Nord, bordée de majestueux arbres, ajoute à la magie du lieu. La beauté de la nature qui entoure la maison semble suspendue dans le temps, offrant une vision calme et lumineuse. Dans ce cadre idyllique, chaque espace de la maison respire l’harmonie, où le passé et le présent se rencontrent, et où chaque détail a été soigneusement pensé.
Gino Ramacieri et Manon Gervais Ramacieri ont consacré leur vie à rénover et à construire des maisons. Pour eux, chaque détail compte dans la création de leur résidence de rêve. Pour leur dernier projet, ils se sont installés à Piedmont, sur les bords de la rivière du Nord. La vieille grange, construite par le père de Gino, est restée presque intacte, portant en elle les souvenirs d’autrefois. Elle sert toujours de salle de réception, imprégnée de l’histoire familiale. À côté, Gino et Manon ont ajouté un espace de vie moderne et épuré. Voici une maison où se mêlent souvenirs et quotidien.
Espace de vie
On entre dans un couloir entièrement fenestré, qui lie les deux parties de la maison. Des cactus poussent à la chaleur du soleil, leur pot posé sur la tuile brune et mate. À gauche, on arrive dans la salle familiale, avec ses plafonds hauts en bois et ses murs en stucco blanc, qui leur donne une texture et de l’élégance.
Il y a un comptoir pour déjeuner, des divans et un petit foyer. Une fenêtre en vieux bois et aux vitres en fond de bouteille, récupérée de l’ancienne grange, donne une touche rustique. Mais le reste, avec ses lignes pures et ses couleurs claires, est épuré, moderne. L’espace est libre et lumineux.
La chambre des maîtres, avec salle de bain et walk-in attenants, offre une vue imprenable sur la rivière du Nord et ses rapides. Sur l’autre rive, on voit passer les skieurs sur le P’tit Train du Nord.
Cette partie comporte aussi deux chambres d’ami, un bureau, un gym et un garage double.
Dans le détail
Durant toute notre visite, Gino porte notre attention sur tous les détails de chaque pièce : les poignées des armoires, les crochets dans la chambre, la céramique dans la salle de bain, les tuiles importées du Maroc ou du Brésil, la teinte du plancher en béton (qui a été difficile à obtenir)… Tout est fait sur mesure. « On ne trouvait pas ce qu’on voulait », explique Gino.
Aurait-il été possible de trouver quelque chose de presque pareil, qui aurait fait l’affaire ? Gino sourit. « Vous ne connaissez pas Madame », répond-il en lançant un regard complice à sa femme. Ensemble, ils ont rénové quatre maisons, et en ont construit cinq. Pour eux, c’est dans ces détails, ces petites attentions au style et à la décoration de chaque pièce, que se trouve le beau.
Si les projets de construction ou de rénovation peuvent séparer des couples, ils sont le ciment qui lie les Ramacieri. « On a toujours été là-dedans », souligne Gino. Ils mènent leurs projets sans dispute et sans compromis. S’accorder est même naturel. « Ça prend deux choses : la compatibilité et la complémentarité. » Gino s’occupe de la matière, et Manon, des détails.
Manon calcule depuis combien de temps ils sont ensemble. « Est-ce que ça fait vraiment 58 ans ? », se demande-t-elle, incrédule.
Espace de fête
À l’autre bout du couloir, une porte en vieux bois s’ouvre sur l’ancienne grange. Construite dans les années 1970 par son père Giovanni, elle servait de salle de réception pour des soupers et des soirées entre amis.
Dès qu’on entre, on sent le poids des souvenirs. Le bois de grange crée une ambiance plus intime et chaleureuse. Des photos, accrochées à l’une des poutres du plafond, rappellent des soirées festives et des moments de bonheur en bonne compagnie. Une grande table en bois, au centre de la pièce, est prête à recevoir.
Dans la cuisine, un vieux foyer en briques rouges occupe tout un mur. Il a bien sûr un four à pizza sur le côté. À gauche, une vieille crinque en métal permet de remonter un poids. En descendant, il fait tourner une broche à l’intérieur du foyer, pour rôtir un poulet par exemple.
Autour, des casseroles en cuivre, des bouteilles de vinaigre balsamique et des assiettes décoratives de différentes régions d’Italie habillent une cuisine moderne, ergonomique et spacieuse. On a facilement tout ce qu’il faut pour recevoir et nourrir toute la famille et les amis. D’ailleurs, un buffet de bois rempli de coupes et de verres n’est pas très loin.
Rêve d’enfance
Construire une maison sur ce terrain de son père, c’était d’ailleurs un rêve d’enfance de Gino, raconte-t-il. Son père Giovanni était l’un des pionniers de la céramique au Québec. (On lui doit, entre autres, la céramique de l’Assemblée nationale et celle des premières stations du métro de Montréal !) Gino a aussi travaillé dans la céramique pendant 30 ans, et Manon, pendant 40 ans. Aujourd’hui, c’est leur fils qui a repris le flambeau pour une troisième génération.
Ce projet-ci aurait été impossible sans les entrepreneurs Lalonde et fils, répète Gino. Comme pour tous les projets d’envergure, il est important de bien s’entourer et d’avoir une bonne synergie. « Sinon, ça peut virer au cauchemar. » Certains travaillent entièrement à partir de plans faits à l’avance. Mais Gino et Manon décident beaucoup des détails sur le chantier même. Cela demande encore plus de flexibilité et de débrouillardise, indiquent-ils.
Cette maison devrait d’ailleurs être leur dernier projet. Mais déjà, ils se cherchent quelque chose d’autre à faire, admettent-ils. Avant, ils étaient au lac Saint-Victor, à Wentworth-Nord. Mais c’était un peu trop reculé. Maintenant qu’ils sont à Piedmont, leurs enfants viennent plus souvent.
Il faut dire que leur fille, Maya Ramacieri, est propriétaire de l’épicerie-traiteur La Cena, qui se trouve à seulement quelques pas de leur résidence. C’est d’ailleurs eux qui se sont occupés de la décoration, en choisissant et travaillant plusieurs de ses pièces, comme les grands barils. Souvent, ils donnent aussi un coup de main à leur fille.
