Lait Charbonneau : 350 ans d’histoire, 13 générations plus tard
Par France Poirier
Spécialisés dans la production laitière et les grandes cultures depuis 1962 à Sainte-Anne-des-Plaines, les Charbonneau font partie de l’histoire agricole depuis 1675. Aujourd’hui, 350 ans plus tard, on compte 12 générations d’agriculteurs, ainsi qu’une 13e génération en formation.
Depuis le printemps 2022, les trois propriétaires, issus de la même fratrie, ont choisi de diversifier leur entreprise en transformant le lait en produits dérivés comme des yogourts, des fromages, de la crème glacée et bien plus encore.
« Nous sommes trois des quatre enfants à avoir repris la ferme. Nous l’avons rachetée à notre père Daniel qui en était l’unique propriétaire à l’époque. Il en avait aussi été l’un des copropriétaires avec ses frères Guy, Pierre, Benoît et un associé Richard Maheux. Par contre, nos cousins et cousines n’ont pas montré d’intérêt envers le milieu agricole. De notre côté, nous avons tous suivi une formation en agriculture », nous explique Mathieu Charbonneau, un des nouveaux propriétaires, entouré de sa famille.
Mathieu et sa sœur Julie ont étudié en technique de production animale à Saint-Hyacinthe, tandis que leur frère Luc a fait des études au Centre de formation agricole de Mirabel. Leur autre sœur Annie, travaille également dans le secteur de l’agriculture et vit en Europe.
Ils ont tous fait leur classe ailleurs qu’à la ferme familiale. « Ça nous a donné à chacun une expérience différente et éveillé notre intérêt à un moment donné », explique Mathieu.
Difficile la relève ?
On entend souvent dire que les agriculteurs ont de la difficulté à trouver de la relève. « Ça reste un métier difficile. La relève doit se préparer longtemps à l’avance », souligne le patriarche Daniel Charbonneau.
Sa femme Nicole et lui-même n’ont jamais imposé à leurs enfants de devenir agriculteur. « Ça s’est fait naturellement. Les jeunes venaient aider spontanément. La 12e génération a procédé de la même façon avec les enfants qui démontrent des intérêts et des aptitudes pour le travail à la ferme », ajoute Nicole.
La ferme, c’est 365 jours par année. « Nous sommes chanceux parce que nous possédons une ferme de groupe. On est trois propriétaires. On est donc capables de travailler en alternance, de prendre des jours de congé et des vacances. Ce modèle est de plus en plus courant. Auparavant, il y avait beaucoup de propriétaires individuels. Dans cette situation, c’est difficile de prendre des vacances et de se faire remplacer. Voilà pourquoi c’était plus ardu de trouver de la relève », explique Mathieu.
Investir sur sa ferme
« Les exploitations agricoles qui perdurent encore aujourd’hui sont celles qui ont investi. Une ferme un peu croche, où le fermier travaille seul sans jamais prendre de vacances, n’attire pas de repreneurs », continue Mathieu.
Comme il le souligne aussi, la génération suivante voit bien ce que ça implique. « Si tu vois ton père travailler sans arrêt et manquer de moyens, ça ne donne pas le goût d’embarquer. Il y a beaucoup de disparités dans le milieu agricole : soit de très belles fermes bien entretenues et d’autres, plus vieilles, où il y a beaucoup d’argent à investir.»
Chacun son champ de compétence
Fonctionner à trois permet à la fratrie Charbonneau d’avoir chacun sa spécialité tout en étant polyvalent. « Nous avons décidé de bâtir la fromagerie parce qu’on connaissait du monde qui voulait s’impliquer. La conjointe de Luc montrait de l’intérêt dans la transformation alimentaire. Sans les bonnes personnes, on n’aurait jamais réussi à monter ce projet. C’est un métier à temps plein. Pour la mise en marché et la commercialisation de la fromagerie, c’est ma conjointe Marie-Andrée qui s’en occupe. Compter sur une équipe pluridisciplinaire, ça nous permet d’avoir une entreprise qui est plus équilibrée, efficace et diversifiée », conclut Mathieu.
Dans le domaine de la production laitière, du grain ou de la transformation, chacun doit connaître son rôle. Et le secret selon les Charbonneau : la communication.
