La mécanique au féminin avec Anyck Pellerin
Au Centre d’études professionnelles (CEP) de Saint-Jérôme, une enseignante détonne dans l’univers encore très masculin de la mécanique automobile. Anyck Pellerin a le franc-parler d’une femme qui a dû, dès le départ, tracer sa propre route. D’abord comme mécanicienne, ensuite comme pédagogue.
Son histoire commence avec sa première voiture. « J’avais des troubles avec ma première voiture, un Volkswagen Fox. J’ai commencé à la réparer, puis j’ai trouvé moi-même le défaut. Ça m’a motivée à connaître la mécanique. Je trouvais ça important d’être débrouillarde dans la vie », raconte-t-elle. Ce petit triomphe personnel marque donc le début de sa passion pour la mécanique.
Initialement destinée à l’université, Mme Pellerin décide plutôt de faire un diplôme d’études professionnelles (DEP) en mécanique automobile. « Je suis allée suivre mon DEP, mais toujours en me demandant si j’étais à la bonne place, si je faisais la bonne chose, et si c’est vraiment ma voie. Je me suis questionnée jusqu’à la fin de la formation. Donc aujourd’hui, je trouve ça correct que les élèves se questionnent, puis je les invite à continuer à se questionner », dit-elle.
Du garage à la classe
Avant de passer à l’enseignement, Anyck œuvre pendant 11 ans dans divers ateliers, notamment chez Porsche et Honda. Après avoir postulé comme conseillère technique à la fin de son DEP, elle avait plutôt été embauchée comme mécanicienne. « C’est comme ça que ma piqûre ou mon amour pour la mécanique a vraiment débuté », affirme-t-elle.
Mais l’idée d’enseigner ne la quitte jamais. « J’avais toujours en arrière de l’idée d’aller enseigner au DEP. J’avais demandé à mes profs qu’est-ce que ça prend pour enseigner, c’était quelque chose qui m’intéressait. » Et lorsque l’opportunité s’est présentée, elle a sauté sur l’occasion. Depuis, elle partage son savoir autant qu’elle cultive la confiance chez ses élèves.
Ce qui l’anime le plus dans son métier d’enseignante ? « C’est le cheminement que les élèves font. De voir à la fin l’évolution puis la réussite des évaluations, ça, c’est immense comme énergie que ça donne à un prof. Ils sont à l’école de la vie. » Professeure à la fois en mécanique automobile et en conseil et vente de pièces d’équipement motorisé, elle jongle avec des groupes où chaque élève avance à son rythme. « Pour moi, un prof, c’est un prof qui se déplace, c’est un prof qui fait des démonstrations, c’est un prof qui est capable de rallier 3, 4, 5 élèves qui sont rendus à des parcours différents, mais qui ont des similitudes dans leurs compétences et qui peuvent se rejoindre », ajoute-t-elle.
Au fil de l’entrevue, ce qui ressort surtout, c’est son humanité. Une bienveillance assumée envers ses élèves, un souci d’adapter son enseignement, et surtout, une volonté de les faire grandir.
La mécanique au féminin
Dans un secteur historiquement dominé par les hommes, Mme Pellerin n’élude pas les obstacles. « Dans les débuts, c’était très macho. Il fallait s’imposer, on se faisait appeler beauté, chérie. Il fallait avoir du caractère parce que les gars, ils voyaient la femme comme n’étant pas à sa place. Sauf qu’au contraire, ils avaient tous tort. » Elle observe que les femmes apportent une rigueur, une minutie et une logique différentes qui enrichissent les dynamiques d’atelier.
Elle encourage grandement les femmes à se lancer dans la mécanique. « C’est ouvert à tous et les connaissances et les compétences qu’on acquiert dans la mécanique vont au-delà de ce qu’elles pensent. Elles vont se développer physiquement et intellectuellement beaucoup plus qu’elles le pensent. C’est un métier qui est en demande, en pénurie de main-d’œuvre. Donc, moi, je dis go, go, go, d’emblée, sans hésiter. Je dis toujours qu’elles vont apprendre, mais qu’elles ne perdent pas. Donc, si elles apprennent à faire des freins, elles vont le savoir toute leur vie à faire des freins. Ça va leur servir plus tard. Le côté efficace, utile, environnemental et financier [de la mécanique] est positif pour elles », conclut-elle.
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Félicitations Anick