Densifier sans dénaturer : l’essor des unités d’habitation accessoires

Par Alexane Taillon-Thiffeault

La crise du logement n’épargne pas les Laurentides. Les loyers grimpent, les terrains se raréfient, et les familles cherchent des solutions pour loger leurs proches ou générer un revenu supplémentaire. De plus en plus, les unités d’habitation accessoires (UHA), aussi appelées logements secondaires, pavillons de jardin ou mini-maisons en cour arrière, apparaissent comme une solution séduisante.

Mais dans la région, les municipalités avancent chacune à leur rythme. Certaines encadrent déjà les UHA de manière détaillée, d’autres se limitent à des logements intégrés à la maison, et plusieurs n’ont pas encore franchi le pas.

Les avantages des UHA

L’attrait des UHA tient à leur capacité de densifier sans dénaturer. Construire une UHA coûte souvent moins cher que de développer un immeuble complet. Résultat : des loyers plus abordables, accessibles aux jeunes adultes, aux retraités ou aux travailleurs essentiels qui peinent à se loger près de leur emploi. Les UHA facilitent aussi le logement intergénérationnel. Par exemple, un parent âgé peut vivre près de ses enfants, mais tout de même conserver son intimité.

Pour un propriétaire, une UHA peut devenir une source de revenu locatif qui aide à payer l’hypothèque ou à absorber la hausse des taxes foncières. De plus, les UHA limitent l’étalement urbain et donc les coûts publics associés à de nouveaux développements.

Inspiration : Vancouver et ses « laneway houses »

Pour imaginer l’avenir possible des Laurentides, il suffit de regarder Vancouver, où les laneway houses (maisons de ruelle) font partie du paysage urbain depuis plus d’une décennie. Ces petits logements détachés ont permis d’ajouter des milliers d’unités locatives tout en conservant le caractère des quartiers. La Ville a mis en place des guides de design précis afin de garantir une intégration harmonieuse : hauteur limitée, respect de la végétation, accès par ruelle ou allée piétonne.

Les résultats sont probants : plus de diversité, plus de logements pour étudiants et jeunes travailleurs, et une vitalité accrue dans les quartiers résidentiels.

Donc si la tendance se maintient, les Laurentides pourraient voir naître un paysage résidentiel où les cours arrière se peuplent de petits pavillons bien intégrés, où les jeunes adultes peuvent rester dans leur ville, et où les aînés vivent à proximité de leurs enfants. Si les villes réussissent ce virage, l’UHA pourrait devenir un outil majeur pour rendre le logement plus accessible, sans sacrifier l’âme des villages et des quartiers.


Saint-Jérôme

Saint-Jérôme fait figure de pionnière dans la région. Son nouveau plan d’urbanisme et de mobilité durable vise à offrir un continuum résidentiel accessible à tous. Désormais, le règlement de zonage permet les UHA isolées, sous certaines conditions strictes : implantation en cour arrière, latérale ou avant secondaire, distance minimale de trois mètres des limites de terrain et cinq mètres du bâtiment principal, superficie entre 50 et 80 m², un étage maximum, interdiction de sous-sol, accès permanent pour les services d’urgence, et stationnement supplémentaire obligatoire.

Sainte-Sophie et Sainte-Adèle

À Sainte-Sophie, le règlement de zonage autorise plutôt le logement d’appoint attenant à une habitation unifamiliale. Ce logement peut être au sous-sol, au rez-de-chaussée ou à l’étage, mais doit être contigu au logement principal et ne pas dépasser 60 % de sa superficie. Un stationnement additionnel est requis. Cette approche favorise l’intergénérationnel, mais ne permet pas encore la petite maison de fond de cour. Même constat à Sainte-Adèle, où les seules UHA autorisées sont les logements accessoires à l’intérieur du bâtiment principal. En aucun cas un bâtiment accessoire ne peut servir d’habitation.

Ailleurs dans les Laurentides

D’autres villes pensent à emboîter le pas. Sainte-Agathe-des-Monts a annoncé son intention de modifier ses règlements pour autoriser les UHA détachées sur certains terrains résidentiels. Saint-Sauveur a déjà inclus la notion dans certaines grilles d’usage. Piedmont, de son côté, ne les autorise pas encore, mais son plan d’urbanisme prévoit « d’étudier la possibilité d’autoriser l’implantation d’unités d’habitation accessoires dans certaines zones résidentielles », signe que la municipalité réfléchit à cette solution pour diversifier son offre de logement.

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