Changer les mentalités un projet à la fois
Par Ève Ménard
Promouvoir la conciliation travail-famille de manière inclusive et actualisée, à la fois au sein des entreprises et dans la sphère familiale : c’est l’idée derrière le projet Coco-Boulot, lancé dans les Laurentides le 16 mars 2020.
Cette initiative du Comité régional pour l’autonomie des femmes (CRAF Laurentides) et du Centre d’intégration en emploi des Laurentides (CIE Laurentides) terminera son mandat en décembre prochain. Coco- Boulot, la conciliation travail-famille c’est l’affaire de tous! est un projet régional axé sur la sensibilisation des parents, des entrepreneurs, des dirigeants d’entreprises et du grand public à l’importance de faire progresser l’égalité en matière d’articulation travail-famille.
Faire éclater le modèle nucléaire
Julie Chamberland, chargée de projet, explique que l’initiative se découpe en deux axes principaux : d’abord, sensibiliser les parents travailleurs à l’importance d’un partage équitable des responsabilités familiales. Cette promotion, diffusée majoritairement via des capsules vidéo et sur les réseaux sociaux, se veut le plus inclusive possible. « La conciliation ne touche pas seulement les jeunes parents avec de jeunes enfants de 0 à 5 ans. Ça touche aussi des parents travailleurs avec des enfants aux besoins particuliers ou encore la proche aidance », donne en exemple madame Chamberland. Cette diversité transparaît notamment dans les différentes thématiques abordées mensuellement depuis le coup d’envoi du projet: la santé mentale, les parents immigrants, le papa monoparental, la diversité familiale, l’adoption, etc. On fait ainsi éclater le modèle de la famille nucléaire pour accueillir plusieurs réalités.
Actuellement, un des principaux enjeux mis en lumière chez les parents travailleurs est le manque de places en garderie. Ça revenait constamment dans les échanges. Julie Chamberland constate aussi que des mentalités persistent dans certains milieux à prédominance masculine, où on continue de décharger les responsabilités familiales majoritairement sur les femmes.
Faire des entreprises des alliées
Le second volet du projet se concentre sur l’accompagnement gratuit en entreprise et dans les organismes pour valider, bonifier ou implanter des mesures de conciliation travail-famille. Ce programme d’accompagnement avait pour objectif de cibler les besoins de l’entreprise et d’assurer leur cohérence avec les mesures déjà en place, ou d’en proposer d’autres. 25 entreprises et organismes de partout dans les Laurentides ont complété le programme.
En clôture du projet, un évènement reconnaissance aura lieu le 18 novembre à 14h via la plateforme Zoom. Les organisations participantes se verront remerciées via la diffusion en primeur d’une capsule vidéo. Une belle programmation est planifiée et des prix de participation seront aussi remis. L’événement privé est accessible à toutes les organisations des Laurentides détenant son laissezpasser. Pour connaître tous les détails d’admissibilités à l’événement, vous pouvez communiquer avec Madame Julie Chamberland à l’adresse jchamberland@cielaurentides.com
Julie Chamberland témoigne d’une très belle ouverture des entreprises vis-à-vis l’enjeu de conciliation travail-famille. L’engouement s’explique aussi par la pénurie de main-d’oeuvre actuelle et la nécessité d’attirer des travailleurs. « Les entreprises veulent se distinguer pour attirer des candidats qualifiés. On sait que le salaire n’est plus la seule motivation, il y a aussi les conditions de travail. » Selon un sondage Léger mené auprès de 3 006 personnes en mai dernier, 89% des répondants considèrent que l’ouverture de leur employeur à l’égard de la conciliation travail-famille a un impact important sur leur motivation au travail. Même que 54% des personnes interrogées changeraient d’emploi pour de meilleures mesures de conciliation travail-famille. C’est maintenant un facteur majeur, autant à l’embauche que pour assurer une satisfaction au travail.
Sensible à la cause
Julie Chamberland a vécu un changement de carrière qui l’a ramenée sur les bancs d’école au cours de sa trentaine, alors qu’elle fondait une famille. Elle devait alors concilier le travail, la famille et les études. Naturellement, elle est très sensible à la cause et n’a pas hésité à proposer sa candidature pour le projet Coco- Boulot. Bien que celui-ci ait été pensé et planifié avant son arrivée en février 2020, elle a ensuite assuré son organisation. Celle-ci a d’ailleurs été chamboulée par la pandémie. D’un côté, la conciliation travail-famille est devenue plus importante que jamais étant donné la fermeture des écoles et des garderies, et la présence grandissante du télétravail. D’un autre côté, il était très difficile d’approcher les entreprises puisque celles-ci avaient d’autres priorités. Des ajustements ont été apportés. Notamment, le programme d’accompagnement a été allégé afin de mieux convenir aux limites des entreprises et au contexte pandémique.