Youri Chassin : un an après son départ de la CAQ
Par France Poirier
Le 12 septembre 2024, Youri Chassin, député de Saint-Jérôme, claquait la porte de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Il nous raconte ses motivations à devenir député indépendant.
« Il y a un an, on revenait d’un été où les sondages de la CAQ étaient déjà décevants. Je pense qu’on était dans le bas des sondages, entre 20 et 25 %, et surtout, on ne sentait pas la direction que le gouvernement allait prendre », se souvient le député. Il s’était préparé pour le caucus présessionnel de Rimouski.
« Les gens me disaient que ça ne s’améliore pas dans les services publics. On disait que le gouvernement faisait plein d’affaires, mais qu’on ne voyait pas de résultats. C’est ça le discours que j’ai pu porter au caucus, puis leur dire : « Je pense qu’on a une belle occasion de redresser la barre, de montrer vers quoi il faut aller, puis de ne pas se mettre la tête dans le sable, de voir la réalité en face et qu’il y a bien des affaires qui ne vont pas bien, alors qu’on avait promis beaucoup, qu’on avait monté les attentes. Qu’est-ce qu’on fait avec ça ? Il faut revenir à nos propres propositions. Toutes les solutions qu’il faut mettre en place, ce sont les solutions dont on a déjà parlé à la CAQ. C’est notre agenda caquiste. Revenons à nos valeurs, à nos idées fondamentales, puis mettons-les en application. » »
L’efficacité de l’État et des services publics
Le député de Saint-Jérôme voulait que la CAQ revienne à ses valeurs premières qui étaient l’efficacité de l’État. « Un an après mon départ de la CAQ, alors que les sondages se sont détériorés, le premier ministre ressort ce que je suggérais au caucus présessionnel et qu’il avait refusé à cette époque : l’efficacité de l’État », souligne Youri Chassin.
Pour lui, c’est impossible de tout faire, donc le gouvernement doit réfléchir. « Il y a des choses qui sont essentielles. Comment les réalise-t-on maintenant ? On n’est peut-être pas tout le temps obligé de le faire nous-mêmes. Par exemple, quand on parle des CPE, de services éducatifs à l’enfance, je trouve que c’est un bel exemple d’une bureaucratie qui s’est un peu multipliée dans toutes les directions. On veut que les parents puissent aller travailler et qu’ils aient accès à des places en service de garde accessibles et abordables, et que collectivement par nos impôts, on finance ce réseau », explique-t-il.
Pour le député indépendant, le gouvernement n’a pas besoin, dans le cas des CPE, d’être propriétaire des bâtisses, de devoir négocier des conventions collectives, de prescrire quels aliments vont faire partie du lunch et des collations, etc. Selon M. Chassin, ce n’est pas le travail du gouvernement. « C’est la partie où, si on se concentrait sur l’essentiel, comme de subventionner des places pour que les parents aient accès, eh bien on ferait peut-être pas mal mieux, puis il n’y aurait pas des listes d’attente, des pénuries et des bureaux coordonnateurs pour gérer les listes d’attente. C’est aussi ça, la bureaucratie qui se multiplie », ajoute-t-il.
M. Chassin souhaitait que la CAQ revienne à ce qu’elle était fondamentalement. Il s’est passé un an depuis qu’il a quitté le parti, et nous sommes maintenant à un an des élections. « Un an plus tard, je trouve que c’est pas mal ça qui s’est passé. Mais je ne suis pas heureux d’avoir vu ça dans ma boule de cristal et que la réalité me donne raison. Je pense qu’on aurait dû se ressaisir plus tôt. Ce que j’avais proposé et qui avait été rejeté, on le reprend aujourd’hui avec un an de retard. J’ai l’impression que [François Legault] le fait un peu en désespoir de cause et non par conviction. Je n’y crois pas », souligne-t-il.
Le député indépendant a d’ailleurs coupé sa carte de membre de la CAQ récemment. « C’est pour ça aussi que je ne suis plus membre de la CAQ. Je pense que c’est fini, la CAQ », explique-t-il.
Son avenir politique
Actuellement, M. Chassin voit des avantages à être député indépendant. Ça lui donne du recul pour dénoncer quand les discours publics lui paraissent vaseux. « Je regarde les prochains mois avec enthousiasme. Puis pour les élections de 2026, on ne sait jamais, il y a peut-être des circonstances extraordinaires qui vont se présenter. Je ne me fais pas trop d’illusions. Si je suis toujours indépendant à la veille des élections de 2026, si je n’ai rejoint aucun parti, j’ai peu de chances d’être élu. Il faut être en paix avec ça aussi », lance-t-il.
Mais est-ce qu’il y a un parti et ses propositions qui pourraient le rejoindre ? « En ce moment, je trouve qu’il n’y a aucun parti qui me rejoint assez, qui me séduit. Je n’ai aucun enthousiasme envers les propositions que j’entends pour l’instant », souligne le député.