Usine Mueller : un investisseur en vue
Par LpbwSAINT-JÉRÔME. Selon Stéphane Maher, maire de Saint-Jérôme, un distributeur québécois aurait démontré de l’intérêt pour l’usine Mueller, fermée depuis décembre dernier.
«On travaille avec un distributeur qui a démontré un certain intérêt. On est en pourparlers. Nous avons eu quelques rencontres. J’ai personnellement une rencontre de prévue avec ce distributeur et le Fonds de solidarité cette semaine», nous le premier magistrat.
On rappelle qu’un comité de travail composé du député de Saint-Jérôme, Pierre-Karl Péladeau, du maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, de Robert Teasdale, d’Investissement Québec ainsi que de Michel Ouimet, d’Unifor travaille ardemment à la relance de l’usine.
Au bureau de M. Péladeau, on nous confirme qu’un groupe est intéressé. « Ils sont à la phase de monter une étude de faisabilité du projet, peut-être avec le Centre local de Développement (CLD), pour le présenter à Investissement Québec. Oui, un groupe est intéressé, des démarches se font, on continue de travailler dans le dossier qui est rendu à un autre niveau plus technique et bureaucratique, mais on continue à suivre ce dossier qui nous tient à cœur», nous dit Nadine Soumis, l’attachée politique de M.Péladeau, après avoir parlé à ce dernier qui était, mardi, en tournée régionale à Sept-Îles.
Protectionnisme
Selon Martin Lavoie, directeur des politiques Manufacturiers et exportateurs du Canada, avec lequel le maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, est en contact depuis la fermeture de l’usine Mueller, les employés font les frais de politiques de type « Buy American », une mesure protectionniste américaine.
«Le Buy America, c’est une loi aux États-Unis qui permet au gouvernement fédéral, quand il finance des infrastructures, d’attacher des conditions de contenu local en terme de produits de l’acier. Donc, une compagnie canadienne de Montréal qui fait des tuyaux d’acier ne pourrait pas exporter pour ce projet-là » explique-t-il.
« Les usines aux États-Unis ont tout intérêt à exclure la compétition venue de l’extérieur. Ils font beaucoup de lobbying pour renforcer les lois du Buy America et ça nous dérange parce que ça dérange nos exportateurs ». Pourquoi? « Parce que, par exemple, si Saint-Jérôme construit un pont, la Ville ne va pas demander que l’acier soit canadien. Elle va l’ouvrir à tous dont les compagnies américaines. »
Or, selon lui, le fait que les compagnies d’acier canadiennes soient en compétition avec les compagnies américaines alors qu’elles ne peuvent pas participer aux projets américains amène, à long terme, une érosion du secteur manufacturier relié à l’acier.
Une des plus actives
M. Lavoie fait par ailleurs remarquer qu’East Jordan, la compagnie qui a racheté les actifs de l’usine Mueller de Saint-Jérôme est précisément une des compagnies les plus actives aux États-Unis pour promouvoir le « Buy America».
«Voilà l’exemple d’une compagnie qui fait tout pour exclure la compétition aux États-Unis et qui se dit pourquoi on garderait une usine ouverte à Saint-Jérôme quand on peut envoyer la production des États vers Saint-Jérôme s’ils ont besoin de tuyaux. C’est l’exemple parfait de ce que le « Buy America» nous amène à long terme".
C’est pourquoi Martin Lavoie invite les municipalités québécoises, dont Saint-Jérôme, à adopter une politique de réciprocité « Ce que je dis au maire de Saint-Jérôme c’est : la prochaine fois que vous achetez des tuyaux, construisez un pont, faites n’importe quoi en acier, invitez à soumissionner seulement les compagnies canadiennes ou les compagnies européennes.»
«Une telle politique de réciprocité aurait empêché la fermeture de l’usine de St-Jérôme», croit-il.
« On est pour le libre-échange, mais pas à n’importe prix. Ce qu’on demande au maire Coderre (Denis, de Montréal) et au maire de Saint-Jérôme, c’est de créer une solidarité, que tous les maires se tiennent debout, en plus de donner aux manufacturiers québécois une chance de concurrencer «à armes égales» avec les compagnies américaines qui bénéficient des politiques protectionnistes.»
« Pour moi la fermeture de l’usine Mueller est symbolique. J’invite M. Maher à devenir un porte-étendard des secteurs manufacturiers de l’acier. La fermeture de l’usine n’est pas due à des facteurs macroéconomiques normaux de compétition saine, mais à des facteurs de politiques. La perte de ces jobs n’a pas sa place. »
« On espère que M Maher fasse voter une résolution contre le «Buy America» à son conseil, conclut-il, ajoutant que le gouvernement du Québec pourrait aussi obliger les municipalités à adopter une politique de réciprocité dans ses achats publics pour forcer à favoriser l’achat local. »
Rappel des faits
Rappelons que le 18 décembre dernier, l’employeur a brutalement annoncé la fermeture complète de ses opérations. Le syndicat a appris la nouvelle en même temps que les 71 travailleurs. Mueller Canada est une compagnie américaine qui est spécialisée dans la fabrication de couvercle d’aqueduc en fonte. L’employeur a vendu les carnets de commandes ainsi que les moules à un compétiteur américain, East Jordan, qui a décidé de transférer la production aux États-Unis. Les principaux clients de cette entreprise étant les municipalités.
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