Maryse Campeau tente de mettre sur pied un projet-pilote pour offrir des services d’orthophonie plus rapidement aux enfants.
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Une intervention précoce qui permet des économies à long terme

Par Lpbw

SANTÉ. Un groupe d’orthophonistes de la région des Laurentides a entamé des démarches auprès du gouvernement, afin d’augmenter le ratio provincial d’orthophonistes par 100 000 enfants de 0 à 17 ans permettant ainsi des interventions précoces.

«L’Ontario affiche actuellement un taux de diplomation en cinquième secondaire de 85,5 % comparé à 77,7 % au Québec. Le programme ontarien de rééducation de la parole et du langage n’est pas étranger à cet accomplissement, puisque les apprentissages en classe sollicitent continuellement les habiletés langagières expressives et réceptives en modalités orales et écrites», a mentionné Maryse Campeau, orthophoniste et porte-parole du groupe Orthophonie Laurentides.

Notons que les recommandations du rapport de la Commission de la révision permanente des programmes Cap sur la performance, présentées en juin 2015, allaient dans ce sens.

Accroissement démographique

La région des Laurentides est la seule à connaître un accroissement démographique continu depuis 10 ans et qui se poursuivra encore pendant 20 ans. Il n’y a pas eu d’ajout de poste en première ligne 0-5 ans depuis les derniers 20 ans, ce qui explique la détérioration de l’accès aux services, d’année en année. Le temps d’attente pour les cas sévères est souvent de 2 ans.

«De façon urgente, nous demandons au gouvernement de financer un projet-pilote de 3,55 millions de dollars dans la région des Laurentides. Le ratio actuel d’orthophonistes est de 17,8 postes par 100 000 habitants et nous voulons l’augmenter à 30. À Montréal, ce taux est à 37 et malgré tout, de nombreux trous de services y sont encore identifiés», a précisé Mme Campeau.

Cet ajout de fonds visera d’une part la réduction des temps d’attente dans tous les secteurs et, d’autre part, le développement de l’offre de services en promotion-prévention-intervention précoce des 0-3 ans.

Des économies à long terme

Le groupe d’orthophonistes s’appuie sur les données de James Heckman, récipiendaire du prix Nobel d’économie, et l’Institut national de santé publique du Québec qui soulignent que 70 % des services devraient être offerts très tôt dans la vie de l’enfant de façon continue et significative jusqu’à 8 ans.

M. Heckman a démontré que les sommes investies en 0-3 ans constituent un investissement extrêmement rentable. «1$ investi sauvera de 7 à 10$ plus tard», a-t-il indiqué. L’intervention précoce qualifiée atténue l’impact des difficultés langagières sur les apprentissages et la réussite scolaire.

«À long terme, si nous permettons, ne serait-ce qu’à 5 % de plus d’enfants de décrocher un diplôme, puis un emploi, même au salaire minimum, c’est un revenu global annuel de 94 M$ pour seulement une cohorte. Le taux de diplomation passerait de 77,7 à 82,7 %. Une fois adultes, ces citoyens risqueraient moins de se retrouver à l’aide sociale, doublant pratiquement les sommes économisées par l’État», a fait savoir Mme Campeau qui rappelle que les parents d’enfant en difficulté doivent fréquemment arrêter de travailler et certains vivent de l’épuisement ou une dépression en attente des services.

«En agissant vite, on préserve la santé mentale des parents et on réduit la pression sur les services médicaux et psychosociaux», a-t-elle ajouté.

Le groupe présentera son rapport à différents organismes de la région ainsi qu’au gouvernement provincial.

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