Stéphane Maher reconnu coupable : La juge ne l’a pas cru
Par France Poirier
La juge Maria Albanese n’a pas cru le témoignage du maire de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, qu’elle a qualifié être parsemé d’invraisemblances et de réponses évasives. De plus, elle ajouté qu’il démontrait des signes d’impatience face aux témoignages des ex-conseillers Marion et Fauteux.
Elle a souligné que la Cour ne croyait pas le témoignage du défendeur. Stéphane Maher stipulait que c’était le conseiller Mario Fauteux qui avait dirigé la conversation lors de l’enregistrement dans lequel il demandait à ce dernier de ne pas se présenter à l’élection de 2017 et qu’il lui proposait un poste de prestige. Dans son jugement, la juge explique que l’on entend clairement le maire initié la proposition de l’emploi.
Pour la juge Maria Albanese, il n’y a aucun doute que d’attendre la dernière journée pour le dépôt des candidatures, soit le 6 octobre 2017, pour aviser les conseillers Fauteux et Marion n’était pas une stratégie politique comme le disait le maire. « Comment pouvait-il offrir des postes de prestige à des gens qu’il ne voulait plus dans son équipe. Et de dire qu’il les aiderait à faire signer leur carte de candidature afin qu’ils se présentent comme candidat indépendant, ce n’est pas crédible. En principe, c’est possible, mais en pratique comment pouvaient-ils à moins d’un mois des élections s’organiser et expliquer pourquoi ils changeaient de parti alors qu’ils étaient dédiés au Parti Vision Saint-Jérôme », souligne la juge.
Enregistrement
Elle explique dans son jugement que les deux conseillers souhaitaient se présenter au sein du parti pour lequel ils étaient impliqués. Selon elle, ils ne comprenaient pas pourquoi, le maire ne voulait pas faire de sortie publique pour présenter son équipe et attendre jusqu’à la dernière journée. Le maire prétendait que c’était pour se faire élire par acclamation. Mario Fauteux, qui a une expérience comme organisateur d’élections, s’est questionné à ce sujet et a décidé d’enregistrer la rencontre avec le maire prévue le 6 octobre 2017, enregistrement qu’il ne savait pas qu’il servirait de preuve pour accuser le maire de Saint-Jérôme.
Peine minimale
Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) accusait Stéphane Maher d’avoir incité deux conseillers municipaux à ne pas se représenter aux élections de 2017 en leur promettant des postes de prestige.
L’avocate du Directeur général des élections a demandé la peine minimale de 5 000$ par chefs d’accusation soit 10 000$ au total. De plus, la loi électorale stipule à l’article 645,1: « La personne déclarée coupable d’une infraction qui est une manoeuvre électorale frauduleuse perd, pour une période de cinq ans à partir du jugement, le droit de se livrer à un travail de nature partisane. »
Appel
Stéphane Maher aura trente jours pour déposer une demande en Cour d’appel s’il le désire. « J’aimerais qu’on aille en appel, j’ai trouvé que la juge avait été dure envers mon client. C’est certain que ce sont des coûts, mais si nous allons en appel je serais plus incisif. Mon client va prendre le temps de réfléchir au jugement, ce sera sa décision », a souligné Me Robert Brunet à la sortie de la cour. Stéphane Maher s’est refusé à tout commentaire, lui qui se disait très confiant à son arrivée au Palais de justice.