Rhéal Fortin prêt à reprendre le boulot
Par France Poirier
Élu lors de l’élection fédérale du 28 avril dernier pour un quatrième mandat, Rhéal Fortin se dit prêt à reprendre le travail comme député du Bloc québécois dans Rivière-du-Nord. Le prochain Parlement sera différent et cela apporte des défis différents, selon lui. Entrevue.
« Le gouvernement sera minoritaire comme ceux de 2019 et de 2021. Ça veut dire que le gouvernement en place devra s’entendre avec un des partis de l’opposition pour passer tous les projets de loi qu’il veut passer. Ça ouvre des portes pour nous de modifier des projets de loi de façon consensuel avant de les faire adopter. Par exemple, si une disposition d’un projet de loi ne convient pas au Québec, on va demander de le modifier. On va être capable de travailler. C’est intéressant », explique M. Fortin.
La question en suspend est : combien de temps va durer ce gouvernement minoritaire ? « Le Nouveau Parti démocratique (NPD) va-t-il jouer dans le même jeu que la dernière fois et appuyer systématiquement les libéraux, de peur de déclencher des élections ? La seule force du NPD sera un pouvoir de nuisance, à mon avis. Le Parti vert n’a qu’une députée. Elizabeth May est là depuis longtemps : ça ne changera pas grand-chose. Il va rester les conservateurs. Est-ce qu’ils vont faire de l’obstruction comme ils l’ont fait au cours de la dernière année ? On se sait pas. Pierre Poilievre n’a pas été élu dans son comté. Il y aura aussi un chef intérimaire. Est-ce qu’il va demeurer chef même s’il n’est pas élu ? Il y a beaucoup de questions en suspend. On rejoue dans le même film que celui qui nous occupait depuis 2019 », souligne le député d’expérience.
Ses priorités
Sur la scène nationale, le Bloc québécois avait deux dossiers prioritaires : les aînés et la gestion de l’offre. La gestion de l’offre affecte peu Saint-Jérôme, mais avec la nouvelle carte électorale, Rhéal Fortin se retrouve avec Sainte-Anne-des-Plaines, dont 92 % du territoire est agricole. Ça devient donc un enjeu parmi les priorités de Rivière-du-Nord.
« On veut protéger la gestion de l’offre, surtout qu’on s’apprête à négocier avec les Américains qui, eux, vont vouloir entrer dans le marché agricole : le lait, les oeufs, etc. On va devoir être vigilants là-dessus. C’est une priorité », souligne le député bloquiste.
La question des aînés est aussi un grand enjeu, explique M. Fortin. « Nos aînés ont été lésés par le dernier gouvernement libéral. Est-ce que Mark Carney va maintenir la même ligne ou va-t-il accepter de rajuster les pensions des aînés de 65 à 75 ans pour les mettre au même niveau que les 75 ans et plus ? On demande ça depuis longtemps et on va continuer de travailler fort sur ce dossier. C’est un dossier qui préoccupe beaucoup de gens dans Rivière-du-Nord. On a beaucoup de retraités ici qui ont passé une partie de leur vie en ville et qui se sont installés ici après », ajoute le député.
Évidemment, le terrain de l’ancien immeuble Taillon, sur lequel le gouvernement fédéral veut rebâtir un centre carcéral communautaire, fait aussi parti des dossiers prioritaires. La Ville de Saint-Jérôme est d’ailleurs en litige avec le gouvernement à ce sujet. « J’ai hâte de connaître le nouveau ministre de la Sécurité publique pour discuter avec lui. Le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier, a clairement signifié qu’il ne lâcherait pas le morceau à ce sujet. Je compte être derrière lui à 100 %, et même chose avec son successeur. Je pense que, peu importe les élections de l’automne au municipal, ce dossier va demeurer prioritaire », souligne M. Fortin.
Il y a aussi Lion électrique, une priorité dans Rivière-du-Nord. « On sait ce qui est arrivé à Lion et, pour moi, c’est en partie à cause du gouvernement fédéral qui n’a pas livré les engagements de Justin Trudeau. Pour les autobus, on devait avoir plein de nombreux contrats, mais les subventions n’ont pas suivi selon les sommes prévues. C’est un dossier sur lequel je veux revenir. Les véhicules électriques sont là pour rester, qu’on le veuille ou non. On veut que le gouvernement ramène les transferts aux municipalités avec partout des infrastructures qui tombent en ruine. On va être aux aguets », conclut le député de Rivière-du-Nord.