Mirabel s'inquiète de l'avenir d'un joyau de son patrimoine
Par Lpbw
PATRIMOINE. La Ville de Mirabel s’inquiète de la façon dont le Cégep de Saint-Jérôme veut se départir du Manoir de Belle-Rivière, qui lui a été cédé en 1988 par le gouvernement du Canada pour 1$ symbolique, à condition qu’il soit utilisé à des fins d’enseignement général et professionnel.
Situé dans le secteur de Sainte-Scholastique, cet immeuble classé patrimonial, construit par les sulpiciens en 1804, figure parmi les plus anciens manoirs de la région métropolitaine de Montréal. «Ce joyau témoigne de plus de deux siècles d’histoire et fait partie du patrimoine de notre municipalité», a affirmé le maire Jean Bouchard, qui souligne l’importance d’en perpétuer la vocation publique. Alors que le Cégep a l’intention d’aliéner ce bâtiment, la Ville de Mirabel souhaite grandement l’acquérir.
Selon la Ville de Mirabel, le Cégep refuse de considérer toute offre qui soit en deçà de sa valeur marchande, qui dépasse les 800 000$. Une situation que déplore la Ville, d’autant plus qu’elle est susceptible de mener à la vente du manoir à des intérêts privés. «Nous convenons que des sommes ont été investies pour rénover cet immeuble, mais le prix demandé est totalement déraisonnable, vu son acquisition pour 1$», a critiqué M. Bouchard.
Expropriations
C’est dans le contexte des expropriations liées à l’aéroport de Mirabel, ayant causé un tort considérable aux citoyens et à la Municipalité, que le manoir a été cédé au Cégep de Saint-Jérôme. Pour la Ville, favoriser la protection de cet héritage de grande valeur au profit de la collectivité serait le moins que les autorités puissent faire pour honorer un devoir moral de réparer les erreurs du passé.
«Il est inacceptable que le Cégep ne privilégie pas de s’entendre avec la Ville. Il s’agirait d’un vol à la population mirabelloise que de faire passer cette précieuse richesse culturelle et naturelle aux mains du privé», a ajouté le maire.
Mirabel interpelle les ministres
Ainsi, la Ville de Mirabel interpelle publiquement les ministres Hélène David et Luc Fortin, respectivement responsables de l’Enseignement supérieur et de la Culture et des Communications, afin qu’ils favorisent des discussions pouvant mener à une entente plus raisonnable entre le Cégep et la Ville de Mirabel.
«Nous devons pouvoir assurer à nos citoyens que ce bâtiment restera dans le patrimoine mirabellois, et nous attendons la collaboration des élus en ce sens, a demandé Jean Bouchard. Nous avons obtenu l’appui de nos députés, qui ont exercé, tout comme nous, des pressions auprès des autorités. Nous les interpellons à nouveau, leur demandant d’en faire plus pour ce bâtiment qui revient de droit aux Mirabellois», indique-t-il.
Ultimatum
Dans une lettre datée du 6 juin, le Cégep donne un ultimatum de moins de 30 jours à la Ville pour manifester son intérêt quant à l’acquisition du manoir avant sa mise en vente, précisant son intention ferme d’en obtenir la valeur marchande. «Il est inadmissible que les autorités concernées, soit les ministres Hélène David et Luc Fortin, de même que nos députés, laissent le Cégep de Saint-Jérôme dépouiller les citoyens de Mirabel de leur patrimoine et de leur histoire, sans dire un mot», a conclu le maire Bouchard.
Réponse du Cégep
De son côté, le Cégep de Saint-Jérôme rappelle que c’est le département des Travaux publics Canada qui détient les droits sur le bâtiment et que c’est cet organisme fédéral qui aura le dernier mot dans la vente du Manoir de Belle-Rivière. «La direction du Collège est ouverte à la discussion et il est clair que la Ville de Mirabel est un acquéreur naturel. Nous démontrons beaucoup d’ouverture afin que tous y trouvent son compte et des négociations sont en cour», a mentionné Guylaine Gagner, coordonnatrice au Service des communications au Cégep de Saint-Jérôme. En date du 22 juin, Mme Gagner a mentionné que les négociations se sont accélérées.