Mario Fauteux met fin à 50 ans de vie politique
Par France Poirier
De la politique, il en mange depuis ses années au Cégep de Trois-Rivières. Après 50 ans d’implication politique à tous les niveaux, il fait face à « l’usure et le manque de motivation » pour mener une autre campagne électorale. Il a beaucoup donné, et le chemin n’a pas toujours été facile pour Mario Fauteux, conseiller municipal sortant de la Ville de Saint-Jérôme. Par ses réalisations et son parcours, il aura marqué l’histoire de la vie politique à Saint-Jérôme.
Tout commence en 1976. Alors qu’il étudie au Cégep de Trois-Rivières, M. Fauteux commence à s’impliquer en politique provinciale. De retour à Saint-Jérôme en 1978, il entame sa carrière professionnelle à la Rolland. « C’était pas compliqué : si ton père avait travaillé là, c’était ça ton CV. Et mon père, ça faisait 35 ans qu’il était là. C’était de père en fils », explique Mario Fauteux.
Son implication au PQ et au Bloc
Devenu membre du Parti québécois, il suivait toutes les activités du parti à cette époque-là : les rencontres, les assemblées générales, etc. « J’ai été très impliqué dans le mouvement. Il y a eu un schisme en 1984 avec le beau risque fédéral de René Lévesque. Et là, le PQ s’est cassé en deux », explique-t-il.
« Il y avait eu la gang de Jacques Parizeau, Camille Laurin, Jacques Léonard, Louise Harel, Gérald Godin. Il y avait onze personnes qui étaient sorties du PQ ce jour-là au congrès de Montréal. J’étais présent », se souvient Mario Fauteux.
« Et ça, ça avait été toute une histoire. Ça fait drôle à dire, mais c’était plutôt dans un mouvement de contestation de Pierre-Marc Johnson, qui voulait faire dévier l’option et envoyer l’article 1, qui était la souveraineté, à l’article 6 », ajoute M. Fauteux.
Celui-ci a été co-directeur de la campagne de la bloquiste Monique Guay à sa convention. « J’avais été responsable de la sortie de vote à l’élection fédérale en 93. En 94, là, j’ai dirigé la campagne électorale de Daniel Paillé », ajoute-t-il.
Puis, il termine avec le référendum de 95, dont il a été le directeur de campagne. À ce moment-là, ses filles ont 9, 6 et 5 ans. Mais Daniel Paillé quitte, cause d’une mésentente avec Lucien Bouchard. « Et là, j’ai songé à me présenter, mais je ne cadrais pas avec l’image de Lucien Bouchard. Mon homme, c’était Jacques Parizeau », raconte Mario Fauteux.
Implications aux élections municipales
Ainsi, M. Fauteux s’implique à l’élection municipale de 2001 dans Saint-Jérôme, comme organisateur de terrain pour Marc Gascon. C’était l’élection des fusions municipales et il ne voulait pas manquer ça .
Puis en 2013, il devient candidat dans l’équipe de Stéphane Maher. « C’est là que débute mon parcours municipal comme conseiller. » Il réalise son premier mandat en travaillant à l’acquisition du parc du Lac-Jérôme, un projet qui lui tenait à coeur. Il souhaitait le protéger dans un 2e mandat mais…il se fait tasser.
Pour l’élection de 2017, le maire Stéphane Maher use de malversations électorales pour empêcher les candidatures de Mario Fauteux et d’André Marion. « On dérangeaient avec nos projets qui n’étaient pas dans ses priorités », souligne-t-il.
« Il nous avait dit d’attendre à la dernière minute pour déposer nos candidatures, qu’on le ferait tous en même temps pour être élus par acclamation. Et finalement, à la dernière journée, il me dit que je ne serai pas son candidat et me propose à la place des postes de direction dont celui du parc régional. J’ai enregistré cette discussion. Je voulais me souvenir de ce qu’il me dirait. J’ai été terriblement déstabilisé », explique Mario Fauteux.
Cette épisode l’a brisé, lui et sa famille. « Ma femme et mes filles savaient que j’étais triste. Parce que j’avais plein d’idées pour le lac Jérôme que j’avais entrepris dans le précédent mandat. Alors qu’eux autres n’avaient aucun intérêt à poursuivre ce que je faisais. Je voyais bien qu’ils pensaient développer autour du lac Jérôme. Ils voulaient même passer les chemins. Et c’était ma plus grande crainte. Mon bébé était en danger. Parce que c’était l’éco-quartier, leur projet », souligne-t-il.
On connaît la suite : Stéphane Maher a dû quitter la mairie en 2020 après avoir été reconnu coupable de malversations électorales, en grande partie grâce à l’enregistrement de M. Fauteux.
Ce dernier revient ensuite comme conseiller lors de l’élection de 2021, dans le but de poursuivre la protection de la forêt du lac Jérôme. « J’ai travaillé là-dessus tellement fort. Et là, je peux partir à la fin de mon mandat avec la satisfaction du devoir accompli ». L’entente que la Ville a signée, il y a quelques semaines, pour la protection de 6 millions de pieds carrés de la forêt du lac Jérôme, est le résultat de ses efforts.