Le procès vu de l'intérieur
Par Lpbw
TÉMOIGNAGE. Notre journaliste France Poirier a vécu toute une expérience professionnelle en assurant quotidiennement la couverture du deuxième procès de Guy Turcotte.
Pour une première fois, France jouait le rôle de l’interviewé plutôt que celui de l’intervieweuse. C’est avec une note de fierté qu’elle nous a raconté son aventure qu’elle considère enrichissante. Avec satisfaction, puisqu’elle a assuré une couverture médiatique pour l’ensemble des hebdos de TC Media, et ce, auprès de journalistes expérimentés dans le domaine judiciaire et cumulant plusieurs années derrière la cravate.
Dès les premières journées du procès, elle a été surprise par la complicité et l’entraide qui régnaient entre les journalistes des différents médias. «Je considère que la couverture de ce procès est ma plus belle expérience de travail, en 20 ans de carrière. Je me suis faite une tout autre opinion du système judiciaire. J’ai pu voir les deux côtés de la médaille dans un procès d’une telle envergure, sans toutefois oublier le drame humain», a raconté France Poirier qui en était à sa première couverture médiatique d’un procès.
Elle ajoute avoir un grand respect pour les gens qui occupent le rôle de juré. «De l’extérieur, nous nous formons une opinion sans connaître tous les éléments. Mais ces citoyens qui forment le jury doivent se pencher uniquement sur la preuve présentée en cour. J’ai également apprécié le travail des avocats qui, lors des plaidoiries, rassemblent les éléments des différents témoignages entendus tout au long du procès pour en faire une histoire», a-t-elle souligné.
Un drame humain
«C’est un drame humain pour les deux familles. C’est un procès médiatisé et controversé qui affecte bien des gens. La famille, les amis, des médecins, des collègues se sont retrouvés au palais de justice afin de témoigner. Ils vivent, pour une troisième fois, les événements. Nous développons une empathie envers ces témoins», a souligné la journaliste.
Pour son bien-être personnel, France a choisi délibérément de baisser les yeux alors que des images des enfants décédés étaient projetées dans la salle du palais de justice de Saint-Jérôme. «En début de procès, j’ai eu de la difficulté à dormir. J’en rêvais», a précisé France qui ajoute qu’elle prenait davantage conscience des dires des témoins alors qu’elle écrivait ses articles en fin de journée. «Durant le procès, je me concentrais à écrire tout ce que j’entendais. Je ne réalisais pas nécessairement l’ampleur des témoignages à ce moment-là.»
Les délibérations
Pendant sept jours, la journaliste du réseau TC Media s’est rendue au palais de justice dans l’attente d’un verdict. «C’était stressant. À tout moment, il pouvait y avoir un verdict. Mon stress a monté d’un cran alors qu’ils ont annoncé qu’une décision allait être rendue. Je me suis sentie impliquée émotionnellement puisque je savais qu’un des deux côtés de la salle serait déçu. J’avais une certaine crainte de la réaction des gens. Mais ça s’est passé dans le calme et le respect. Le juge avait averti les gens qui ne pouvaient contenir leurs émotions de quitter la salle avant que le verdict ne soit prononcé», a raconté Mme Poirier.
Cette dernière conclue qu’en plus d’avoir eu à se surpasser professionnellement, elle a appris à émettre des opinions plus pondérés face à de tels drames.
Le procès en chiffre
Au total, TC Media a envoyé un journaliste ainsi qu’une photographe au palais de justice de Saint-Jérôme pour 42 jours. Rappelons que le procès s’est déroulé entre le 14 septembre et le 6 décembre.
Devant écrire un article par jour, parfois deux, 46 articles ont été publiés par nos journaux dans le cadre du procès Turcotte.
Quatre calepins de notes ont été utilisés pour transcrire les témoignages sur plus de 1000 pages.
Notre photographe Élaine Nicol a dégainé son appareil photo plus de 1000 fois pour ce procès.
À coût de 13$ par jour, plus de 500$ ont été déboursés pour le stationnement au palais de justice.
Notre journaliste a eu besoin de plus de 80 cafés pour tenir le coup lors de ces longues journées!