« Je ne sais pas s'il y aura un lendemain » – Ginette Anfousse

Par Lpbw

FAILLITE. La faillite de la maison d’édition de littérature pour la jeunesse, La courte échelle, a provoqué une onde de choc. Pour Ginette Anfousse, Laurentienne qui y a publié une cinquantaine de titres, c’est toute sa vie, sa carrière, qui est pris en otage.

« C’est une Loi fédérale qui s’applique et non la nôtre; ça veut dire que nos personnages, nos droits d’auteurs, actuellement, c’est le syndic qui les a dans les mains. Ils essayent de trouver un acheteur pour La courte échelle, mais, dans tous les cas, on ne peut pas décider d’aller chez un éditeur et de renégocier avec eux, et (de plus) tout le monde veut se payer avant nous », explique l’auteure, membre de l’Association des auteurs des Laurentides (AAL) et de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ).

La maison d’édition La courte échelle est la première qui s’est spécialisée en littérature jeunesse au Québec. Et les livres de Ginette Anfousse sont les premiers qu’ils ont publié : « ceux de ma série mon ami Pichou! Ça fait 35 ans que je suis avec eux. C’est presque toute ma vie qui est là », se désole l’Illustratrice, conteuse et romancière pour enfants.

Beaucoup de ses titres sont encore au catalogue, sont encore achetés, traduits en plusieurs langues, la Bibliothèque nationale a acheté tous ses dessins de la série Pichou : « c’est toute ma carrière qui est là et tout "s’effoire" d’un coup et je ne sais pas où ça s’en va, s’il y a un lendemain », dit-elle encore.

Ainsi Pichou, Rosalie et Arthur (Belhumeur, fils d’un propriétaire du magasin de farces et attrapes de la ville de Saint-Jérôme!) rejoindront Léon le cyclope de Annie Groovie et les personnages de tous les autres auteurs et illustrateurs de la Courte échelle, enfermés derrière les barreaux d’une Loi fédérale qui fait préséance sur leur contrat depuis la faillite de La courte échelle le 10 octobre dernier.

En effet, selon le syndic de faillite, la clause que l’on trouve dans tous les contrats de droits d’auteurs au Québec qui mentionne qu’en cas de faillite de la maison d’édition les auteurs récupèrent leurs droits serait invalidée par la Loi fédérale sur la faillite

500 auteurs se retrouvent sans éditeur

Ginette Anfousse explique que les chèques de redevance de droits d’auteur de cette année et de l’année ont rebondi, mais le pire pour elle concerne les contrats « on avait des contrats qui disaient que, si la maison d’édition faisait faillite, on reprenait nos droits, c’est catastrophique pour les auteurs de La courte échelle (500 illustrateurs et auteurs) ».

Mme Anfousse nous dit que presque tous les auteurs et illustrateurs « jeunesse » ont publié à la Courte échelle : « la qualité est indiscutable, elle était aimée connue. Beaucoup d’enfants du Québec ont appris à lire et développer le goût de lire avec La courte échelle ».

« C’est triste. Le plus triste c’est que cette maison d’édition qui représentait beaucoup, ne sera plus là, et tous nos personnages, on ne sait pas quand, ni ou, ni comment, on va les retrouver! »

En effet, les auteurs s’inquiètent de perdre le contrôle de leur œuvre et de leurs contrats. Ces derniers se retrouvent à la fois faire partie de l’actif, via le catalogue, autant que des créanciers

Par ailleurs, la ministre de la Culture Hélène David s’est engagée jeudi dernier à venir en aide aux auteurs et illustrateurs touchés par la faillite des éditions.

Pauline Vincent, la présidente de l’Association des auteurs des Laurentides (AAL) nous dit que dans la région, il y a plus de 30 auteurs jeunesse, dont certains ont perdu aussi leurs titres et leurs droits d’auteur avec la faillite de Benjamin. (L’ancien distributeur Messageries de presse Benjamin est aussi sous la protection de la Loi sur la faillite).

« Au moins 500 auteurs se retrouvent actuellement sans éditeur », a déclaré Danièle Simpson, présidente de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ).

Au moment de mettre sous presse, le Journal Le Nord n’avait pas de réponse du député fédéral Pierre Dionne Labelle, invité à commenter.

La courte échelle est le pionnier de la littérature jeunesse au Québec, l’éditeur aurait vendu 10 millions de livres à travers le monde. Le montant de ses dettes dépasserait les 4 millions de dollars.

Mardi (4 novembre) le Journal Le Nord apprenait qu’un nouvel appel d’offres était lancé. Les cinq inspecteurs de faillite nommés lors de la première assemblée des créanciers de La courte échelle qui a eu lieu à Montréal vendredi dernier en présence d’une soixantaine de personnes dont de nombreux auteurs et illustrateurs sont Francis Farley-Chevrier de l’UNEQ, Ba-Lam Nguyen de la Caisse de la culture, Sophie Labesse de la SODEC, Paul Benjamin des Messageries Benjamin et Lucie Demers de Filaction.

La courte échelle

La courte échelle s’est placée en faillite, le 10 octobre dernier. La courte échelle, c’est près de 800 titres. Un catalogue de 543 auteurs et illustrateurs et 132 auteurs et illustrateurs qui attendent pour plus de 300 000 $ de droits d’auteur

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