Ils réapprennent à vivre
Par France Poirier
Malgré leur jeune âge, Jade et Jean-Simon ont vécu de gros bouleversements. Toxicomanes, ils sont présentement en thérapie fermée au Portage pour une durée de six mois.
Jade, 18 ans, a commencé la consommation de drogue à l’âge de 12 ans. Elle se qualifie de personne intense et dans les extrêmes. Elle a été sur les speeds durant quatre ans. « C’était mon mode de vie jusqu’à ce que je passe près de la mort à cause d’une surdose. Mes parents, qui ne savaient rien de ma consommation, m’ont soutenue et encouragée lorsque j’ai décidé d’entreprendre une démarche de thérapie pour m’en sortir », souligne Jade. Il lui reste deux mois de thérapie pour compléter son parcours au Portage et elle en est très fière. Elle explique que ce n’est pas toujours facile, mais qu’elle est là pour les bonnes raisons. « Un matin, je me suis réveillée et j’ai réalisé que la vie était belle. Je réapprends à vivre », explique Jade. Au Portage, elle a pu compléter son 5e secondaire et est même inscrite au cégep pour la session d’hiver. « Je veux travailler en réinsertion sociale pour aider d’autres personnes qui vivent des situations difficiles. »
Jean-Simon, 17 ans, a connu aussi un parcours difficile
Il a commencé la consommation de drogue au début de l’adolescence jusqu’à ce qu’il se retrouve à l’hôpital à la suite d’une psychose toxique. « Mon père a vu mon état se dégrader. Mes parents ne se doutaient pas que ma consommation était rendue à ce point. Je ne fonctionnais plus à l’école où j’ai été expulsé. Mes parents m’ont soutenu malgré tout et à la suite d’un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), j’ai dû faire face à un choix : le Centre jeunesse à Huberdeau ou la thérapie. J’ai choisi la deuxième option et même si c’est difficile, je ne regrette pas ce choix », souligne Jean-Simon, qui a complété son premier mois au Portage. Il dit devoir faire encore le deuil de sa vie d’avant, mais est fier de son parcours jusqu’à maintenant. Tout comme Jade, il souhaite aussi travailler en intervention en délinquance. Pour l’instant, il est en train de compléter son 5e secondaire au Portage.
Au sujet de la légalisation de la marijuana, Jade et Jean-Simon ne croient pas que les jeunes vont consommer plus, mais qu’au moins, s’ils consomment de la drogue légale, il n’y aura pas de « marde » dedans. Ils sont d’avis qu’il y aura encore du marché noir malgré tout.
Thérapie pour adultes
Maxime, 25 ans, est au Portage depuis trois mois et demi. Il était éducateur spécialisé depuis l’âge de 20 ans, puis la rencontre d’un copain qui consommait, avec qui il a commencé sa consommation, a fait basculer sa vie. « Avec lui, j’étais dans une relation malsaine dans laquelle j’ai vécu la violence jusqu’à l’agression sexuelle. Nous nous sommes laissés et j’ai continué à consommer », raconte Maxime, qui a complété plus de la moitié de sa thérapie au Portage. Sa consommation lui a tout fait perdre, son appartement et son travail à la suite d’une dépression. « En deux ans, j’ai tout perdu. Je me suis retrouvé chez mes parents jusqu’à ce qu’à la suite d’une crise, on a dû appeler la police et je me suis retrouvé en psychiatrie à la suite d’une surdose, ce qui m’a mené au Portage où je fais ma thérapie et ça se passe bien. Je vois les progrès et mes proches qui me soutiennent aussi. Je suis fier de moi et j’ai retrouvé l’estime que j’avais perdue », ajoute Maxime.