Football scolaire : les Couguars ont pelleté eux-mêmes le terrain de football
Par Luc Robert
En plus de peaufiner leur stratégie préparatoire, les Couguars de Cap-Jeunesse ont dû pelleter eux-mêmes la surface synthétique du terrain de football de la Polyvalente de Saint-Jérôme, en prévision de la grande finale D4 de Laurentides-Lanaudière qui s’est tenue le samedi 15 novembre dernier.
La formation rouge et noire a accompli la besogne en plusieurs fois, de mercredi à vendredi soir, sur l’immense surface de 110 verges, sans compter les deux zones de buts. Un peu à la façon des Packers de Green Bay de la LNF, l’équipe juvénile a même lancé un appel aux parents, aux amis et à la population sur Spotted et via un courriel interne de l’école de Cap-Jeunesse pour terminer le travail à temps.
« On ne pouvait malheureusement utiliser aucune souffleuse-déneigeuse, mais uniquement des pelles en plastique. Nous allions au terrain avec nos outils vers 16h30 pour avancer le travail amorcé mercredi dernier. Merci d’avoir aidé nos ados ! », ont souligné les Couguars sur leur page Facebook.
Une première
Une couche de glace et près de deux pieds de neige accumulés rendaient le terrain quasi impraticable à l’entraînement. Le Centre de service scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN), à qui appartient l’infrastructure (conjointement avec le Cégep), a souligné ne pas avoir été informé de la problématique.
« Depuis l’inauguration du terrain, le 30 août 2011, c’est la première fois que ce type de situation se produit, du moins à ma connaissance. Nous n’avons jamais été informés d’un quelconque inconvénient lié à la neige sur le terrain synthétique et nous n’avons jamais eu à faire l’acquisition de ce type de matériel (souffleuse ou brosse mécanique) », a expliqué d’entrée de jeu Mme Nadyne Brochu, agente de développement et de communication au CSSRDN.
Les dirigeants des Couguars ont refusé de commenter la situation, mais Le Nord a appris de source sûre que des appels à ce sujet ont été effectués auprès du régisseur des plateaux et à la vie étudiante, au Service des ressources éducatives du CSSRDN.
La situation n’est pas sans rappeler la conquête de la Coupe Grey des Alouettes de Montréal en 1977, pendant que sévissait une tempête au Stade olympique. La première génération de gazon synthétique était si glissante en novembre que les joueurs avaient appliqué des agrafes de brocheuses sous leurs espadrilles pour y ajouter de l’adhérence. Heureusement, le temps était assez clément samedi dernier au terrain de la Polyvalente.
Des solutions
L’aide des cols bleus de la Ville de Saint-Jérôme pour effectuer le déneigement aurait-elle pu faire une différence ? « Le terrain synthétique est situé à l’École polyvalente, mais il appartient au CSSRDN et au CÉGEP. Tous les élèves de nos écoles et tous les étudiants du CÉGEP peuvent en bénéficier, à condition qu’il soit disponible. Cela dit, aucune entente n’a été convenue avec la Ville parce que nous n’avons jamais eu besoin de mettre en place ce type de mécanisme. Toutefois, la suggestion est pertinente », a ajouté Nadyne Brochu.
Une entreprise de la région possède pourtant l’équipement qui aurait réglé le problème en quelques heures. « On dispose de la machine parfaite : un tracteur lay more avec 8 pieds de brosse de largeur. D’après moi, une seule de ces machines aurait été suffisante pour accomplir la tâche en moins d’une journée. En plus, celle-ci ne cause aucun dommage à la surface. Pour nos jeunes sportifs, on aurait fait un prix d’amis », a confié notre source privée.
Interrogé à ce sujet, le CSSRDN a invoqué « les lois de la nature ». « Aucune disposition particulière n’a été prévue à cet effet. Au football, au soccer, en athlétisme ou dans tout autre sport qui se pratique à l’extérieur, les caprices de la météo font partie de la game, et comme athlètes ou spectateurs, il faut pouvoir y faire face. La décision de maintenir ou d’annuler une activité en raison de la météo relève des utilisateurs du terrain, et non du CSSRDN », a évoqué Mme Brochu.
Cette dernière a référé le Nord à un article de la SRC concernant la finale de la Première ligue canadienne de soccer disputée récemment sous la neige à Ottawa. « La météo s’invite partout, et même au niveau professionnel il y a des pelleteurs qui s’impliquent bénévolement. (…) Il n’y a rien de prévu pour dégager les estrades, ni du côté du CSSRDN, ni du côté de la Ville », a-t-elle spécifié.
L’article évoquait l’utilisation de souffleurs à feuilles pour dégager une neige qui tombait immédiatement sur le terrain de soccer. Dans cette discipline, les joueurs courent sans plaquages physiques. Au football canadien, quand un chandail est agrippé pour coucher un opposant dans la gadoue, la glace ou la neige compactée, les mains gelées élancent pendant plusieurs minutes.