(Photo : France Poirier)
Près de 400 personnes ont marché à Saint-Jérôme.

Féminicides : une marche pour que ça change

Par France Poirier

Elle avait 43 ans, deux enfants, elle l’aimait, il l’a tuée. Gabie Renaud a été la victime du 14e féminicide cette année au Québec, le 7 septembre dernier, à Saint-Jérôme.

Des centaines de personnes se sont déplacées, le dimanche 19 octobre, afin de marcher en hommage à ces femmes victimes d’un conjoint violent. Escortées par des voitures de police, elles ont débuté leur marche symbolique devant le poste de police sur la rue Filion. La cohorte s’est dirigée vers la rue Melançon, puis à la Place des festivités, avant de revenir au poste de police.

Pour que ça cesse

Il y a eu 14 féminicides en 10 mois au Québec. Rachel Renaud, la soeur de Gabie Renaud, a organisé cet événement pour changer les choses, mais aussi pour les autres victimes et pour toutes les familles endeuillées.

« Ma soeur, c’était tout pour moi. C’est difficile d’accepter ce qui s’est passé. S’il y a au moins une petite chose qui peut changer dans le système, au moins sa mort ne sera pas vaine. »

Elle croit que ce rassemblement peut avoir un impact. « C’est important d’être ici tous ensemble aujourd’hui pour aider toutes les femmes, parce que oui, ma soeur a été une victime, mais il y en a encore qui vivent de la violence aujourd’hui », ajoute Rachel.

Pour elle, c’est un non-sens que le meurtrier de sa soeur était encore en liberté et qu’il ait pu faire une victime. « Il a fallu que Gabie, ma soeur, soit arrachée à ses enfants, à sa famille. Il a déjà fait trop de victimes, c’est assez. Il faut que ça change. On souhaite pour l’avenir qu’il y ait un registre public accessible aux femmes. Que les peines soient révisées. C’est pas normal qu’ils puissent faire réduire leurs peines parce qu’ils plaident coupables. La plupart ne sont pas réhabilitables », ajoute-t-elle.

Multirécidiviste

Le meurtrier de Gabie Renaud, Jonathan Blanchet, est un multirécidiviste. Il a été arrêté une trentaine de fois, a eu une peine de prison et une quinzaine de bris de conditions. Pour Rachel Renaud, le système abandonne ces femmes victimes de violence. Deux des ex-conjointes de Jonathan Blanchet qui l’ont dénoncé à plusieurs reprises étaient d’ailleurs sur place pour soutenir les familles endeuillées. Elles étaient choquées d’apprendre le sort qu’a connu Gabie.

Nancy Boucher a fait le tour des médias pour témoigner de son histoire et pour faire bouger les choses. Elle a été en couple avec Jonathan Blanchet pendant quatre ans. « Je suis vraiment triste et en colère. Gabie était entrée en contact avec moi en avril, on est devenues amies. » En 2021, Nancy Boucher a porté plainte contre Jonathan Blanchet. Après avoir plaidé coupable de voies de fait contre elle, il a écopé d’une peine de prison.

À la suite de cette condamnation, Nancy Boucher s’est tournée vers les médias pour faire changer les choses. « Je l’avais dit à l’époque que c’était un homme dangereux qui finirait par tuer quelqu’un », a-t-elle rappelé dimanche.

« On a tous été bouleversés par cette histoire qui est insensée, qui est d’une injustice et qui nous confronte à une espèce d’impuissance. On se rassemble, puis au moins on espère ensemble apporter un peu de réconfort. On espère que les choses vont changer. On espère surtout que la famille soit la plus soutenue possible. Je pense que c’est un beau geste de communauté. Quand on se sent impuissant, bien au moins on se réunit, puis on est solidaires ensemble », a dit Youri Chassin, député de Saint-Jérôme.

« Je suis ici comme députée, comme porte-parole de Québec solidaire, mais je suis ici surtout en tant que femme. J’ai été touchée dans mon âme par l’histoire de Gabie Renaud. Je me dis qu’on parle beaucoup de la loi et de l’ordre. les assassinats de femmes parce qu’elles sont femmes, de plus par un multirécidiviste, ça me met en colère. François Legault devrait être ici aujourd’hui pour voir cette détresse qui se répète. Si on est ici pour Gabie Renaud, mais aussi pour toutes les autres femmes pour qu’il n’y en ait pas une de plus qui meurt », a affirmé Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *