Élections fédérales 2025 : Retour sur terre dans les Laurentides

Par Rédaction

CHRONIQUE

Par Philippe Leclerc

Des vagues et des couleurs

En 2011, une vague orange balayait le Québec. En 2025, elle est devenue rouge vif. Le Parti libéral du Canada (PLC) obtient son meilleur résultat depuis quarante ans chez nous. Même les Laurentides, traditionnellement bloquistes, voient cette fois-ci trois circonscriptions sur six virer au rouge. Mais attention : derrière ces couleurs éclatantes, la réalité demeure fragile.

Rhéal Fortin : victoire, mais sans triomphe

Dans Rivière-du-Nord, Rhéal Fortin gagne un quatrième mandat, mais cette fois, il n’a pas de quoi célébrer. Son appui populaire s’est effrité de manière significative. En 2021, Fortin récoltait un confortable 52,2 %. Cette fois, il chute à 43,6 %, perdant près de 5 000 voix et réduisant son avance sur Mary-Helen Walton, sa rivale libérale, de plus de 10 000 votes. Walton, choisie tardivement par son parti, a clairement bénéficié de la poussée libérale, atteignant un impressionnant 31,6 %.

Pour Fortin, l’heure est à l’action concrète. Plusieurs dossiers majeurs stagnent, il aura fort à faire. La Maison Taillon est devenue le triste symbole d’une paralysie judiciaire qu’il faudra enfin résoudre autrement que par la confrontation. Le dossier de Lion électrique exige maintenant une réponse urgente du gouvernement fédéral, sous peine d’avoir un effet domino sur toute une infrastructure industrielle essentielle et bâtie de longue date pour notre région. Fortin doit démontrer sa capacité à produire des résultats tangibles, et cela concerne aussi le logement social, où les résultats demeurent peu visibles. Son discours sur le transport en commun doit être clair, crédible, et détaché d’une simple posture antifédérale.

Il est par ailleurs décevant qu’aucun débat électoral n’ait été organisé dans Rivière-du-Nord. Les citoyens auraient pu mieux juger les candidats sur leurs capacités réelles et leurs idées.

Pays-d’en-Haut : une surprise et des questions

À l’inverse, les électeurs des Pays-d’en-Haut ont eu droit à un véritable débat, organisé à l’initiative originale du maire de Saint-Colomban, une prise de place étonnante, qui brouille la ligne entre animation citoyenne et positionnement personnel. Fait à noter : les maires de Saint-Sauveur et de Sainte-Adèle, deux villes importantes pourtant au cœur de cette nouvelle circonscription, n’ont pas pris part à l’initiative. Leur absence soulève des questions, mais on ignore s’ils y ont été conviés.

La victoire libérale ici est serrée mais nette. Tim Watchorn, figure locale bien connue, a triomphé d’Ariane Charbonneau, candidate bloquiste choisie directement par le chef, sans véritable enracinement local. Dès le départ, cette stratégie paraissait risquée. Le Bloc québécois se voyait pourtant largement vainqueur avec une avance importante selon leurs sondages internes. C’était sous-estimer l’importance du lien local et l’effet de la vague libérale.

Watchorn devra toutefois rester prudent : sa majorité limitée à 3 000 voix rappelle la fragilité de son mandat. En 2015, Laurentides-Labelle avait également basculé au rouge avant de revenir rapidement au Bloc québécois à l’élection suivante. Watchorn devra constamment se rappeler que l’électorat de sa circonscription est beaucoup plus attachée au Bloc.

Tim Watchorn : entre attentes locales et réalité fédérale

Watchorn fait face à un double défi. Sa campagne très axée sur les réalités municipales a bien fonctionné localement, mais les attentes des électeurs ne s’arrêtent pas aux enjeux municipaux. Désormais, il doit rapidement démontrer sa capacité à influencer des dossiers essentiels au niveau fédéral, comme les investissements en infrastructures, le financement en matière de transport en commun et le soutien aux petites entreprises touristiques de la région. Son expérience locale est un atout, mais sa crédibilité se construira sur sa capacité à faire bouger les choses concrètement à Ottawa.

De la vigilance à l’exigence citoyenne

Les résultats de 2025 dans les Laurentides montrent clairement que la confiance des électeurs ne doit jamais être tenue pour acquise. Pour Rhéal Fortin comme pour Tim Watchorn, les promesses ne suffiront plus. En contexte de gouvernement minoritaire, l’heure n’est plus à la division partisane mais au travail concret, commun et efficace malgré les clivages politiques. Les électeurs, devenus plus exigeants, attendent désormais des résultats clairs et tangibles.

L’avenir de notre région en dépend directement. À nos élus de jouer maintenant.

2 commentaires

  1. Merci bien M. Leclerc, pour votre analyse toujours pertinente à laquelle cette fois j’aurai aimé voir mentionné le report stratégique de nombreuses voix d’electeurs.trices du NPD vers le vote libéral par crainte du bloc ou des conservateurs à minimiser ( plus la problématique d’acceptabilité du chef JaagmeetS.)-
    Au NPD, et mon modeste score en témoigne, même sans trop d’efforts, nos estimations habituellement de 5% dans la nouvelle circonscription des basses laurentides promettaient les 3.600 voix soit le double des résultats obtenus. Donc un apport non négligeable à M. TIM.Watchorm qui a contribué à son avance relative et que vous auriez pu souligner.
    – d’autant plus que le gouvernement libéral a nouveau minoritaire devra se retrouver encore cette fois ci , des allies progressistes pour survire prochainement!
    MERCI de votre attention et de le préciser éventuellement dans une prochaine chronique si la loyauté vous anime tel que moi . Solidairement ;

  2. Monsieur Baland, votre analyse est très pertinente quant aux votes normalement dévolus au NPD (je vous l’accorde, minimalement 5%) qui sont allés au Parti Libéral du Canada pour cette élection. Cela m’avait échappé, et vous faites bien de le souligner. Meilleures et respectueuses salutations.

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