Devenir papesse

Par Mimi Legault

CHRONIQUE

Au moment où j’écris ma chronique, les cardinaux s’apprêtent à élire un nouveau pape. Donc, rien de décidé. Avez-vous vu le film Conclave ? D’après un spécialiste des religions, ça ressemblerait pas mal à ce qui se passe à l’intérieur de la chapelle Sixtine, un « autel cinq étoiles » Si c’est vrai, alors là, on est loin du « aimez-vous les uns les autres ». Ma chronique risque de choquer. Ce n’est évidemment pas le but. Je le dis ainsi parce que de nos jours, si on n’est pas d’accord, on lance des tomates au lieu d’expliquer poliment son point de vue.

J’ai été élevée selon les rites de l’Église catholique. Comme la plupart d’entre vous, d’ailleurs. J’ai longtemps réfléchi sur la chose et je suis devenue athée. Pas athée comme on attrape la rougeole. Nenon. Longtemps mûri, repensé, discuté. L’Église catholique a toujours mis la femme au second rang. C’est là un des principaux points qui achoppe. Je crois cependant en Jésus, non pas le fils de Dieu, mais un homme comme les autres, en chair et en os. Cet enfant-roi… simple, pas compliqué pour deux cennes et quart. La Bible a été écrite par des hommes, l’histoire d’Adam et Éve est celle de la femme coupable d’avoir fait manger le fruit défendu à son homme.

Dieu n’existe pas, tel que l’Église le décrit. Ce n’est pas Dieu qui a créé l’Homme, mais l’Homme qui a créé Dieu. L’Homme est un animal crédule qui a besoin de croire. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais bien d’autres avant moi. De toute façon, en admettant qu’il aurait envoyé son fils sur Terre, voyez ce qu’ils en ont fait ? Ne vous attendez pas qu’il nous envoie son oncle ou sa nièce. Il a eu sa leçon.

Mais tous, nous avons besoin de croire à quelque chose. Comme un enfant à qui on lui promet un nanane s’il est obéissant. Alors on croit parce qu’on a été conditionné à croire. Il y aurait 10 000 religions dans le monde entier et seule la religion catholique serait la bonne ? D’après Stephen Hawking, brillant physicien théoricien cosmologiste britannique : la science peut expliquer l’univers sans avoir besoin d’un créateur.

Si je devenais papesse, (ce serait attendre que ma chatte enfante des chiots), je me promènerais comme Jésus. En gougounes, répandant la bonne nouvelle : désormais, il n’y a plus de religions, plus de dieux. N’écoutez que votre conscience, soyez bons avec tout le monde, faites le bien, demeurez honnête, suivez les lois. Et aimez. Une recette comme ça.

Mais l’Église en a décidé autrement. Pas de mariage pour les prêtres (ça me fait rire parce que c’est juste eux désormais qui désirent se marier…). Pas d’ordination pour la femme. L’Église aura l’air fine lorsque d’autres planètes seront découvertes avec des êtres vivants ! Alors lorsque j’ai vu cette horde masculine également appelée cardinaux à tête rouge, souvent en fin de vie, mais loin d’être en voie d’extinction, s’avancer pour aller voter, j’ai eu un flash : ils marchaient au même rythme qu’avance l’Église elle-même.

Ici, à Saint-Sauveur, les gens aiment fréquenter l’église. Ils ont un excellent curé, humoriste à ses heures. Il nous fait du bien. Mais comment dire : ce bien qui nous repose des folies de l’Oncle Sam, du baume sur nos tracas quotidiens. Je laisse à Fred Pellerin, raconteur, traduire ce sentiment de bien-être : « Au sortir de l’église, toutes les peurs et culpabilités « églisiales », séparées du bon grain et d’ivresse, éclataient. Au sortir de l’église, les gens placotaient d’espérances et répandaient les sourires. Tranquillement, les parlures prenaient le pas sur les grands maux et les rêves redonnaient du lousse aux jours gris du monde. »

Mais Dieu ? Non. Dieu, c’est quoi son deuxième nom déjà ? Question qu’un enfant de 8 ans m’avait posée. Dieu ? C’est difficile à croire quand on apprend que la vie a commencé par le Big Bang. Une amie de la famille religieuse était venue en visite. J’aimais son intelligence vive. Pour plaisanter, mon père lui dit : « Et qui sait ma sœur, un pape décidera peut-être un jour de permettre le mariage des religieuses. »

« Pourquoi pas, répondit-elle, et ce pape sera peut-être une papesse ! »

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