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Après 10 ans, Louise Denault témoigne

Par Anny Champoux

Mercredi soir, 20h45. Louise Denault reçoit l’appel qu’elle attend depuis 17 mois. "Mme Denault, vous êtes prête?", lui demande son chirurgien, Dr Ferraro, avant de lui confirmer: "On a vos poumons. Je m’en vais les chercher. Rendez-vous à l’hôpital dans la prochaine heure". Il y a dix ans, elle était en phase terminale. Cette greffe pulmonaire lui donnait cinq ans d’espérance de vie. Les yeux pétillants, elle témoigne de son histoire.

À 20 ans, Louise Denault apprend qu’elle est atteinte de bronchiectasie: une maladie qui ressemble à la fibrose kystique. "Le docteur comparait mes bronches à des ballons gonflables. Vous savez? Quand on les souffle et qu’on les dessouffle souvent, ils deviennent tout mous". À chaque infection, sa capacité pulmonaire diminuait avec la perte de tonus.

 

À cette époque, la maladie n’était pas assez avancée pour avoir droit à une greffe pulmonaire.

Être maman malgré la maladie

Mariée à 21 ans, elle a réussi à avoir deux enfants malgré la maladie. "Même si les médecins ne voulaient pas", précise-t-elle. Très jeunes, ses garçons ont dû apprendre à être débrouillards. "J’étais à bout de souffle juste à les habiller", donne-t-elle comme exemple. Elle se rappelle que lors d’une sortie familiale au zoo de Granby, elle a dû arrêter sa visite à la première cage. "C’est à ce moment-là que je suis allée voir mon pneumologue dans le but d’obtenir un fauteuil roulant, pour sortir avec mes fils".

Souvent hospitalisée, les nombreuses visites à l’hôpital nécessitaient de faire garder sa progéniture. Au quotidien, après avoir fait la popote, travaillée pour aider à payer la médication, donner les bains, Louise Denault était à terre. "J’ai fait mon possible pour donner à mes enfants, ce qu’une mère normale aurait fait. J’ai fait tout ce que je pouvais, mais j’avais beaucoup de difficultés".

Vivre au jour le-jour

Au début de la trentaine, son médecin l’informe que si ça ne va pas mieux à l’âge de 40 ans, il considérerait la greffe pulmonaire. "Mon Dieu, Seigneur, est-ce que je veux aller là?", s’était-elle demandé à l’époque. Effectivement, durant la décennie, la maladie n’a fait qu’empirer. La médication devenait de plus en plus forte. "Je me souviens: juste avant d’être sur la liste d’attente pour être greffée, j’ai reçu des médicaments qu’on donne à un sidéen en phase terminale".

À 45 ans, la vie était devenue si difficile qu’elle se demandait si ça valait la peine de la vivre. "Je n’ai pas tenté de me suicider, mais, pour moi, ce n’était pas une vie. Je vivais au jour le jour". Découragée, elle se disait: "Mes enfants sont élevés et bien placés, mon mari est capable de se débrouiller. Moi, j’en ai jusque-là!"

Atteindre la phase terminale

"Bon, qu’est-ce que tu dirais si on s’en allait en greffe?", lui a un jour proposé son médecin. "Donne-moi un bonbon au bout du bâton et je vais foncer", lui a-t-elle répondu. Selon elle, plusieurs critères sont nécessaires pour devenir un candidat potentiel: avoir des organes en santé, être doté d’une grande force psychologique et être appuyés de son entourage.

Tous les tests inimaginables passés, la dernière rencontre avec le pneumologue fut la plus difficile. "Il m’a tout exposé le négatif de la greffe. Il a aussi mis sur la table que ça se pouvait que ça ne marche pas. Que ça se pouvait que je ne me réveille pas".

Propulsée vers une nouvelle vie

Durant l’attente de ses poumons, la future greffée s’est préparée: "Par l’entremise de la Fondation Diane Hébert, j’ai rencontré des gens qui avaient subi l’opération. Ça m’a donné le temps d’accepter la situation et de finir par avoir hâte de me retrouver aussi bien qu’eux", témoigne la femme qui, à l’époque, était essoufflée qu’à parler. Rendue à 17% de capacité pulmonaire, continuellement branchée à l’oxygène et se déplaçant rarement, elle était prête.

Suite à la mort cérébrale d’une personne, les organes doivent être transplantés au patient à l’intérieur de six heures. "S’ils t’appellent, tu dois être à l’hôpital dans l’heure qui suit", précise-t-elle. C’est ce qui s’est passé au mois d’août 2003.

 

Sur la route, en direction de l’hôpital Notre-Dame, pas le temps de parler avec son conjoint: ses enfants, frères, sœurs et amis l’appelaient en pleurant. Arrivée aux soins intensifs, ses proches étaient présents. Louise Denault était sereine: "Quand j’ai traversé les portes, j’ai senti comme une foule qui me soutenait. J’étais propulsée vers une nouvelle vie". L’opération de six heures s’est déroulée sans complication.

 

Quatre jours plus tard, elle sortait des soins intensifs et pédalait sur un vélo stationnaire. "Je pouvais me laver toute seule, sans m’essouffler. Je pouvais respirer!"

Vivre au maximum

Ça fait maintenant dix ans. Considérée comme une "vieille greffée", Louise Denault profite de la vie au maximum, malgré la trentaine de pilules par jour et des suivis médicaux réguliers imposés. Au badminton, tennis et marche rapide, elle a obtenu de nombreuses médailles à différents Jeux des greffés. Ça plus grande joie? "Je suis devenue grand-mère et j’ai beaucoup de plaisir à voir grandir mes petits enfants".

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