Un panier d’épicerie encore plus cher
Selon le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2026 de l’Université Dalhousie, les ménages canadiens devront composer avec une nouvelle hausse du coût des denrées.
Alors que l’insécurité alimentaire atteint des niveaux sans précédent, la guignolée des médias poursuit sa collecte jusqu’au 31 décembre pour soutenir les organismes qui peinent à répondre à la demande croissante. Le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2026 projette une augmentation de 4 à 6 % du coût des aliments au pays. Pour une famille type, cette progression représente une facture annuelle estimée à 17 571 dollars, soit une hausse de près de 1 000 dollars par rapport à 2025. Le document rappelle également que les prix des aliments sont aujourd’hui 27 % plus élevés qu’il y a cinq ans, un recul marqué du pouvoir d’achat.
Ces prévisions s’appuient sur une méthodologie renforcée comprenant plusieurs modèles d’analyse prédictive qui intègrent les variables climatiques, l’évolution du marché du travail, les tensions géopolitiques et les coûts de transformation. Les catégories les plus susceptibles de connaître une croissance demeurent la viande, les légumes et les produits offerts en restauration.
L’avis d’un spécialiste
Pour le professeur Sylvain Charlebois, coauteur du rapport et directeur de l’Agri-Food Analytics Lab, les constats sont préoccupants. Il souligne que « les hausses observées dans certaines catégories dépassent déjà les seuils anticipés », et rappelle que la volatilité des prix ne tient pas uniquement à des facteurs externes. Selon lui, « les causes profondes de l’inflation alimentaire demeurent inchangées », notamment en raison d’un marché du détail fortement concentré où « quatre grandes chaînes contrôlent près des trois quarts du marché », limitant la véritable concurrence.
Il précise également que la situation dans le secteur bovin devrait prolonger l’inflation. « Nous ne voyons pas comment les prix du bœuf pourraient se normaliser avant le milieu de l’année 2027 », note-t-il, en référence à la diminution historique des troupeaux, à la hausse des coûts de production et aux effets des sécheresses de l’Ouest canadien.
Des millions de personnes en insécurité alimentaire
Les données présentées dans le rapport témoignent d’une pression sociale croissante. Un quart des ménages du pays vit en situation d’insécurité alimentaire et jusqu’à 2,2 millions de personnes ont eu recours aux banques alimentaires chaque mois en 2025, un sommet jamais atteint auparavant. Ces chiffres s’expliquent par la hausse des prix, mais aussi par l’accès restreint à des aliments nutritifs, particulièrement pour les familles vivant avec un revenu stable, mais insuffisant.
La guignolée des médias : une geste vitale
Dans ce contexte, la guignolée des médias, qui se poursuit jusqu’au 31 décembre, prend une importance particulière. Les dons recueillis, en argent, en denrées non périssables ou en produits essentiels, permettent aux organismes communautaires d’offrir des paniers plus complets, incluant des aliments frais, alors que les demandes augmentent. Plusieurs organisations signalent que la pression actuelle excède largement celle des années précédentes.
Un appel à la solidarité dans les Laurentides
Dans les Laurentides, où la hausse du coût de la vie se fait sentir avec une intensité croissante, les organismes communautaires observent une augmentation notable des demandes d’aide alimentaire. Plusieurs ressources locales, comme le Garde-Manger des Pays-d’en-Haut, les comptoirs alimentaires et les points de distribution partenaire de la guignolée des médias peinent à répondre à l’achalandage, particulièrement marqué cette année. À l’aube de 2026, les prévisions nationales se reflètent dans la réalité régionale : de plus en plus de ménages, parfois ayant des emplois, éprouvent de la difficulté à absorber les hausses répétées des denrées essentielles. Dans ce contexte, la solidarité citoyenne et le soutien accru aux initiatives locales demeurent indispensables pour éviter que davantage de familles du secteur basculent dans une situation de précarité alimentaire.