(Photo : Courtoisie )

Pierre Lapointe et La science du cœur

Par Martine-laval

Un voyage émotionnel

Textes magnifiques qui pénètrent le cœur, orchestration musicale qui émeut l’âme, le dernier album de Pierre Lapointe est touchant, et l’écouter sans interruption c’est capter toute la portée du voyage émotionnel proposé.

La science du cœur s’est hissé au sommet du palmarès des ventes d’album au Canada dès sa sortie, et il sera présenté le 24 mai au Théâtre Gilles-Vigneault. Entretien avec celui qui nous entraîne dans son univers sensible, sans artifice et sans pudeur.

Magnifique album extrêmement touchant, les textes sont-ils autobiographiques?

Quand on est créateurs, on parle toujours un peu de soi. Ici il y a beaucoup d’extrapolations qui m’appartiennent plus ou moins, car j’écris des petits romans, la réalité comme telle étant assez plate. Je parle au « je », au « tu » aussi, sans qu’on sache si je parle vraiment à quelqu’un d’autre. J’aime cette ambiguïté. Je suis plus concret que vaporeux que j’étais, alors que je proposais mes sensations plutôt que des images claires. Ce processus me plait. Je suis rendu à un âge où j’ai plus de choses à dire et j’écris dans un style plus direct avec des images concrètes et réalistes.

L’orchestration musicale est de toute beauté. Là encore c’est une recherche de tous les instants, je suppose?

Totalement. Avec David-François Moreau qui a arrangé et réalisé l’album, on a beaucoup réfléchi aux arrangements et fait beaucoup de tests, enfermés des jours et des jours dans son studio pour trouver la bonne direction, prendre le bon dosage. Puis il a fallu trouver le bon son qui n’est ni classique ni pop et qui allait faire un équilibre à travers tout ce qu’on avait enregistré en amont. Ça a été tout un travail de réflexion à savoir comment prendre  la chanson et la mener à sa forme maximale pour que le voyage soit magnifié, amplifié sans tomber dans le ridicule, la surcharge, sans tuer l’essentiel de la chanson et en garder l’équilibre. On a été le garde-fou l’un de l’autre pour ne pas que ça dérape, et je crois qu’on a réussi. C’est du travail d’artisan qui peaufine, poli, nettoie sous le mot d’ordre de créer de la beauté et que peu importe ce que la chanson ou les mots durs que j’utilise parfois peuvent dire, le désir est que l’auditeur soit submergé par un sentiment de beauté.

Pourquoi cette quête de beauté est-elle si importante pour toi?

Je pense que dans la beauté il y une certaine forme d’équilibre et ça me réconcilie avec la vie. Ça fait du bien la beauté. Je pense que si je crée c’est que je suis extrêmement pessimiste, extrêmement lucide. Ça s’entend dans mes chansons et ma façon de décrire les sensations, les émotions. Ça peut être extrêmement lourd pour moi de vivre, alors je fais du mimétisme et je fais de ma vie un moment drôle et léger, autant que faire se peut. J’ai décidé de créer de beaux objets, de travailler avec de belles personnes, de stimuler de belles relations et des belles expériences douces où il n’y a pas d’égo, mais des rires et du plaisir. À ce jour ça marche pas mal. Il y a quelques rares projets où ça ne s’est pas produit et je me suis sauvé tout de suite, mais sinon pour moi l’idée de la beauté me réconcilie avec la connerie humaine, avec le désarroi que je ressens souvent dans un sentiment d’impuissance. On ne peut pas être lucide et avoir l’intention de changer tout ce qui nous énerve autour. Par contre, on peut créer de nouveaux objets qui vont venir créer une sorte d’équilibre par rapport à ce qui nous énerve. C’est vraiment comme ça que je le vois et ça passe par la beauté, par la création, par l’art. C’est un sentiment universel qui rassemble les gens et ça me réconcilie beaucoup.

www.pierrelapointe.com

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