Les Demers : arbitrer de père en fils
Par Luc Robert
Alors que des familles de nombreux hockeyeurs ont meublé l’imaginaire canadien avec les frères Sutter, les Hunter ou les Richard au Québec, la famille Demers s’est plutôt taillé un nom à Saint-Jérôme en arbitrant des parties de père en fils.
Ainsi, le père Pascal Demers, âgée de 56 ans, a amené dans son sillon ses rejetons Cédric (27 ans), Olivier (23 ans) et Simon (bientôt 21 ans le 27 mai), qui ont tous revêtu le chandail rayé au hockey mineur.
« À la base, nous sommes des hockeyeurs. J’ai amorcé le mouvement en suivant mon frère Olivier dès l’âge de 14 ans, le minimum requis pour officier des parties. Mon père était déménagé à Mont-Laurier, mais est revenu il y a 8 ans à Saint-Jérôme. Il travaille des matchs depuis plus de 26 saisons et en marquent aujourd’hui. C’est comme une vocation qui nous unis depuis ce temps », a témoigné Simon Demers.
Espoir local
Le cadet des Demers n’est pas le dernier venu. Il connait une ascension graduelle dans le milieu de HQ, étant récemment invité à des stages de perfectionnement vers l’arbitrage de hockey élite.
« J’ai été invité cette année à une Coupe Espoir à Québec, ce qui se veut un passage obligé pour les jeunes arbitres qui aspirent à faire du midget AAA (M18AAA) et éventuellement du junior majeur (LHJMQ). Je n’ai pas été retenu cette saison, mais ils ont aimé ce qu’ils ont vu de moi. J’ai pris en note toutes les directives fournies pour m’améliorer et atteindre mon but de possiblement me joindre à ces deux circuits prestigieux. »
Simon Demers représente un bel espoir local. L’Hippolytois a non seulement fait sa marque dans les petites catégories jérômiennes, mais il s’est imposé comme une valeur sûre au cours de la dernière saison, en étant arbitre dans les rangs collégiaux D2.
« J’ai joué tour à tour pour les Sélects du Nord (bantam AAA et midget espoir) et les Couguars de Cap-Jeunesse, à titre de défenseur. Ensuite, j’ai tenté ma chance comme joueur avec Joliette, dans le junior AAA. J’ai aussi porté l’uniforme de l’Académie Ulysse, à Saint-Roch-de-l’Achigan, pendant un an. J’ai été un des derniers coupés à Joliette, lors de la finalisation de l’alignement. Mes fonds n’étant pas illimités pour défrayer des saisons junior AAA, j’ai décidé de continuer dans le milieu avec mon sifflet. J’adore encore ça et je me destine à la télé-université à l’automne prochain pour un retour aux études », a-t-il détaillé.
Percer
Costaud et très rapide sur deux lames, Simon pourrait éventuellement faire honneur au clan Demers en perçant, lui qui officie déjà des parties du Programme de développement des officiels (PDO).
« J’ai le frame pour m’imposer comme arbitre (6’01’’ et 220 lbs). J’aime prendre des décisions dans le feu de l’action, en consultant mes collègues. Je dirais qu’aujourd’hui, 50 % de mes amis proviennent de l’arbitrage et j’aimerais suivre les traces des meilleurs. Disons que, comme Obélix, je suis tombée dans la potion magique familiale très jeune. »
Le père de Simon, Pascal Demers, croit aussi au potentiel de Simon à percer un jour dans les grandes ligues.
« Mes deux plus vieux, je leur ai fait prendre des cours de patinage artistique, pour qu’ils développent une bonne technique sur glace. Simon s’est développé avec les Couguars. Chez les U13, il a inscrit le 1er but de l’histoire de l’équipe, avec un lancer frappé de la ligne bleue, après seulement 10 secondes de jeu. Simon a le caractère calme qu’il faut quand ça brasse : son frère aîné Cédric est plus impulsif. Si un joueur l’envoie paître, il peut s’attendre au même traitement (rires). Simon possède du potentiel. Il suit les traces des deux autres. Les recruteurs veulent qu’il perde un peu de poids, toutefois. Je crois en lui, il s’ajuste », a-t-il évalué tout haut.
Honorés
Il y a maintenant six ans, le tournoi pee-wee de Saint-Jérôme a rendu hommage au quatuor Demers, en leur faisant officier simultanément la grande finale de la compétition en classe AA.
« C’était à ma première année comme arbitre, a raconté Simon. Ça a été tout une sensation de diriger une partie avec ma famille. Mais la nervosité est vite partie quand les premiers hors-jeux sont survenus. Il me reste deux marches à gravir pour atteindre mon but, soit les niveaux provinciaux et majeurs. Pour y parvenir, j’écoute les superviseurs et j’échange de nombreux clips vidéos avec mes frères, dont Cédric. On partage nos expériences et nos visions d’une même séquence. Comme avec les amis, on peut aussi jaser d’autre chose que de hockey. »
Le paternel, Pascal, est très fier d’avoir vu ses rejetons suivre ses pas sur la glace. « Je rêvais de faire une partie avec mes trois gars. On a eu l’occasion de le faire en 2020, après une demande acceptée par l’arbitre-cheffe, Gabrielle Cyr. Aussi loin que je me souvienne, mes trois fils ont toujours adoré patiner. Mon père, au lac Gravel, grattait une patinoire pour eux et installait des lumières sur une corde à linge, pour qu’ils puissent jouer le soir. Leur oncle, Alain Demers, a aussi longtemps joué pour le AA à Saint-Jérôme, jusqu’aux rangs migdets. On a toujours aimer le hockey dans la famille », a souligné celui qui a donné ses premiers coups de sifflet au milieu des années 1980.
Dangerosité
Depuis l’incident, l’an dernier, impliquant le juge de ligne Antoine Huot, qui a eu le visage fracassé lorsqu’un joueur lui a « remis » la rondelle d’un dégagement refusé en l’atteignant au visage, plusieurs intervenants du milieu se demandent si une carrière d’arbitre peut toujours demeurer un objectif de carrière sécuritaire.
« C’est comme dans la société en général, on trouve de tout dans l’arbitrage. Le hockey demeure un sport très émotif. Je n’ai pas été parfait comme joueur, mais il faut savoir se gérer et faire de la prévention comme ref. À cet égard, mon passé de joueur m’aide à prévenir certaines situations malencontreuses, parce que je suis passé par là et je peux prévoir certaines réactions. On a beau escorter individuellement un joueur vers l’extérieur de la patinoire ou vers le banc des punitions, il reste qu’arbitrer demeure un travail d’équipe. On s’épaule mutuellement en demeurant à l’affût : on n’est jamais à l’abris d’un geste abusif rapide. Mais en gros, je me sens très à l’aise là-dedans et je vise les plus haut sommets », a achevé Simon Demers.
1 commentaire
Le travail d’officiel (arbitre au hockey et dans les autres disciplines) est une fonction importante et ô combien ingrate. Pensons-y bien: sans arbitres, il y aurait des sports, mais pratiqués sans que les règles pour chaque sport ou discipline ne soient appliquées de manière impartiale. Une fois que quelqu’un a compris ce principe, cette même personne comprend que c’est l’application des règles de manière impartiale (par des arbitres mêmes imparfaits) qui donne de la valeur aux performances des participants de tous les sports, que ce soit le sport de compétition au niveau de l’élite ou des sports pratiqués de manière récréative et qui assure une sécurité relative à tous les participants des sports. Voilà au moins deux bonnes raisons de faire preuve de respect envers tous les arbitres (les parfaits, comme les imparfaits) qui occupent un rôle important dans ce qui est et doit demeurer UN JEU!
-Un ex-hockeyeur et ex-arbitre au hockey mineur.