(Photo : Christian Jutras)
Yvon Jutras s’amuse toujours sur les losanges de baseball.
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Le respect des arbitres est essentiel à l’aube des séries éliminatoires

Par Luc Robert

Alors que se pointent les séries du baseball mineur, Baseball Québec Laurentides (BQL) rappelle aux entraîneurs que les officiels au chandail bleu poudre sont humains et souvent inexpérimentés. Que ce soit pour le calibre local ou l’intercité, les émotions deviennent rapidement à fleur de peau, lorsqu’une décision fait la différence entre une progression à la ronde suivante, ou à une élimination rapide.

« Nos jeunes officiels se font souvent baver par des entraîneurs expérimentés, même les recrues avec un brassard. Les coachs leurs disent souvent qu’ils feront comme ça leur tente sur le terrain. On dirait que certains entraîneurs sortent d’un enclos de chevaux et se mettent à ruer dans tous les sens. Je ne sais pas si c’est dû à la pandémie, mais plusieurs sont agressifs sur un moyen temps », a soulevé M. Denis Marleau, président de BQL.

Pendant la saison 2021, plus de 1 200 arbitres ont parcouru les terrains de baseball de la province. Mais depuis deux ans, la rétention et le recrutement sont devenus difficiles.

« Plus du tiers de nos officiels sont des recrues et plus de la moitié ont moins de trois ans d’expérience. (…). Les officiels ont à coeur d’effectuer leur travail et d’avoir du plaisir à le faire, mais ils revendiquent aussi le droit d’exercer leur passion dans un climat sécuritaire », a souligné M. Simon Blanchette, arbitre en chef de Baseball Québec (BQ), sur le site de l’organisme.

Cet été, une hausse importante des écarts de conduite a été notée: insultes et menaces envers les officiels sont survenues en saison.

« Les événements auparavant isolés semblent devenir plus fréquents. De nombreux jeunes décident de quitter l’arbitrage, pour de devenir marqueur. Pas d’équipement à payer et finit les engueulades, croient-ils. Mais encore là, certains abusent jusqu’à la cabane du marqueur officiel: les niveaux 1 ne sont pas tenus de compiler toutes les statistiques. Les grades 2 le font. Si les lignes ne sont pas complétées, des entraîneurs deviennent fous et contestent le jugement et les décisions des marqueurs. Nous avons seulement besoin du nombre de manches lancées, pour éviter que les lanceurs soient trop sollicités. Le reste des stats est moins important », a évoqué M. Marleau.

Comme dans plusieurs autres domaines, certaines mesures gouvernementales auraient aussi joué des tours aux dirigeants de BQL.

« Certaines épiceries ont enrôlé des arbitres et c’est correct. Ils ont reçu des T4, d’autres se sont prévalus de la PCU. Le manque de rétention est devenu récurant. C’est fatigant pour nos formateurs de devoir reprendre de nouvelles cohortes à zéro, quand des jeunes officiels talentueux délaissent le milieu. »

Lui-même un arbitre qui a fait son chemin dans les hauts calibres au Québec, M. Marleau rappelle que la majorité des catégories sont associatives.

« C’est pourtant juste un jeu. On dépend de nos joueurs bantams et midgets, qui reviennent arbitrer des calibres plus jeunes. Mais quand ils ont des matchs à jouer, eux aussi, tu manques de personnel. Si, sur une trentaine d’arbitres, tu en as la moitié qui sont simultanément des joueurs, ça va mal. Il te faut au bas mot trois arbitres par terrain (deux en devoir à la fois), pour fonctionner. Si tu as trois terrains, en bas de 9 arbitres disponibles, ça sera difficile. »

Les cheveux gris

Dès le 28 août, et ce jusqu’au 4 septembre, Prévost présentera les éliminatoires de la catégorie U13 B Nord. Pour l’occasion, Saint-Jérôme prêtera quatre arbitres à Prévost.

« Certains vétérans, souvent avec les tempes grises, comme Bernard Lelièvre (Sainte- Adèle) et Yvon Jutras (Sainte-Sophie), continuent. C’est bon d’avoir des gars d’expérience. Ils sont sollicités par diverses villes », a repris M. Marleau.

C’est le cas du Sophien Yvon Jutras, père de Christian, un ancien président de l’Association du baseball mineur de Prévost (ABMP), à 72 ans.

« À mon âge et avec les risques reliés à la COVID-19, j’ai pris une année sabbatique en 2020. Après ma retraite à Québec, je suis déménagé à Sainte-Sophie, près de mes fils et petits-fils, tous des adeptes de baseball. J’aime encore la game et je peux jaser avec les jeunes au parc. Ça change les idées, comme retraité. »

L’arbitrage a été une vocation tardive, pour celui qui compte 5 saisons derrière la cravate.

« Lorsque tu arbitres des joueurs midgets, c’est plus sérieux. Mais peu importe le calibre, si un entraîneur veut faire le fanfaron, je lui explique vite les conséquences : gère tes jeunes à l’abri et laissemoi le match. Sinon, tu sors (expulsion) du terrain. On est ici pour avoir du plaisir. »

Les officiels ont adapté leurs façons de faire, depuis deux ans, en raison des mesures sanitaires.

« À cause de la pandémie, l’arbitre du marbre est maintenant posté derrière le lanceur. C’est moins chaud que de porter le masque et le plastron derrière le receveur, mais tu bouges plus à suivre le jeu du monticule. La vision est aussi différente : tu vois moins bien les lignes de côtés. Je me suis fait jouer un tour, récemment, quand une balle frappée est tombée deux pieds en dedans du terrain, mais c’était très difficile à juger en n’étant pas sur la ligne au marbre. On s’adapte. »

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