Le phénomène Jonathan Huberdeau, vu par sa mère
Jonathan Huberdeau continue sur sa lancée à la Coupe Memorial, l’emblème canadien du hockey junior majeur. Lundi, il propulsait son équipe en finale grâce à un but à 17:45 de la première période prolongation, face à Owen Sound. Vendredi, il préparait le but vainqueur des siens, en plus d’avoir lui-même touché la cible plus tôt dans la partie. La sensation jérômienne est le troisième meilleur espoir nord-américain et plusieurs pensent que son nom sortira dans les cinq premiers au repêchage universel. Il vient de compléter une saison de 105 points, le plus haut total de l’équipe numéro un au Canada. Bref, des accomplissements qui pourraient facilement monter à la tête du jeune homme de 17 ans, mais il en est tout autrement, comme nous l’explique Josée Blondin, sa mère.
«Il a la capacité de ne pas s’enfler la tête. On lui a montré ces valeurs-là. On lui a toujours dit de rester humble, modeste. Il sait qu’il a atteint quelque chose de gros, mais il sait aussi que rien n’est acquis. S’il ne travaille pas, il ne se développera pas davantage. Il n’y a jamais rien de sûr.»
Les débuts
Jonathan a débuté le hockey à l’âge de 5 ans. Comme biens d’autres, les Huberdeau ont fait bien des sacrifices pour permettre à leur enfant de s’épanouir dans son sport favori. «Lorsqu’on l’a inscrit pour la première fois, nous étions loin de penser qu’il se rendrait là. C’était un loisir pour lui. Au fil des années, le hockey est devenu une source de motivation pour ses études. On l’a toujours suivi et encouragé. On rendait le hockey agréable, autant au point de vue sportif, que sociale. C’était important, car on passait la majorité de nos fins de semaine à l’aréna. On a toujours organisé nos semaines et nos fins de semaine en fonction du hockey. »
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Jonathan Huberdeau n’est pas un surdoué du hockey. Ce n’est qu’à l’étape du midget qu’il a commencé à se démarquer. «Il a fait le profil hockey à l’école Cap Jeunesse jusqu’en secondaire 3. L’année suivante, il a joué pour l’école St-Gabriel, à St-Thérèse, qui est affiliée aux Vikings de St-Eustache, de la ligue midget AAA. Il a toujours été travaillant. Il performait bien, sans être une grande vedette. Ce n’est qu’à partir du midget AAA qu’il a commencé à dominer.»
Un rêve qui se réalise
Jonathan Huberdeau vivra l’un des plus beaux moments de sa vie, le 24 juin prochain, à St-Paul, au Minnesota. Si la tendance se maintient, celui qui été toujours été un fan du Canadien sera l’un des premiers à rejoindre le commissaire Gary Bettman pour enfiler la casquette et le chandail de sa nouvelle équipe. Une chance unique qui lui ouvrira toute grande les portes d’une vie rêvée. «Ce sera un grand moment pour lui. Il a tellement travaillé fort. Il a démontré beaucoup de discipline et de maturité. Tout va se décider ce jour-là, mais la suite va dépendre de son travail.»
Si loin de chez soi, à 16 ans
La vie d’un joueur de hockey junior majeur n’est pas de tout repos. Ceux qui choisissent de faire leurs études tout en parcourant de nombreux kilomètres en autobus à travers le Québec l’est encore moins. «Il a quitté la maison à 16 ans. On ne s’attendait pas à ce qu’il fasse l’équipe dès son premier camp. On a été surpris. Ça n’a pas été facile pour lui. Il y avait le changement d’environnement et la barrière de langage. Il ne parlait pas l’anglais. Il a terminé son secondaire 5 en français, à distance et il fait présentement son grade 12, en anglais. Pour nous, l’école passait en premier. Même s’il faisait l’équipe, il devait continuer ses études et il était prêt à faire les sacrifices. On voulait s’assurer qu’il aille un plan B.»
Un agent
Les parents de Jonathan sont toujours bien présent, même si plusieurs milliers de kilomètres les séparent. Rejoint au téléphone alors qu’elle roulait en direction de Mississauga, pour la Coupe Memorial, celle-ci a insisté sur l’importance qu’ils accordent à l’encadrement de leur fils: «Nous allons le voir jouer régulièrement, sur le route et quelques fois par saison, à St-John. Certains joueurs ont des agents à partir de 14 ans. Il n’en était pas question pour nous. On a engagé Allan Walsh l’an dernier, pour s’occuper du hockey. Nous, on s’occupe des alentours. On reste ses parents malgré tout, c’est important d’être là.»