Hockey féminin québécois- Combler les vides, un projet à la fois

Par Ève Ménard

À l’heure où le hockey québécois se retrouve sous la loupe des médias, on apprenait que seulement trois Québécoises font partie des 28 joueuses invitées à Calgary en vue des Championnats du monde de hockey féminin et des Jeux olympiques.

Danièle Sauvageau, directrice générale du programme de hockey féminin chez les Carabins de l’Université de Montréal et ancienne entraineuse en chef de l’équipe nationale, reconnait que c’est peu. Elle rappelle qu’il y a quelques cycles olympiques à peine, les Québécoises pouvaient représenter jusqu’à 30 ou 40% de l’équipe canadienne. Lors du Championnat mondial de hockey féminin en 2000, par exemple, 7 des 20 joueuses sélectionnées étaient Québécoises. Cela représentait 35% de l’alignement.

Aujourd’hui, nous sommes ailleurs. Les trois Québécoises sélectionnées, Marie-Philip Poulin, Mélodie Daoust et Ann-Renée Desbiens, se mériteront presque assurément une place parmi les 23 postes disponibles pour le programme olympique. Il s’agira alors d’une proportion d’environ 13%.

Agrandir l’offre de services

Depuis plusieurs années, Danièle Sauvageau travaille fort pour développer l’offre de service, dans le but ultime d’assurer un développement adéquat pour les jeunes hockeyeuses. En 2008, elle mettait sur pied la première équipe de hockey féminin des Carabins. Aujourd’hui, à titre de seul programme francophone universitaire, l’équipe est très compétitive sur le circuit universitaire RSEQ. Elle a d’ailleurs remporté le titre de Champion national à deux reprises.

Plus récemment, Danièle Sauvageau a réalisé un rêve qu’elle chérissait depuis quelque temps, soit celui de mettre sur pied le tout premier centre d’excellence en hockey féminin. Reconnu par Hockey Québec, le Centre 21.02 a été fondé en 2019. Le projet était devenu d’autant plus essentiel que la Ligue Canadienne de hockey féminin avait dû fermer ses portes abruptement.

Garder les joueuses au Québec

Cette initiative permet notamment de combler un vide qui existait préalablement entre la fin des études universitaires et l’équipe nationale, d’encadrer les joueuses professionnelles de manière continue et de promouvoir le développement. En période estivale, on peut aussi y offrir des cliniques ou des camps d’été qui s’ajoutent à l’offre de Hockey Québec. « Tous les projets sur lesquels je m’investis, c’est dans le but de garder nos joueuses au Québec, d’en développer davantage ici et d’avoir une meilleure représentativité », affirme Danièle Sauvageau, actuelle présidente et directrice générale du Centre.

D’ailleurs, le Centre 21.02 présentera le tout premier Sommet du hockey féminin le 19 juin prochain, de manière virtuelle. Ce sera l’occasion de dresser des constats sur le fonctionnement du hockey pour les filles et les femmes au Québec, et de proposer des recommandations.

Leadership social

Plus jeune, Danièle Sauvageau souhaitait jouer au hockey. À Deux-Montagnes, où elle est née, il n’y avait pas d’aréna à l’époque. Et lorsqu’elle est allée à Saint- Eustache, ses frères ont pu jouer, mais pas elle. Faute de pouvoir se retrouver sur la glace, la vie l’aura menée derrière le banc et au sein des postes de direction.

Au cégep, elle a étudié à Saint-Jérôme en travail social, pour ensuite devenir policière pendant 33 ans. Est-ce que cette sensibilité à l’égard de la justice sociale transparait aussi dans son rôle d’ambassadrice du hockey féminin? À bien y réfléchir, c’est peut-être une des raisons pour lesquelles après toutes ces années, Danièle Sauvageau s’investit encore pour ce sport. Elle définit son rôle comme étant une forme de « leadership social », en route vers l’équité.

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