(Photo : Deposit photo)

Respirer un grand coup

Par Journal-le-nord

Marc Desjardins est un enfant des Laurentides, il a passé sa jeunesse et son adolescence à Sainte-Agathe-des-Monts. De retour à Wentworth-Nord depuis cinq ans, c’est aussi un amoureux des oiseaux ! Voici son texte:

Le soleil matinal aux couleurs de la nouvelle saison transperce le sapinage. Une douce chaleur s’installe. C’est plutôt les piaillements en cacophonie qui viennent du côté des mangeoires d’oiseaux qui attirent mon attention. Un coup d’œil dans cette direction m’accroche un sourire au visage. Une multitude de volatiles y sont rassemblés pour profiter de la nourriture qui y est accrochée de multiples façons.

Ainsi de vieilles branches trouées remplies d’un suif fait maison, sont accrochée comme des équilibristes de cirque à un minuscule fil de fer. Une petite mangeoire fait de vieux bois avec son petit toit de vieille tôle récupérée dans le garage. Toutes côtoient les mangeoires plus sophistiquées dites à l’épreuve des écureuils.

Tous ces éléments ailés, faiseurs de lecture des saisons qui passent, y chantent la fonte des neiges. Responsables de temps d’observations et fabricants d’instants de minuscules bonheurs. Ce matin, les oiseaux qui demeurent par grand froid fraternisent avec ceux du printemps qui sont maintenant arrivés. Les carouges avec leurs petites épaulettes rouges et jaunes. Les étourneaux jacassent en gang sur les branches et les merles gonflent leurs poitrines rousses. Tous chantent joyeusement en chorale désaccordée. Même les chardonnerets semblent maintenant vêtus de leurs plumages jaunes pour l’occasion.

Tout s’arrime avec les grands voiliers d’outardes aperçus hier. Ces magnifiques et nobles voyageurs criant à l’unisson les encouragements nécessaires pour les mener à bon port. Les premiers grands V nous ramènent à l’essentiel, celui de lever les yeux au ciel et d’entendre simplement le printemps arriver.

Étrange qu’en ces temps de virulentes heures d’angoisse où les repères sont manquants, que la nature nous envoie ces petits messagers pour nous annoncer que la vie continue. Au fait elle nous envoie tous ce qui est mis à sa disposition. Ainsi les oiseaux viennent chanter le changement, la neige fond en nous délectant d’une odeur longtemps oubliée, celle de la terre mouillée. À certains endroits apparait timidement un peu de vert remplacent l’interminable blanc de l’hiver. Le tout tricotant les mailles d’un foulard de changement longtemps désiré.

Si la chance vous le permet, lorsque l’obscurité a peinturé le ciel d’un noir bien foncé, que la lune se fait discrète habillée d’un minuscule croissant orangé, levez la tête vers les étoiles. Vous y verrez d’un jaune nature, des milliers de petites lumières scintillantes. Elles n’ont pas bougé depuis des millions d’années, toujours présentes au-dessus de nos têtes. Les étoiles enlignées en forme de chaudron bien droit indiquant non loin l’étoile Polaire. Une mise en scène grandiose avec une voie lactée qui accompagne un spectacle qui se produit chaque soir de notre existence.

En ces temps incertains j’espère que l’être humain inspiré par l’arrivée du printemps se sera drapé d’une grande couverte d’humanité. Car la nature par ces temps d’humidité sociale, n’a pas changé. Nous donnant ainsi le goût de fermer les yeux et de respirer un grand coup.

Marc Desjardins, mars 2020

  

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