(Photo : Courtoisie)
Tu m'émeus, de Maryse Ménard
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Maryse Ménard peint au « Je »

Par Simon Cordeau

L’artiste de Sainte-Thérèse Maryse Ménard présente son exposition Peindre au « Je » à la Place des citoyens de Sainte-Adèle jusqu’au 27 novembre. Dans la quarantaine d’oeuvres exposées, on voit une exploration de différentes textures, couleurs, compositions et effets. Ils sont le fruit de plusieurs essais et d’une recherche attentive, faits avant même de commencer chaque toile, explique la peintre. Pourtant, c’est dans la spontanéité que la création prend son sens, explique-t-elle. « Se laisser porter dans le moment présent et jouer avec ce qui s’écrit sur la toile, c’est ça qui est important. »

Mme Ménard travaille surtout à la spatule, avec laquelle elle crée du mouvement et de la profondeur. « Tout est dans la gestuelle. Une fois que je suis bien installée, je me lance dans le mouvement. Et chacun a une répercussion sur le prochain. » Le défi, admet-elle, est alors de s’arrêter juste à point. « Il ne faut pas aller trop vite. Il faut être posée. Qu’est-ce que ça occupe comme espace? Est-ce que c’est équilibré? Est-ce que je fais ressortir le sentiment que je voulais faire ressortir? », raconte l’artiste.

Il lui arrive souvent de « gâcher » une oeuvre, confie-t-elle, tentée par un geste de plus, qui se révèle être de trop. « C’est en accumulant de l’expérience et en faisant des essais comme ça qu’on développe plus d’assurance. On a une meilleure vision de ce qu’on veut avoir. OK, j’arrête là. C’est correct, c’est ça que je veux », illustre la peintre.

Apprendre à peindre au « Je »

Avant de peindre, Mme Ménard est designer industrielle, fait de céramique et crée des bijoux. « Je viens d’un domaine où je travaillais au « vous ». Il y avait toujours une commande derrière ce que je créais. » Se commettre comme artiste, et créer à partir d’elle-même, est un sentiment nouveau qu’elle adore.

Maryse Ménard aux côtés de ses toiles.

D’ailleurs, les arts visuels lui permettent une grande liberté. « L’acte de créer se passe dans le moment présent. Mais quand tu utilises la céramique, c’est quelque chose à long terme. C’est un processus lent. Tu dois réfléchir à toutes les étapes », compare-t-elle. Pour s’exprimer, elle préfère rester dans l’instant. « J’explore jusqu’à ce que j’en sois satisfaite. Et si je n’aime pas ça, je recommence. »

Cela lui permet de se laisser porter par le mouvement. Seulement après décode-t-elle ce qui l’a propulsée. « Mes émotions intérieures et mes sentiments se transposent dans mes oeuvres. Et j’adore découvrir après coup dans quel état j’étais. Je réussis à lire ma toile, ce que je vis à l’intérieur », explique l’artiste.

Manipuler le médium et les matériaux

Bouleversements, de Maryse Ménard

Chaque toile utilise des techniques différentes, pour créer des effets uniques. Les coups de spatule peuvent être fluides ou carrés. Leur couleur peut être épaisse et en relief, ou gratter la toile pour en révéler la texture. Ici, l’ajout de graphite rappelle l’effet d’une esquisse. Là, la mixture de deux acryliques qui se repoussent rend les couleurs troublées, effervescentes. Les couleurs contrastent ou se complémentent.

« Je suis très curieuse des matériaux. J’ai fait beaucoup de maquettes. Donc manipuler des outils, j’adore ça. C’est pour ça que je suis prolifique : je suis curieuse, j’essaie des choses », raconte la peintre. Travailler le médium et faire de la recherche, avant même de peindre, nourrit beaucoup sa curiosité. « C’est fascinant maintenant les matériaux auxquels on a accès. Les couleurs sont vives, franches : c’est tellement beau. Il y a une richesse là-dedans. »

De mère en fille

Les drapeaux blancs, de Maryse Ménard

Maryse Ménard a toujours baigné dans la peinture, raconte-t-elle. « Ma mère est peintre. Elle est allée à l’École des beaux-arts à l’époque du Refus global, dans les années 1950. Elle fait de l’abstrait. Donc ç’a toujours nourri ma vie. J’ai grandi avec ses toiles. »

Pourtant, ce n’est que récemment qu’elle-même a commencé à peindre. « J’étais très admirative, mais je me disais que je n’étais pas une artiste. Je savais comment faire, quoi acheter. Mais je ne m’étais jamais permis de le faire », confie-t-elle. Maintenant qu’elle a osé plonger, elle voit beaucoup de proximité entre son travail et celui de sa mère. « Elle est très fière de moi. Elle me dit : « Enfin tu m’écoutes! » », rapporte-t-elle en riant.


Exposition Peindre au « Je »

Où : Place des citoyens, 999 boulevard de Sainte-Adèle, Sainte-Adèle

Quand : Les vendredis de 13 h à 19 h, et les samedis et dimanches de 13 h à 17 h. Jusqu’au 27 novembre

Combien : Gratuit!

Plus d’informations : marysemenard.com

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