Photo : Karolina Kuras

Guillaume Côté, le danseur prodigieux

Par Joëlle Currat

Le danseur prodige originaire du Lac-Saint-Jean vient de tirer sa révérence après avoir passé 26 ans au Ballet national du Canada. Il compte se consacrer plus pleinement au rayonnement du Festival des Arts de Saint-Sauveur, dont il est le directeur artistique.

Des moments de grâce, il en aura connu au cours de sa carrière commencée très jeune dans la région du Lac-Saint-Jean, alors que ses parents mettaient sur pied une école de ballet. Considéré aujourd’hui comme le meilleur danseur classique canadien, Guillaume Côté a quitté en juin dernier le Ballet national du Canada à Toronto qu’il avait rejoint en 1998, après avoir été formé dès l’âge de 11 ans à l’École nationale de ballet du Canada dans cette même ville.

Le danseur étoile ne compte toutefois pas prendre sa retraite de sitôt ! Il continue à danser et à créer des chorégraphies au sein de sa compagnie Côté Danse, et projette de donner encore plus d’envergure au Festival des Arts de Saint-Sauveur, dont il est le directeur artistique depuis dix ans. Entrevue avec un grand artiste, à l’immense talent et à l’élégance rare.

JC : Quel était votre sentiment lorsque vous avez quitté la scène lors de votre dernier spectacle au Ballet national du Canada à Toronto en juin dernier ?

GC : Je ressentais une paix profonde par rapport à la décision que j’avais prise de quitter la compagnie. J’étais très heureux de vivre ces derniers moments dans ce lieu entouré de mes partenaires de danse et de ma famille. Mais je dois dire que durant la semaine qui a précédé ce dernier spectacle, j’ai vécu des moments beaucoup plus intenses et remplis d’émotions. C’était difficile pour moi de dire au revoir au public torontois qui m’a applaudi pendant tant d’années. J’ai vécu tellement de beaux moments dans ma carrière de danseur classique à cet endroit.

Est-ce qu’on parle de retraite dans votre cas ou plutôt d’une transition ?

De nos jours, la plupart des gens mènent plusieurs carrières dans leur vie. Aujourd’hui, en tant que directeur artistique du Festival des Arts de Saint-Sauveur, j’ai l’occasion de voir beaucoup de spectacles, de repérer et d’engager des artistes. En plus, nous avons des projets d’infrastructure. Comme le festival affiche complet, nous projetons aussi d’allonger sa durée et d’étoffer sa programmation. D’autre part, j’ai des projets avec ma propre compagnie de danse que j’ai fondée il y a trois ans. Nous avons déjà présenté 150 spectacles au États-Unis, au Canada et en Europe. L’an prochain, nous partons en tournée à travers le monde avec Hamlet, Prince du Danemark, une production créée en collaboration avec Robert Lepage, dans laquelle je danse moi-même. Comme la danse est ma passion et qu’elle a toujours fait partie de ma vie, je ne me verrais pas avoir une activité professionnelle dans un autre domaine.

Quel a été l’élément déclencheur qui vous a fait choisir cet art, ce métier ?

Ce sont mes parents qui m’ont fait connaître la danse à un très jeune âge. Mais ce qui m’a décidé à en faire une carrière, c’est lorsque j’ai été recruté par l’École nationale de ballet du Canada quand j’avais 11 ans. Le fait d’avoir été accepté dans cette école après avoir passé une audition fut un moment décisif.

Si vous deviez choisir deux ou trois moments marquants dans votre vie de danseur, lesquels seraient-ils ?

Je dirais danser Roméo et Juliette au Bolchoï à Moscou, une production créée pour moi par un des plus grands chorégraphes au monde, Alexei Ratmansky. Je pense aussi au spectacle Nijinsky avec le Ballet national du Canada, dont la première se déroulait sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Il faut savoir que la carrière d’un danseur, c’est 95 % du temps en répétition. Je me souviens avoir vécu des moments de grâce en studio, où tout revêt une dimension spirituelle, comme si le temps s’arrêtait… Ce dont je vais le plus m’ennuyer à l’avenir, ce sont ces moments de travail avec des gens passionnés et totalement dévoués à leur art.

Qu’est-ce que vous pensez avoir légué au monde de la danse jusqu’à présent ?

Je souhaite avoir donné envie à des jeunes de faire de la danse. J’ai souvent entendu des garçons me témoigner que mon parcours les a beaucoup inspirés. Je suis aussi très heureux d’avoir mis sur pied des créations en collaboration avec d’autres compagnies dans des projets risqués. J’espère que l’on me perçoit comme un artiste honnête et courageux.

Allez-vous vous impliquer davantage dans l’organisation du Festival des Arts de Saint-Sauveur ?

Oui, plus que jamais ! Au moment où j’ai accepté le poste de directeur artistique, on se demandait si le festival allait perdurer. Depuis quelques années, on remarque que le public est au rendez-vous et que la communauté s’implique de plus en plus. Notre objectif a toujours été de démocratiser la danse en proposant des spectacles accessibles et variés, des œuvres joyeuses et colorées, comme ceux de Momix et des Ballets Jazz Montréal cette année. Par ailleurs, il est important pour moi que les gens de Saint-Sauveur s’approprient ce festival et que ce ne soit pas un événement fréquenté uniquement par les gens des grandes villes en déplacement dans la région. J’aimerais aussi ajouter un volet éducatif à l’événement et être présent d’une façon ou d’une autre toute l’année.

Avez-vous de grands rêves que vous aimeriez voir se réaliser dans le futur ?

J’aimerais qu’on puisse avoir une salle de spectacle à Saint-Sauveur, un vrai centre culturel, non seulement pour promouvoir la danse mais aussi la musique classique. Je suis un amateur de sport et de plein air, mais il ne faut pas négliger l’aspect culturel dans l’épanouissement d’un être ou d’une région. Nous sommes actuellement dans l’attente de l’octroi d’une subvention de la part du gouvernement provincial. Nous avons aussi mis sur pied une campagne de levée de fonds auprès de nos donateurs. Nous avons bon espoir que ce projet se concrétise mais nous devons faire preuve de patience.


À mettre à l’agenda

Quoi : Le Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS)

Quand : Du 23 juillet au 3 août 2025

Pour info : festivaldesarts.ca

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