«Ésimésac» : un conte engagé
Par Lpbw
En avant première à Saint-Jérôme, dimanche dernier, le film de Luc Picard, scénario de Fred Pellerin, avec la participation de Luc Picard, «Ésimésac». Un conte moraliste, continuité de la vie et de l’univers de Saint-Élie-de-Caxton installé dans « Babine ».
Une réflexion sur la force du nombre, la richesse du bien commun. Unir ses forces et cultiver un jardin communautaire pour vaincre la famine ou travailler pour un patron qui assure que le chemin de fer arrivera dans leur village et apportera nourriture et abondance?
Après Babine
Quatre ans après «Babine», le film fait revivre les personnages tout droit sortis de l’imaginaire de Fred Pellerin : Toussaint Brodeur (Luc Picard), Jeannette Brodeur (Marie-Chantal Perron) le forgeron Riopel (Gildor Roy), sa fille, la belle Lurette (Maude Laurendeau), et le coiffeur Méo Bellemare (René-Richard Cyr), la Sorcière (Isabel Richer ) et Marie Gélinas (Sophie Nélisse). Avec un nouveau venu, Nicola-Frank Vachon, dans le rôle d’Ésimésac, né à l’âge adulte sans ombre et doté d’une force surhumaine.
L’homme fort, Ésimésac, croit dans «la force du nombre ». Sa «grande» sœur Marie, au profil angélique, aussi. (Sophie Nélisse, le rôle de Zoé dans Les Parent, et le rôle d’Alice, dans Monsieur Lazhar). Ils étaient tous les deux à Saint-Jérôme pour l’avant-première au cinéma Carrefour du Nord.
Un cri du coeur
Dans «Ésimésac» le ton est plus grave, l’humour est présent, la candeur aussi, mais la crise que le village traverse et les souffrances bien réelles. Le comédien et réalisateur Luc Picard le revendique : «Ésimésac», le fruit de sa deuxième collaboration avec le conteur Fred Pellerin, est un film «engagé», un «cri du cœur». « […] Cet épisode trouve son écho dans la vie d’aujourd’hui et vient parler au cœur de grands débats : l’être versus le paraître (la grandeur des ombres étant la représentation des égos de chacun) et l’individualisme versus le communautaire. Ce sont deux dualités que je veux mettre en lumière en évitant tout côté didactique. Car au bout du compte, ce n’est ni moi ni Fred Pellerin qui parlons, mais bien les personnages et leurs émotions, » dit le réalisateur.
Rencontre avec Nicola-Frank Vachon
Nicola-Frank Vachon, un acteur de Québec, sorti du Conservatoire de théâtre en 2004, avait exclusivement joué au théâtre. C’est son premier rôle au cinéma. Il nous en parle : « Mon expérience d’Ésimésac c’est surtout avec Luc Picard que je l’ai vécu. Luc Picard et Fred s’étaient beaucoup parlé; un travail qui a commencé bien avant que j’auditionne. Une fois que j’ai été sélectionné, c’est Luc Picard qui m’a immergé dans le monde de Fred; je le connaissais avant, mais il m’a parlé beaucoup de mon personnage, m’a demandé comment je le voyais. Ça a été la conjonction de nos deux visions qui a fait que le personnage est né, » nous confie Nicola-Frank Vachon avant d’ajouter :
« J’aime cultiver dans ma vie une certaine ouverture au monde, comme en voyage, j’aime me mettre dans des conditions où je ne connais rien, où j’ai l’esprit totalement neuf; donc pour moi c’était un plaisir de me mettre dans la peau de ce personnage-là, qui est tout nouveau au monde, qui ne connait rien, qui a une grande curiosité, qui veut tout connaitre et qui est porté vers l’autre naturellement. Ça a été un défi de jouer ce personnage, un beau défi qui a été très nourrissant pour moi. »
Pour l’acteur, un tournage, c’est une expérience humaine formidable. « C’est un travail d’équipe, il y a une synergie incroyable sur un plateau de tournage. Ce plateau-là était fantastique.»
Une première expérience au cinéma « qui m’a appris beaucoup sur le métier; comment un film se construit d’un bout à l’autre. Je suis ressorti avec le goût d’en refaire beaucoup d’autres. C’est une grande chance de faire du cinéma. J’ai pris ça comme un vrai beau cadeau! »
Nicola-Frank Vachon a rencontré Fred Pellerin sur le plateau et, de fil en aiguille, ils ont commencé à se voir à l’extérieur du film.
« Il m’a invité chez lui. Devenir ami avec Fred ça se fait tout seul. C’est un être tellement exceptionnel; de rencontrer le gars qui est à l’origine de tous ces contes, de ce monde-là et d’aller dans son village à Saint- Élie-de-Caxton, c’est merveilleux, de voir d’où ça vient, de la vie, du vécu. Fred a un univers fantastique, mais qui est branché dans le réel. Ç’a été le fun de me mêler à cette réalité-là! »
Ésimésac prendra l’affiche partout au Québec, le 30 novembre 2012.